Poutou: «Oui, les milliardaires sont des voleurs; oui, on veut faire tomber le macronisme»

Pour la première fois, Philippe Poutou brigue un siège à l’Assemblée nationale. Avec lui, on a parlé du programme du Nouveau Front Populaire, des espoirs (et des soupçons) que suscite cette nouvelle alliance, et de la énième campagne médiatique hargneuse à son encontre.

«On a un objectif qui nous rassemble : à la fois battre le macronisme et empêcher le RN d’arriver au pouvoir.» En direct depuis chez lui, Philippe Poutou, militant du Nouveau Parti Anticapitaliste, est en campagne dans la première circonscription de l’Aude pour le Nouveau Front Populaire. Le sourire en coin, il démarre au quart de tour et déroule son discours, avant même d’avoir pu être présenté. 

Un parachutage vite oublié

Originaire de Bordeaux, le candidat assume avoir été parachuté pour les législatives. Mais arrivé sur place, il a trouvé une équipe militante unie, issue de l’ensemble de la gauche, avec, en plus, des syndicalistes. Le parachutage est vite oublié : même s’il est radical, les militants se sont trouvés heureux d’avoir un candidat avec une envergure nationale.

On passe de supers moments. (…) Ça ne veut pas dire que les partis fusionnent ! Mais on pourrait réfléchir à une structure permanente où les militants se retrouveraient. La campagne nous permet d’envisager ça.

_{Philippe Poutou}

Le tchat observe la mue politique du candidat Poutou, opérant dans sa cuisine, à l’image d’un François Ruffin. Interrogé par nos services, il reconnaît la ressemblance, mais plaide la coïncidence. Il s’est autorisé à rentrer sur Bordeaux, le temps d’une manifestation contre l’extrême droite.

Les mêmes qui dédiabolisent le RN diabolisent la gauche

Tout juste désigné, le militant du NPA fait face à l’hostilité et à l’agressivité de ses adversaires politiques, des médias et du syndicat de police Alliance. Aimable, Philippe Poutou qualifie ce dernier de «pas très gauchiste.»

Les mêmes qui dédiabolisent le RN en viennent à diaboliser la gauche. Parce qu’il y a mon nom, ils diabolisent la gauche. Ils diabolisent LFI aussi. On a vu que la menace pour eux, ce n’est plus l’extrême droite, mais le bloc des gauches.

_{Philippe Poutou}

Il reste optimiste : «On est un peu habitués». Il dit recevoir une très grande sympathie de la population. Lui et son équipe se savent bien perçus comme des militants de base, sincères et critiques du système.

Mine de rien, les idées de la révolte, les idées radicales ont leur popularité. Mais ça ne se voit pas électoralement, parce qu’il y a beaucoup de résignation et un sentiment d’impuissance par rapport à ce qu’il se passe.

_{Philippe Poutou}

Ressusciter l’espoir

Habitué aux défaites, le militant du NPA ne sait dire s’il a une chance de l’emporter. Il n’est pas favori, mais constate une évolution sur le terrain en sa faveur, ainsi qu’une montée du NFP dans les enquêtes d’opinion. 

On voit bien une dynamique nationale. (…) Mais on se demande comment en deux semaines on pourrait ressusciter un espoir, redonner de la confiance et de l’envie. Il y a un ras-le-bol, le sentiment d’être abandonné. (…) Ça parait mission impossible. On voit les sondages, même si le NFP a plutôt tendance à monter et devient la deuxième force, on reste derrière le RN.

_{Philippe Poutou}

Pourtant, le candidat du NPA sent que le résultat va se jouer à peu de voix. Les forces militantes unies, insiste-t-il en souriant, relèvent la tête et retrouvent un peu confiance en elles.

C’est une campagne, on est en lutte. On est contents d’emmerder les possédants, d’emmerder tous ceux qui nous méprisent à longueur d’année. Ça crée toujours un peu de joie. (…) Comme on n’est pas favoris, si on fait l’exploit, ce sera super chouette.

_{Philippe Poutou}

Tous les ans, Challenges nous dit «c’est là qu’est l’argent»

S’il précise que le NPA n’a pas pris part à la rédaction du programme du NFP, Philippe Poutou en est très satisfait. Il aimerait toutefois aller plus loin dans la rupture avec le capitalisme. Mais dans le climat politique actuel, parler d’une augmentation du Smic de deux cents euros est déjà perçu ainsi.

Ce que moi, je retiens du programme, c’est à la fois les services publics, la santé, l’éducation, les moyens, des recrutements, c’est la question du revenu – et ce n’est pas juste un salaire –, c’est les minimas sociaux et derrière ça, c’est la question de la redistribution des richesses.

_{Philippe Poutou}

Pour le NPA, obtenir un siège à l’Assemblée nationale aiderait à peser dans une possible reconstruction de la gauche. Mais d’ici-là, face à une parole de droite et d’extrême droite décomplexée, Philippe Poutou plaide pour une gauche tout aussi assumée, sans compromis, notamment sur la redistribution des richesses.

On n’a pas de complexes à avoir. (…) On sait très bien ce qu’il faudrait faire et comment le faire. (…) L’argent, on sait très bien où ça va. Tous les ans, il y a un classement des cinq cent plus grosses fortunes. Tous les ans, Challenges nous dit : “c’est là qu’est l’argent, c’est là qu’il faut aller le chercher.

_{Philippe Poutou}

Trois questions clés

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