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Twitter et la visibilité des #violencespolicières

Édouard Bouté, doctorant, a analysé 1,5 million de tweets publiés au plus fort du mouvement des Gilets Jaunes. Sa quête: comprendre comment «certaines représentations des forces de l’ordre circulent plus que d’autres, sur Twitter.» Selon lui, «ce sont essentiellement celles et ceux qui produisent les publications les plus critiques qui parviennent à les rendre visibles.» Une forme de « conscientisation express ».

Bien que les Gilets Jaunes se soient formés et organisés à travers des groupes Facebook, Twitter fut dès le premier acte un relais important de l’information du mouvement. Édouard Bouté s’est attelé à documenter la question des violences policières telle que relayée sur cette plateforme, en cherchant à comprendre comment, par quels espaces, le sujet a-t-il été abordé et relayé. À travers sa thèse, c’est tout le chemin de l’information qui est mis en lumière, c’est-à-dire quels tweets sont relayés et comment, par qui, quels sont ceux qui ont le plus de « succès » et pourquoi, et finalement, quelles sont les discours qui ressortent le plus et sont le plus susceptibles d’être entendus dans l’espace public.

Édouard Bouté détaille sa méthode, qui consiste à « aspirer » le matériau de base – à savoir plus d’1.5 millions de tweets – à l’aide de mots-clés, puis de se concentrer sur les images et en particulier les images repartagées plus de 500 fois. Le mécanisme de citation sur Twitter, qui permet de partager un tweet en l’accompagnant d’un commentaire qui peut selon le cas appuyer le propos initial ou bien le critiquer, est essentiel dans la diffusion des discours et l’accès à la visibilité des images. Les acteurs des chaînes de relais, qu’ils soient plus ou moins suivis, qu’ils appartiennent à des formations politiques ou marquées politiquement, qu’ils soient journalistes ou organes de presse, permettent de comprendre les ressorts des différentes « communautés » et de leurs discours.

Finalement, un peu plus de mille tweets dont le contenu a été analysé par le doctorant dressent le tableau fouillé des propos qui circulent le plus. Sur ces quelques mois de « conscientisation express », il apparaît que malgré la contre-propagande du gouvernement et le silence des comptes liés aux forces de l’ordre, ce sont les discours les plus critiques vis-à-vis du maintien de l’ordre qui accèdent le plus massivement à la lumière. Cela a rendu possible et surtout inévitable la généralisation de la question des violences policières dans le débat public et dans les médias à partir de janvier 2019, et pour une part d’entre eux, faisant le lien avec l’idée de violences d’État.

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