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Aymeric Caron #AuPoste

Pour qui roules-tu, Aymeric Caron?

Il s’est fait attendre, mais la discussion n’en fut que plus dense. Retrouvailles franches et familières avec Aymeric Caron, autour de Gaza, des médias, de son film-choc, et d’un monde politique qu’il étrille sans ménagement.

Journaliste devenu député du Front Populaire, fondateur de la Révolution écologique pour le vivant (REV), Aymeric Caron s’est imposé dans le débat public : écologie radicale, antispécisme, Palestine. Il devait présenter son documentaire Gaza depuis le 7 octobre en juin 2024, mais la dissolution de l’Assemblée a tout balayé. Ce matin, on a rattrapé le temps perdu.

Après un certain temps d’attente, marqué par le retard du député Aymeric Caron, les discussions s’engagent dans un esprit de camaraderie. Tour à tour, la situation à Gaza, l’échec des médias dans leur couverture des massacres, ainsi que le film  documentaire Gaza. Depuis le 7 octobre et les nombreuses problématiques qu’il soulève, sont abordés, le tout entre des parenthèses, qui ne cessent de s’ouvrir et de se refermer au rythme des discussions familières.


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Une coupure électrique nous a contraint à relancer le live dans la foulée. Voici la partie 2:

Une version remontée «PV de synthèse» de cette émission est également disponible

« Heureusement que je ne suis plus journaliste »

Celui qui fut longtemps grand reporter, et qui a couvert des événements sensibles comme la guerre en Irak, alerte sur une situation inédite dans le paysage médiatique : un génocide qui se déroule sous nos yeux et un décalage frappant entre la couverture de la mort de soldats israéliens et le silence absolu sur les civils palestiniens de Gaza, condamnés à errer parmi les ruines d’une guerre coloniale sans fin, dans l’indifférence presque totale.

« Je regardais les chaînes d’info, les médias classiques, France Télé, j’écoutais la radio, l’audiovisuel public, censé incarner une certaine forme de hauteur, de neutralité, de qualité. Et ces images, je ne les voyais nulle part. »
Aymeric Caron

Il pointe une docilité inquiétante et un manque criant de remise en question face aux projets criminels porté par le personnel politique et normalisé par les médias : « Trump envisage de vider la bande de Gaza. OK, pas de souci » ironise Aymeric Caron, scandalisé.

Le député affilié à la France Insoumise dénonce la compromission d’acteurs médiatiques qui renoncent à leur indépendance, relayent des informations biaisées au détriment de l’éthique: « Il y a eu des complices en interne, oui. Il y a des gens qui, à un moment, acceptent de se soumettre, acceptent de faire de la merde, acceptent de mettre leur déontologie au vestiaire.» 

Un film insoutenable

Confronté à une réalité sidérante : il suit de très près tout ce qui se passe à Gaza – les bombardements, les morts, les familles en pleurs – et la fanfaronnade satisfaite des soldats israéliens, le tout en ligne, il décide alors d’agir et de réaliser un film qui documente le quotidien des Gazaouis depuis octobre 2023.

« Ce que je voyais était bouleversant, absolument atroce, scandaleux, ignoble. Tous les jours, des enfants brûlés, des enfants déchiquetés, des enfants décapités, amputés, rendus orphelins. Les images étaient absolument terribles. C’est terrible. Ce sont des images qui, quand vous prenez le temps de les regarder, vous empêchent de vivre une journée normale ensuite. Ce n’est pas possible. »
Aymeric Caron

L’ancien journaliste, ex-grand reporter, avec des équipes – monteurs et documentalistes – et des moyens modestes,s’est attaché à visionner plusieurs heures de vidéos qui lui parvenaient des réseaux sociaux. Des images souvent insoutenables, des scènes effroyables qu’il a fallu trier, analyser, vérifier : s’assurer qu’il ne s’agissait pas de propagande, que ces vidéos étaient authentiques et correctement datées. Puis, il a fallu les monter et leur donner un sens.

Le film de montage de Caron s’ouvre sur une juxtaposition d’images : un enfant après un bombardement pleure parmi les ruines, il vient de perdre sa mère et ses frères, puis vient la déclaration du ministre de la Défense israélien qui déshumanise les Gazaouis, en les qualifiant “d’animaux humains”,  « Leurs déclarations expliquent pourquoi le mot génocide est tout à fait approprié. Surtout quand on les met en parallèle avec les images. On comprend que tout cela n’est pas fortuit, que ce ne sont pas des accidents, ni des dommages collatéraux. On comprend qu’il y a une intention génocidaire derrière. » explique l’ancien journaliste.

Sur tous les fronts

Caron évoque aussi  un climat politique difficile : des  institutions françaises en crise, « un homme d’État décide seul », l’indifférence de l’Hémicycle face à la souffrance palestinienne. Il avoue : « J’ai honte du personnel politique français. Quand je les vois, je me dis : c’est vous qui avez soutenu un génocide, et moi, je devrais m’asseoir avec vous ? »

Le député fait face à une vague d’insultes et d’accusations calomnieuses, mais il ne compte pas se laisser faire : « Personne ne me traite d’antisémite sans en subir les conséquences. » Plusieurs plaintes sont en cours, la bataille judiciaire est engagée. Pendant ce temps, il poursuit son travail de député,  et continue de porter ses combats : défense de l’audiovisuel public, la protection des animaux, l’éducation.

Fondateur de la Révolution pour l’Écologie et le Vivant (REV), il incarne une écologie radicale et anticapitaliste, en rupture avec les logiques libérales. Il prône la réduction du temps de travail, la fin de l’exploitation animale et un changement de paradigme profond. « Nous assumons totalement l’abolition de l’exploitation animale. »

FAQ

De quoi parle le film d’Aymeric Caron Gaza. Depuis le 7 octobre ?

Le film Gaza. Depuis le 7 octobre, réalisé par Aymeric Caron et son équipe, est un  film réalisé à partir de vidéos mises en ligne par des habitants de Gaza ainsi que par des journalistes présents sur place. Il retrace le quotidien des Gazaouis depuis le début des bombardements du 7 octobre. Le film juxtapose ces images à celles de l’armée et déclarations du gouvernement israélien, mettant en évidence une volonté génocidaire.

Quel est le parcours d’Aymeric Caron ?

Aymeric Caron est journaliste de formation. Ancien grand reporter, il a travaillé plusieurs années à la télévision et est également essayiste et militant engagé pour la cause animale. Il a fondé Révolution écologique pour le vivant (REV), un parti écologiste et antispéciste. Aujourd’hui, affilié à la France Insoumise, il est député de la 18ᵉ circonscription de Paris.

Pourquoi peut-on parler de génocide à Gaza ?

Selon un rapport d’Amnesty International, au regard de la définition du terme en droit international, les autorités israéliennes commettent un crime de génocide contre la population palestinienne de Gaza. Ce rapport dénonce des bombardements incessants sur des zones densément peuplées, la destruction d’infrastructures hospitalières, la coupure permanente de l’eau et de l’électricité, l’entrave à l’acheminement de l’aide humanitaire ainsi que les multiples déplacements forcés de la population.

Qu’est-ce que le parti REV ?

La Révolution écologique pour le vivant (REV) est un parti politique écologiste et antispéciste français, fondé en 2018 par Aymeric Caron. Il est né d’une critique des partis écologistes traditionnels et adopte une approche radicale sur les questions environnementales, en défendant des positions antispécistes, anticapitalistes et anti-néolibérales.

Qu’est-ce que l’antispécisme ? 

L’antispécisme est un courant de pensée apparu dans les années 1970. Il repose sur l’idée que l’appartenance d’un être à une espèce ne doit pas être un critère pour déterminer la manière dont il doit être traité. Ce mouvement rejette toute forme de discrimination envers les animaux et refuse de placer l’être humain au-dessus des autres espèces. Par conséquent, l’antispécisme condamne les pratiques susceptibles de causer de la souffrance aux animaux.

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