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Raquel Garrido

Raquel Garrido: deux heures de fond politique et de tréfonds #LFI

Deux heures pour aller au fond des choses, décortiquer la crise qui plonge la gauche de gauche. Où en est la transparence de LFI, le rôle de Mélenchon, sa critique impossible, la révocation des élus, la Nupes et son avenir, le rôle et la force contraire des médias, comment imposer un changement de régime: avec ou sans violence?


Une fois n’est pas coûtume, Au Poste est entré dans les cuisines de la Politique. Celles de la conquête du pouvoir, d’un parti de la gauche qui vacille, déchire, lasse, redonne confiance, puis recommence. En direct et en public, Raquel Garrido (députée LFI Seine-Saint-Denis, 5e circonscription) a accepté de jouer le jeu. Est-ce raisonnable de n’avoir que Jean-Luc Mélenchon pour représenter la gauche ? Quelle vision de la gauche face à la poussée à la guerre civile de l’extrême droite ? Où en est-on avec la NUPES ? Et avec la VIe République ? Raquel Garrido a répondu à tout.


L’extrême droite qui rafle la mise, partout. Les libertés fondamentales attaquées de toutes parts. Une gauche de gauche à reconstruire. Plus que jamais une presse réellement indépendante, et pas pareille, est nécessaire.

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La causerie en quelques mots:

La députée insoumise a été mise au ban par son parti, notamment pour avoir déclaré que Jean-Luc Mélenchon “ne faisait que nuire au mouvement”. Une formule qu’elle estime maladroite aujourd’hui, mais qui pointe une réalité : La France Insoumise doit-elle être “un outil de campagne présidentielle pour Jean-Luc Mélenchon” comme a pu le dire Raquel Garrido, ou incarner l’espoir de la gauche ?

L’inertie conduit à : c’est sûr c’est Jean-Luc Mélenchon, il n’y a aucune autre option. Est-ce ce qu’on veut ? Publiquement, ce que dit Jean-Luc Mélenchon, c’est qu’il veut passer la main. Mais ce qu’on fait là, en réalité, c’est-à-dire rien, ne pas préparer, ça aboutit à n’avoir qu’un seul choix. […] Est-ce qu’on a le droit, par rapport à la montée de l’extrême-droite, de laisser ces choses être gérées par « les circonstances » comme dit Jean-Luc Mélenchon ?

Raquel Garrido

Pour la députée, c’est justement le blocage de La France Insoumise à considérer l’hypothèse d’une autre candidature que celle de Jean-Luc Mélenchon qui conduit à des dissensions. Pourtant, rappelle-t-elle, dans la NUPES, LFI a gagné la bataille programmatique. 

La construction de la NUPES a été un revirement stratégique à 180° pour nous les Insoumis, qui avions passé les années antérieures à faire la guerre à la sociale démocratie. Ensuite, on fait le revirement complet, on fait NUPES, parce qu’on a gagné la bataille programmatique. Et aujourd’hui, on est re-en train de faire la querelle au sein de la gauche. Mais pour moi, là, c’est un vrai problème, parce que ça n’a aucun intérêt : le programme, c’est le nôtre. […] L’idée même qu’on refuse d’avoir un mécanisme de désignation d’une candidature qui soit fédératif, qui soit ouvert, et qui accepte l’hypothèse que ce ne soit pas Jean-Luc Mélenchon, au final, nous amène à créer des justifications un peu fausses pour diviser absolument et pour cliver, avec des gens avec lesquels on est pourtant d’accord.

Raquel Garrido

Notre vision politique, c’est la VIe République, la souveraineté réelle, la modalité pacifique des règlements du conflit, contre un chaos et une poussée à la guerre civile, qui est générée par deux grands mouvements: l’extrême droite et l’extrême richesse” expose Garrido. Contre cette menace, la députée estime que “ce n’est pas encore tout à fait stabilisé chez nous, le fait de savoir si on veut incarner le zbeul ou la paix.” Pour sa part, dire à la jeunesse de préparer l’affrontement physique, “c‘est signer la défaite”.

Nous ne gagnerons que si nous faisons émerger une majorité pour un programme politique différent, et pacifique […] À ceux qui disent qu’il n’y a jamais eu de possibilité de prendre le pouvoir avec un programme radical, populaire, socialiste, par la voix des urnes, je réponds Salvador Allende, 4 septembre 1970.

Raquel Garrido

Une jeune femme dans le public témoigne : “c’est assez difficile de dire que la solution n’est pas violente quand on a l’impression que même aller en manifestation, sans intention de dégrader des choses, est un acte violent, dans le sens où on sera confronté à de la violence”. Pour la députée, la solution est dans la question démocratique, qui aurait dû, selon elle, naître le 16 mars 2023, lors de la loi sur les retraires, adoptée à coup de 49.3, et qui a été laissé quasi à l’abandon depuis. Un jeune homme, qu’on surnommera “l’aubergiste” des lieux (la Cantine de Césure), se questionne sur la possibilité d’accomplir un tel changement dans “un système aussi vétuste”. Raquel Garrido acquiesce sur le fait que “l’on part de très loin”.

La marque de fabrique de la Ve république, c’est l’impunité. Ce sont des puissants qui disent “je fais ce que je veux”. C’est pour ça qu’il faut qu’on parte sur la révocation des élus et sur la possibilité du référendum d’initiative citoyenne.

Raquel Garrido

En somme, une République sans président, où les gouvernants ont à répondre devant le pouvoir législatif, mais aussi une République avec d’autres sources de pouvoir, comme la démocratie directe, avec la possibilité du référendum d’initiative citoyenne. Avec un tel programme, difficile d’imaginer comment ne pas dépasser les éternels enjeux des présidentielles, qui enlisent la discussion autour des politiques, plutôt que d’œuvrer sur la politique.

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