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«Police partout, justice nulle part»: le chemin de croix des victimes de la police

Pourquoi en France, les victimes de violences policières n’obtiennent‑elles presque jamais justice ? La question taraude depuis des années Anne-Sophie Simpère, ancienne chargée de plaidoyer à Amnesty International.

De ses interrogations, elle vient d’en tirer un livre où la parole est donnée aux victimes. Ce matin, avec Bigui, du collectif Les Mutilé·e·s pour l’exemple, Anne-Sophie a décortiqué leur chemin de croix.

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Le livre d’Anne-Sophie Simpère est construit comme un chemin de croix. Pour la victime, le premier obstacleest le gouffre financier des frais médicaux et des frais d’avocat si elle porte plainte – puis des frais de justice, si le dossier est instruit. Anne-Sophie Simpere cite le cas d’Arthur, vicitme de  “coups de matraques dans les dents […] et en a eu pour plus de 15.000€ de frais dentaires”. Parfois les blessures sont si graves que la victime ne peut plus travailler, comme Bigui, présent ce matin, qui a perdu son emploi qu’il tenait depuis 20 ans.

J’étais venu manifester contre la loi Sécurité Globale. On a reçu des grenades de gaz lacrymogènes. Je ne respire plus, donc j’en saisis une, je la renvoie devant moi sans viser personne, une, puis deux, puis trois, et la quatrième était une grenade de désencerclement. Et j’ai perdu ma main.

Bigui

Dans son cas, grave, l’enquête avait été lancée par la police, comme c’est l’usage, mais la plupart du temps, c’est à la victime d’aller porter plainte : “une course contre la montre” explique Anne-Sophie Simpere.

Il peut y avoir des ratés, parce qu’on est traumatisé, parce qu’on est à l’hôpital, parce que c’est difficile de demander à une victime de se tourner vers l’institution qui représente les gens qui l’ont blessée, parce qu’il peut y avoir une réticence des policiers à enregistrer une plainte contre leurs collègues […] et parce qu’il faut un certain capital social pour être capable de mobiliser un avocat et d’agir extrêmement vite.

Anne-Sophie Simpere.

Le procureur, qui travaille en lien étroit avec la police, mène alors l’enquête préliminaire, sans contradictoire. La plupart du temps, le dossier est classé sans suite, au motif que le tireur n’est pas identifié ou parce que le procureur “estime que l’infraction n’est pas constituée”, interprétant souvent la situation hors des critères juridiques, justifiant l’usage de la force par “un contexte “insurrectionnel”. Après deux ans et demi, Bigui a appris que son enquête était classée sans suite. Il préfère ne pas relancer la machine judiciaire.

Si j’enquête, je ne sors pas de cette situation où je pense toujours à cette perte de main. J’ai envie que ma vie continue, mais sans me soucier du futur, du tribunal où on va me dire que je suis coupable, que j’ai voulu viser un policier, alors que c’est faux.

Bigui

Si l’affaire n’est pas classée, elle arrive chez le juge d’instruction. L’enquête ayant souvent duré longtemps, les preuves se sont souvent volatilisées (images de caméra de survaillance, etc), et puisqu’il y a ni enjeu de privation de liberté ni volonté politique, le dossier peut rester au point mort très longtemps.

A chaque étape, on perd du monde, au moment de la plainte, et après l’instruction.

Anne-Sophie Simpere

Si la victime va jusqu’au procès, là encore, “il n’y a pas d’excuses, d’expression de remords : on va chercher la faute de la victime” affirme Anne-Sophie Simpere, choquée lors du procès du policier ayant éborgné Laurent Théron par les analyses psychologiques, dressant “un portrait dithyrambique du policier”, tandis que tout dans la vie de la victime était porté à son discrédit.

La prison ferme pour les policiers est extrêmement rare. Je ne peux pas m’empêcher de penser à toutes les personnes en situation de précarité qui sont envoyées en prison ferme pour avoir volé de la nourriture, tandis que des gens qui ont tué ou mutilé ne sont pratiquement pas envoyés en prison. […] Il y a beaucoup de peines [des policiers] sans inscription au casier judiciaire, donc sans problème pour la carrière, très peu d’interdictions d’exercer prononcées.

Anne-Sophie Simpere

Pour Simpere, les mesures concrètes existent, et il faut s’y accrocher : une IGPN indépendante, un dépaysement systématique des affaires, une politique pénale volontariste, le port du RIO… Mais ce qui manque, “ce sont de gens qui peuvent s’engager sur du très long terme pour obtenir au moins des réformes structurelles Ce n’est pas une bataille qu’on va gagner avec un moment médiatique.”

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