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Tristan Berteloot #AuPoste

Le RN au tribunal : «derrière le vernis de respectabilité, toujours les mêmes manœuvres d’opacité»

Tristan Berteloot, journaliste à Libération, revient sur le procès des assistants parlementaires du Rassemblement National, révélant l’ampleur des détournements de fonds orchestrés pour financer les activités du parti. Derrière la façade lissée de Marine Le Pen et de Jordan Bardella, se cachent des pratiques opaques et une culture de l’impunité.

Berteloot dévoile également comment Jordan Bardella, propre à incarner le renouveau du parti, s’avère être un acteur central dans la continuité des méthodes troubles du RN. Ce premier passage au Poste met en lumière un parti dont la modernisation est purement illusoire, laissant entrevoir une véritable machine à manipuler l’opinion publique.

Le RN : entre respectabilité et manipulation

«Nous ne considérons pas le RN comme un parti comme les autres.» Dès les premiers mots, Tristan Berteloot met les choses au clair. Journaliste à Libération, il enquête sur le RN et ses ramifications depuis 8 ans et publie ces jours-ci La machine à gagner, révélations sur le RN en marche vers l’Élysée aux éditions Le Seuil.

Ce livre lève le voile sur la stratégie de conquête du pouvoir du parti lepéniste, qui a presque doublé le nombre de ses députés le 9 juillet 2024. Le RN, selon Berteloot, mise sur une vitrine soigneusement construite pour donner un vernis de respectabilité. Il détaille notamment comment Marine Le Pen se positionne comme une “mamie à chats” et Jordan Bardella comme «le petit jeune de banlieue blanc, premier de classe, qui se faisait agresser dans la cité», de jolis mythes conçus pour attirer la sympathie et normaliser le parti.

Cependant, l’arrière-cuisine est tout autre : des emplois fictifs, un rapport aux institutions fondé sur l’argent détourné et un sentiment d’impunité, mais aussi une manipulation habile des médias qui ont renoncé à qualifier le RN d’extrême droite. «Le RN, c’est un rapport aux institutions fondé sur l’argent détourné et le sentiment d’impunité» lâche Berteloot avec fermeté. Encore aujourd’hui, on ne peut qu’être frappé par la persistance de ces méthodes opaques qui continuent de hanter le parti. Le ton est donné : malgré tous les efforts de transformation en apparence, le RN reste fondamentalement le même.

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Jordan Bardella : un visage moderne pour des pratiques anciennes

Si le nom de Jordan Bardella n’apparaît pas directement dans le dossier judiciaire en cours, il est pourtant au cœur des révélations de l’enquête menée par Tristan Berteloot. Le journaliste explique que, malgré son image jeune et dynamique, Bardella incarne en réalité la continuité des pratiques opaques du parti.

«Jordan Bardella est le visage souriant du RN, mais derrière cette image se cachent les mêmes pratiques d’opacité et de détournement,» affirme Berteloot. Bien qu’il ne soit pas directement mis en cause, Berteloot met à jour dans son ouvrage les différentes preuves dont Libération dispose, prouvant que le président du a lui aussi profité d’un emploi fictif en 2015.

David Dufresne ajoute à ce propos : «Ils se disent modernes et transparents, mais les accusations montrent bien que leurs pratiques sont dignes des pires affaires de clientélisme.» La discussion autour de Bardella dévoile une stratégie de communication efficace, mais mensongère, qui vise à donner un nouveau visage au RN tout en préservant les méthodes les plus problématiques. Berteloot qualifie Bardella de «symbole du double discours», celui d’un parti qui tente d’atteindre le pouvoir en prétendant avoir changé, alors que tous les faits montrent le contraire.

Les enjeux du procès des assistants parlementaires


Le procès des assistants parlementaires du RN est un moment crucial pour comprendre la véritable nature des pratiques du parti. Berteloot explique que les accusations de détournement de fonds européens sont au cœur de cette affaire, une pratique systématique qui révèle la manipulation des ressources publiques à des fins partisanes. Environ 6.8 millions d’euros auraient été détournés pour rémunérer des assistants fictifs, employés en réalité pour des activités strictement liées au RN en France, et non pour leur rôle théorique au Parlement européen.

Ce procès est une véritable mise à nu des pratiques internes du RN.

Tristan Berteloot

«On voit bien que derrière le vernis de respectabilité, ce sont toujours les mêmes manœuvres d’opacité et de détournement.» Pour Marine Le Pen et son cercle proche, ce procès représente un défi majeur à leur stratégie de légitimation. En effet, l’image que Marine Le Pen tente de projeter, celle d’un parti respectueux des institutions, se heurte violemment aux révélations d’un clientélisme institutionnalisé.

Berteloot décrit également l’ambiance du procès, notamment l’arrivée théâtrale de Marine Le Pen au tribunal, entourée de ses proches collaborateurs, signe d’une organisation qui reste fermée et qui protège ses secrets coûte que coûte. «Marine Le Pen était au premier rang, avec à côté d’elle Catherine Griset, son ancienne directrice de cabinet» ajoute Berteloot. Ce détail est essentiel pour illustrer le soutien indéfectible de Le Pen envers les figures de son premier cercle, même lorsqu’elles sont au cœur des accusations. Cette solidarité de façade est une stratégie visant à minimiser l’impact de ces accusations sur l’image du parti.

Un système de fraude institutionnalisée

Ce procès démontre également comment le RN a structuré une véritable machine  frauduleuse : les fonds européens destinés à des missions parlementaires ont été utilisés pour rémunérer des militants et des cadres du parti, détournant ainsi l’argent des contribuables pour se financer en marge de la loi.

C’est une pratique systémique, et cela a été fait en toute connaissance de cause.
Tristan Berteloot

Les accusations portent aussi sur l’incapacité du RN à respecter les règles de transparence financière. «Marine Le Pen peut bien afficher une image douce, elle est au cœur de ce système» rappelle Berteloot, mettant en lumière l’hypocrisie de la tentative de normalisation du RN. Le tchat réagit avec indignation : lucien34 note, «C’est incroyable qu’on continue de minimiser des détournements de millions d’euros alors que ça concerne la deuxième force politique du pays.» Cette réaction du public reflète l’exaspération face à l’impunité dont bénéficie souvent le parti.

Critique des médias et illusion de la normalisation

Si Libération joue son rôle dans la lutte contre l’extrême droite, c’est malheureusement bien loin d’être le cas de l’ensemble du champ médiatique. Ainsi, la critique médiatique est aussi au cœur de l’entretien, Berteloot pointant la complaisance de certains médias, comme Le Figaro, qui refusent de qualifier le RN d’extrême droite, participant de fait à sa normalisation. «Quand un parti comme le RN est traité comme un acteur politique normal, c’est toute la démocratie qui est mise en danger» lance Dufresne, soulignant les risques que pose cette banalisation.

Le tchat, révolté aussi, s’enflamme, comme simoneG : «C’est fou de voir à quel point les médias ont aidé ce parti à se fondre dans le décor politique sans qu’il n’ait à changer ses pratiques» Cette critique reflète une frustration palpable face à la manière dont une grande partie de la presse joue un rôle actif dans la transformation de l’image du RN en occultant ses pratiques illégales. Le taulier souligne que ce procès est bien plus qu’une simple affaire judiciaire : «Si un parti qui détourne des millions d’euros peut prétendre diriger le pays sans être inquiété, alors que reste-t-il des valeurs républicaines ?»

En conclusion, Tristan Berteloot revient sur l’importance de comprendre la véritable nature du RN au-delà de ses apparences. «Le RN se nourrit de l’idée qu’il est persécuté par le système, mais la réalité est qu’il sait parfaitement en profiter. Leur stratégie repose sur une corruption systémique et institutionnalisée, qui leur permet de manipuler les institutions tout en se présentant comme des victimes du “système”. C’est en exposant leurs contradictions et leurs manipulations que l’on peut réellement comprendre l’ampleur du danger qu’ils représentent pour la démocratie» résume-t-il.

Trois questions clés

Pourquoi le RN est-il accusé de détournement de fonds ?

Les accusations concernent le détournement d’argent du Parlement européen pour payer des assistants parlementaires fictifs, une pratique que le RN aurait institutionnalisée afin de compenser ses problèmes d’argent.

Quel est le rôle de Jordan Bardella dans cette affaire ?

Bien que Bardella ne soit pas directement mis en cause, Berteloot met à jour dans son ouvrage les différentes preuves dont Libération dispose prouvant que le Président du Rassemblement National a lui aussi profité d’un emploi fictif en 2015.

Pourquoi parle-t-on de “normalisation” du RN ?

Marine Le Pen et le RN tentent de se présenter comme un parti respectueux des institutions et des valeurs républicaines, en essayant de faire oublier leurs origines fascistes et leurs méthodes controversées, y compris la fraude institutionnelle mise en lumière par ce procès.

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