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Les co-commissaires: Philippe Artières, historien des XIXe et XXe siècles au CNRS (IRIS, EHESS) & Franck Veyron, responsable du département des archives de La contemporaine.

«Ripostes! Archives de luttes et d’actions, 1970-1974» Visite guidée expo

C’est à un voyage dans le temps qu’Au Poste vous convie. Dans les «Archives de luttes et d’actions 1970 – 1974», auprès des immigrés, des violentés par la police, des maos et des situs, des gauchos et des anarchos, de Libé naissant et des utopies en armes. L’expo – superbe, faite de livres, de tracts, de calepins, d’affiches – se tient à la Contemporaine (Nanterre).

Aujourd’hui, David Dufresne se fait l’envoyé spécial d’Au Poste pour couvrir les luttes sociales et politiques du début des années 70. Nous le suivons à l’université de Nanterre, à La Contemporaine, à l’endroit-même où débutèrent – le 22 mars, selon l’histoire officielle – les événements de mai 68. On a fait le tour du champ de bataille et des vitrines en compagnie des co-commissaires Philippe Artières et Franck Veyron, pour une visite guidée sensationnelle.

« Et comme l’espérance est violente »

En 1976, l’écrivain Claude Mauriac choisit ce vers de Guillaume Apollinaire, extrait de son célèbre poème « Le Pont Mirabeau » (1913) comme titre pour le troisième volume de son Temps Immobile, chronique des « années Pompidou ». Cette présence de la violence, de la tentation de la violence, a été largement gommée dans les représentations que nous nous faisons désormais de la période ouverte avec la mort du général De Gaulle en novembre 1970, close en mai 1974 par l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République. Les images du peace and love et de la culture hippie, celles de la « libération sexuelle «, l’iconographie psychédélique font oublier combien, en ce temps-là, la France a été traversée de tensions, de conflits, d’affrontements, et de « batailles », pour reprendre un terme de l’époque.

Extrait du catalogue de l’exposition, Ripostes. Archives de lutte et d’action, 1970-1974 (CNRS Éditions, 2023)
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A la Contemporaine, nous retrouvons Philippe Artières, historien des XIXe et XXe siècles au CNRS, et Franck Veyron, responsable du département des archives de La Contemporaine. Les deux co-commissaires nous proposent une visite guidée de leur exposition, Ripostes !, visite d’un intérêt graphique et d’une densité historique rares.

La Contemporaine, c’est une bibliothèque interuniversitaire qui est située sur le campus de l’université de Nanterre. C’est à la fois une bibliothèque, un centre d’archives, et un musée, et tout ça existe depuis la Première Guerre mondiale

Franck Veyron

Pour moi, ça donnait beaucoup de sens de faire une expo aussi ici, c’est-à-dire, c’est une histoire vivante. C’est vraiment une histoire qui est en cours.

Philippe Artières

Artières et Veyron ne manqueront pas en effet, durant ce voyage temporel organisé, tels de gentils docteurs Frankenstein de l’archive, de nous convaincre avec enthousiasme de la vitalité sans cesse renouvelée des 500 pièces présentées : documents d’archives, affiches, journaux,  revues, brochures, tracts, photographies, cartes postales… « Uniquement des productions militantes ! », qui mettent notamment en avant le travail des graphistes et des photographes.

Ripostes, c’est la riposte à une loi votée en juin 1970, qui est la première loi anticasseurs. 

Philippe Artières

Avec le texte de cette loi, dite loi Marcellin, affiché en grand format au départ de l’exposition, le ton est donné dès la première étape. Raymond Marcelin, alors ministre de l’Intérieur du gouvernement Chaban-Delmas, porte ce texte « tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance », qui va marquer les années qui vont suivre d’une forte répression policière et judiciaire.

Comment militer dans ces conditions ? Comment se placer par rapport à la loi ? Comment jouer avec, ou se jouer de l’illégalisme ? Comment lutter à l’extrême gauche, hors du parlement ? Comment répondre, ou non, aux provocations de «Raymond la matraque« ? Comment riposter ? Pour éclairer ces questions, l’exposition multiplie les points de vue écrits, les témoignages graphiques, le long de deux parcours, deux salles, deux dispositifs. L’espace « Les forces en présence » nous dresse le contexte politique du début de la décennie, tandis que « Le champ de bataille » nous fait pénétrer au cœur des luttes sociales : souscriptions, braquages, manifestations, féminisme, séquestrations de patrons, occupations de fermes, ou d’usines, antimilitarisme, répressions policières…

« Faut dire merci d’avoir conservé ça !

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