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Rozenn Le Saint Sophie Lemaitre #AuPoste

On leur a tout laissé. Voici comment les multinationales ont pris le contrôle

Elles sont partout. Dans nos assiettes, nos écrans, nos villes, nos comptes en banque. Elles façonnent notre quotidien, influencent nos lois, dictent des politiques économiques entières. Mais qui contrôle vraiment les multinationales ?

« Leur seule boussole, c’est le profit. » Ce constat, lancé par Sophie Lemaitre, résonne comme un mantra tout au long de cette émission coup-de-poing. Juriste, chercheure, ancienne de l’ONU et de Sherpa, elle connaît les multinationales de l’intérieur. À ses côtés, la journaliste Rozenn Le Saint dresse l’inventaire précis et glaçant des méthodes de Big Pharma. Pendant 90 minutes, elles ouvrent une brèche dans la façade lisse des marques et révèlent ce que trop peu osent dire : les multinationales écrivent l’histoire contemporaine mais toujours à leur avantage.

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Un manuel du pillage

À travers l’ouvrage collectif Multinationales. Une histoire du monde contemporain (La Découverte), les invitées remontent 150 ans de domination économique. De Singer à Nestlé, de Coca-Cola à Bayer, une même logique émerge : accaparer, écraser, influencer. « C’est comme si elles suivaient toutes un manuel secret », résume Rozenn. Un mode d’emploi transmis de génération en génération, à l’abri des débats démocratiques.

Pourquoi la corruption est-elle consubstantielle aux multinationales ?

Parce qu’elle est le carburant discret du système. Sophie Lemaitre revient en détail sur le programme « Pétrole contre nourriture », gigantesque scandale révélé en Irak. 2000 entreprises impliquées, 66 pays concernés, 10 % de commissions versées en douce. Une corruption « normale » à l’époque, selon ses mots. « En France, jusqu’aux années 1990, on pouvait déduire les pots-de-vin des impôts. » Le public frémit. Le tchat, lui, s’indigne : « C’est l’économie du chantage », écrit @JeanThéorique.

« Le vaccin est public, le jackpot est privé »
Rozenn Le Saint

Big Pharma : stratégie du doute et rente permanente

Rozenn expose le modèle des labos : sous-traitance de la recherche publique, appropriation des brevets, contrats opaques. Elle raconte comment Pfizer s’est imposé au G7, comment Sanofi a encaissé 300 millions d’euros sans livrer de vaccin utile. « Ils ont exigé des garanties, mis en gage des ambassades. » À ce moment-là, Dufresne lâche : « C’est dément. » Et ça l’est. Les firmes exigent des clauses scandaleuses aux pays du Sud. Elles vendent des produits à prix d’or, avec des coûts de fabrication dérisoires.

Le greenwashing est-il dépassé ?

Non, répondent en chœur les invitées. Mais il est mieux emballé. « On leur a appris à mentir plus subtilement. » Coca-Cola, par exemple, promet moins de plastique mais remplit ses éco-cups avec des bouteilles jetables. Le greenwashing change de forme, mais l’objectif reste le même : vendre une image pendant qu’on détruit la planète. Les ONG résistent, attaquent en justice, dévoilent les hypocrisies. Et parfois, elles gagnent.

Pourquoi la justice ne parvient-elle pas à freiner ces géants ?

Les amendes sont dérisoires face aux profits. Sophie donne l’exemple de Petrofac : 44 millions de pots-de-vin, 3,5 milliards de profits, 105 millions d’amende. Résultat ? « Ça reste rentable. » Même quand elles sont sanctionnées, les multinationales signent des accords, évitent les procès, protègent leurs dirigeants. Les États cèdent, parfois complices, souvent impuissants.

« La fabrique du doute est une arme massive. »
Sophie Lemaitre

Nestlé, Bayer, Coca : mémoire sélective et pouvoir total

Les invitées rappellent que Bayer produisait le Zyklon B d’Auschwitz que Volkswagen espionnait les syndicalistes sous la dictature brésilienne que Monsanto vendait  l’agent orange. Et aujourd’hui ? Ces noms ont été nettoyés, dissous dans des fusions, réhabilités dans le greenwashing. « Elles effacent leur passé comme elles blanchissent leurs profits », dit Sophie. Et Nestlé, avec ses pots de Nutella dans les aéroports, reste un géant invisible.

Quels sont les talons d’Achille des multinationales aujourd’hui ?

Sophie Lemaitre répond du tac au tac : « Leur arrogance elles croient que les citoyens ne se mobiliseront pas elles ont tort. » Car l’histoire regorge d’exemples de résistance : lois sur le devoir de vigilance, actions judiciaires, taxation minimale mondiale… Rien n’est gagné, mais tout est encore possible.

« Ce livre prouve qu’on peut lutter, comprendre, agir. »
Rozenn Le Saint

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Quel est le principal constat fait par Sophie Lemaitre sur les multinationales ?

Leur seule boussole est le profit. Elles privilégient leurs intérêts financiers avant toute considération éthique ou sociale.

En quoi la corruption est-elle un élément structurel du fonctionnement des multinationales ?

Elle permet de garantir des marchés, d’éviter des régulations et d’influencer les gouvernements. L’exemple du programme « Pétrole contre nourriture » en Irak illustre cette réalité, avec des pots-de-vin normalisés.

Comment le greenwashing a-t-il évolué ces dernières années selon les invitées ?

Il est devenu plus subtil : les entreprises continuent de polluer mais investissent dans une communication trompeuse qui donne l’illusion d’une transition écologique.

Quels exemples historiques montrent l’implication des multinationales dans des scandales majeurs ?

Bayer a produit le Zyklon B utilisé à Auschwitz, Volkswagen a espionné des syndicalistes sous la dictature brésilienne, Monsanto a vendu l’agent orange.Ces entreprises effacent leur passé par des fusions et du greenwashing.

Quels sont les points faibles des multinationales face aux mobilisations citoyennes et aux actions en justice ?

Leur arrogance : elles sous-estiment la capacité des citoyens à se mobiliser. Des avancées comme le devoir de vigilance ou la taxation minimale mondiale montrent que la résistance est possible.

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Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par la rédaction.

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