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Marc Endeweld Jean-Bernard Gaillot Renucci #AuPoste #BoiteNoire

«Quand Macron dirige la France comme une entreprise, c’est la fin de la démocratie»

La boite noire, le nouveau rendez-vous de Marc Endeweld #AuPoste avait convié pour son premier numéro Jean-Bernard Gaillot-Renucci, partie prenante en 2017 de la campagne d’Emmanuel Macron. Il était au QG de campagne et en sait beaucoup sur la Macronie. Un régal.

Avec « la boîte noire », on va essayer d’entrer ensemble dans l’arrière boutique des enquêtes journalistiques. Tout au long des mois qui viennent, je vais vous proposer plusieurs interviews pour éclairer certaines « affaires » et/ou dévoiler les coulisses d’enquêtes menées par des confrères ou par ma pomme.
C’est un nouveau rendez-vous pour mieux comprendre les motivations et les méthodes de des journalistes qui enquêtent, leur rapport aux sources, pour mieux appréhender la fabrique de l’info. Bref, je vais tenter de lever un voile au cheminement qui amène aux « révélations », et questionner pourquoi certains sujets font la une de l’actualité, et d’autres, non.

Pour cette première interview, je vais vous faire rencontrer Jean-Bernard Gaillot-Renucci, un ex-macroniste qui a participé en 2017 à la campagne d’Emmanuel Macron au QG, et que j’ai rencontré deux ans plus tard après avoir publié mon livre Le Grand Manipulateur.

Comme secrétaire général de « La droite avec Macron », il assure les premiers ralliements. Depuis les années 1980, ce conseiller politique navigue entre le centre droit et le centre gauche. Engagé à France Unie auprès de Mitterrand, il travaille pour la campagne de Chirac en 1995, avant de rejoindre l’aventure Juppé en 2015… Après 2017, il travaille à l’Assemblée, côtoyant Les jeunes avec Macron, dont Stéphane Séjourné, l’actuel patron de Renaissance, et milite chez Territoires de progrès, que les médias présentent comme l’“aile gauche” de la Macronie. Lors d’un récent entretien dans Marianne, il déclarait : « Chez Juppé, j’étais le petit gaucho de la bande, et à gauche, on me prenait pour un centriste ou un homme de droite ».
Mais pour « Au Poste », Jean-Bernard Gaillot Renucci vous réserve quelques autres surprises…

Marc Endeweld

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Marc Endeweld prend ses marques avec le tchat, la régie et le studio. Ce mercredi dix-huit septembre, notre nouvel animateur entame la première de La Boîte Noire, son émission Au Poste, dévoilant les coulisses de ses enquêtes sur la Macronie. Avec son premier invité, Jean-Bernard Gaillot-Renucci, ancien macroniste repenti, il partage anecdotes et réflexions sur les coulisses du pouvoir.

Face à face, ces deux-là se connaissent au point de finir parfois les phrases l’un de l’autre. Ces deux-là sont liés depuis cinq ans par les besoins de l’enquête d’Endeweld. Quant à Gaillot-Renucci, c’est peu dire qu’il connait bien le pouvoir macroniste. Présent au cœur de la campagne en 2017, devenu secrétaire général de « La droite avec Macron », il garde des liens étroits avec ce parti avant de prendre définitivement ses distances en 2021.

C’est en lisant le livre de notre enquêteur qu’il s’est convaincu de parler. Défiant à l’égard de l’hyper-présidentialisme, il doute d’Emmanuel Macron dès 2019. Il voit la tentative du Président d’éloigner la presse élyséenne comme une volonté de déformer l’information. Il choisit de devenir une source. Les deux s’assurent de leurs intentions mutuelles : « Les premières fois, je vérifie que mes propos ne sont pas déformés et que le ‘”off” est bien respecté. » S’il paraît décontracté, confortablement assis dans le canapé d’Au Poste, il est vigilant à ce qu’aucun de ses mots ne soit mal interprété, quitte à reprendre de temps à autre le journaliste.

La confiance se fait sur la crédibilité des informations données, l’absence de manipulation de la part de mon interlocuteur. Après, je rencontre d’autres sources pour recouper et vérifier.

Marc Endeweld

Une rivière de sang

Au départ, Gaillot-Renucci alerte en interne, constatant le début du glissement du parti vers « une droite dure, voire extrême ». Pour lui, la ligne rouge est dépassée. Il est l’un des premiers à alerter Marc Endeweld sur le jeu pervers qu’entretiennent l’extrême droite et l’exécutif. Le journaliste fait tout autant le récit que son invité : « chez les troupes macronistes, il y a de plus en plus de questionnement sur ce qu’il se passe au château ». Sa source grimace. Pour lui, le terme même de « troupes » est exagéré.

« Quand on voit les quelques personnes qui restent sur les réseaux, on n’appelle pas ça des troupes ! […] Ce qui est amusant, c’est que ces fameuses troupes macronistes, en l’espace de 15 jours, sont passées attalistes[…] C’est là où on se rend bien compte de l’aberration de ces soutiens : ils soutiennent à la fois Macron et Attal, ne comprenant pas qu’entre eux c’est une rivière de sang.

Jean-Bernard Gaillot-Renucci

L’ancien locataire de Matignon tente selon lui de s’emparer du parti présidentiel. Il a bénéficié, comme tout parti politique, de subventions publiques au regard de ses résultats électoraux. « C’est un parti riche », atteste Gaillot-Renucci. L’enjeu, ajoute Marc Endeweld, « c’est le pognon, pas les idées ».

On le voit dans ce qui est en train de se jouer aujourd’hui entre l’Élysée et Gabriel Attal. Cette envie de prendre le parti. C’est pour deux raisons : avoir une machine à disposition pour de prochaines échéances électorales, mais c’est aussi et avant tout l’argent.

Jean-Bernard Gaillot-Renucci

Un président sous influence

L’instigateur de La Boîte Noire se penche sur le côté, demande en régie ce qu’en pense le tchat : « On a l’impression qu’il (Macron) est enfermé dans ses certitudes sans contradicteur », livre Jhjbonnet. Pour le journaliste comme pour la source, la remontée des dysfonctionnements existe, mais reste limitée. Il y a un effet de cour, plus monarchique que républicain. « Emmanuel Macron consulte beaucoup, il écoute, mais il entend très peu », résume Jean-Bernard Gaillot-Renucci.

Le parti dans son fonctionnement est quasiment inexistant […] Emmanuel Macron, Alexis Kohler et Brigitte Macron n’ont jamais véritablement souhaité la constitution d’un mouvement mature, politique, avec une interne.

Marc Endeweld

Il y a en réalité deux pôles de pouvoir à l’Élysée. D’un côté Alexis Kohler, de l’autre ce que les journalistes politiques ont pudiquement appelé « l’aile Madame ». Malgré ses dénégations, Brigitte Macron joue, elle aussi, un rôle politique. Jean-Bernard Gaillot-Renucci se redresse. Il aime parler avec des images et en a une toute trouvée.

Il y a un cockpit à l’Élysée où on peut penser que le commandant de bord, c’est Emmanuel Macron. Mais comme pour tout avion, il y a bien deux ailes : il y a l’aile Kohler et il y a l’aile Madame. C’est visible et permanent dans leur mode de fonctionnement.

Jean-Bernard Gaillot-Renucci

L’homme, qui aura suivi trois Présidents de la République, n’a pas digéré le fonctionnement de la Macronie. Le trio élyséen est présent dans le seul but de préserver ses intérêts personnels et son pouvoir : « Ils sont tellement laxes, la colonne vertébrale ne résiste même plus. Ça peut se tordre dans tous les sens, ce qui compte, c’est leur résultat. »

Trois questions clés

Comment Emmanuel Macron a-t-il tenté d’éloigner la presse élyséenne ?

Au début de son premier mandat, Emmanuel Macron a voulu que les correspondants des grandes agences d’information, dont les bureaux donnent sur la cour de l’Elysée, soient déplacés hors du palais. Signe d’une certaine défiance à l’égard de la presse, la décision aurait tenu cette dernière à distance du pouvoir. Face à la polémique, les équipes d’Emmanuel Macron abandonnent finalement l’idée en 2019.

De quoi traite Le Grand Manipulateur, le livre de Marc Endeweld qui a convaincu Jean-Bernard Gaillot-Renucci de lui parler ?

Le Grand Manipulateur, les réseaux secrets de Macron (Stock) est un livre-enquête qui explore les origines de la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle. Le journaliste y explore les réseaux du candidat et révèle au grand public les dessous de la campagne.

Qui est Alexis Kohler ?

Alexis Kohler est un haut fonctionnaire français. D’abord directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, il devient Secrétaire général de la présidence de la République sous le premier quinquennat de ce dernier où il bénéficie d’une grande influence.

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