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Monique Pinçon-Charlot à l’assaut du «Méprisant de la République»

A la violence sociale, économique, physique, il faut ajouter celle des mots (méprisants) envers ceux (méprisés) «qui ne sont rien». La violence symbolique, qui redouble de cruauté.

Dans «Le Méprisant de la République», Monique Pinçon Charlot ausculte le discours de l’Etat et de ses locataires lors de la bataille contre la réforme des retraites. Au Poste reçoit la pétulante sociologue et c’est un bonheur.


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Elle est entrée dans le studio et dans un de ses rires dont elle a le secret: «c’est jolie, cette salle orange». Puis, sur le fauteuil, du même orange, Monique a attaqué. « Avec ce livre, je suis vraiment arrivée à articuler cette façon d’utiliser la psychologie sociale pour désarmer l’adversaire de classe », décrivant «Le Méprisant de la République» comme « un carnet de bord », qui retrace les mots du gouvernement lors de la lutte contre la réforme des retraites.

« L’arrogance de Macron s’articule parfaitement dans la panoplie généralisée des violences instrumentalisées pour que les plus démunis restent à leur place. Elle est là pour masquer la logique de prédation du système capitaliste. » 

Monique Pinçon-Charlot

Dévoiler la mécanique de ce système de prédation séculaire « qui met à mal la santé et la vie des plus modestes », commence par « décortiquer ces niches d’entre-soi qui s’encastrent comme des poupées russes. La naissance dans les beaux quartiers, l’éducation dans des familles élargies, les écoles spécifiques, mais aussi les rallyes – une espèce de cursus scolaire parallèle à l’école où ils apprennent à s’approprier des lieux de pouvoir et de richesse ». Ces instances de socialisation permettent d’éviter les mésalliances, « en apprenant à reconnaitre et à aimer leur semblable, en amitié et en amour. »

Pour faire partie du gotha, il ne suffit donc pas de posséder une richesse économique : il faut aussi articuler une richesse sociale, en transmettant son patrimoine à sa descendance dès la première génération, et une richesse culturelle – le monde des grandes écoles, du mécénat, de l’art. Ensemble, elles forment la richesse symbolique, ou plutôt la violence symbolique, « la pire des violences » assure Monique, « parce qu’elle est intériorisée dans une forme de timidité sociale par rapport aux dominants. On n’ose pas les contredire, penser que ce sont des prédateurs, que nos misères proviennent de leurs prédations. C’est une violence qui tétanise, et empêche de penser le changement. »

« Nous sommes les plus nombreux, nous sommes ceux qui font fonctionner l’économie réelle. […] Ce sont des géants aux pieds d’argile. Le problème c’est plutôt nous, qui sommes divisés et qui n’arrivons pas à coordonner nos luttes, à comprendre notre force, à cause de cette violence symbolique. […] La révolution peut être pacifique mais ce ne sera pas une partie de chatouilles. » 

Monique Pinçon-Charlot

Le premier gouvernement d’Elisabeth Borne comptait 19 ministres millionaires sur 41, rappelle la Sociologue, entre deux gorgées d’eau (elle économise, elle sait l’émission longue). Parmi les députés ,  ouvriers et employés (47% de la population active) ne représentent que 5,7%, tandis que les classes supérieures (22% de la population active) représentent sont 72%. « Cette disparité énorme explique pourquoi les lois sont faites à la faveur des favorisés et à la défaveur des défavorisés ». Le Conseil Constitutionnel, qui a entériné la réforme des retraites, est composé de neuf membres « eux-mêmes cooptés au sein de l’oligarchie. » Et de clonclure: «S’il y a un séparatisme, s’il y a des Français qui font sécession d’avec les autres, c’est bien les plus riches, en s’appropriant les richesses et les pouvoirs »affirme Monique.

Monique Pinçon-Charlot, sociologue, ancienne directrice de recherche au CNRS, est spécialiste des grandes fortunes françaises. Ses ouvrages sur l’oligarchie, co-écrits avec son mari Michel Pinçon, sont des best-sellers.

Elle a notamment publié chez Textuel avec Michel Pinçon, L’Argent sans foi ni loi (2012) et Les Prédateurs au pouvoir. Main basse sur notre avenir (2017).

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