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Camille Hachez, Amine Kessaci, Nina Morel, Sybille Douvillez, Victor Mendez & Camille Adoue

Meeting Européennes: la relève des partis de gauche

Open Mic ! Au Poste fait salle comble dans l’amphi de Césure, tiers-lieu du cinquième arrondissement de Paris, pour notre grande soirée de débat avec les jeunes candidat.e.s des différentes listes de Gauche aux élections européennes. Pour l’occasion Ritchy Thibault, l’agitateur de la soirée, convoque Sybille Douvillez, benjamine de la liste PS/Place Publique, Camille Adoue, tête de liste du Parti des travailleurs, Amine Kessaci des Écologistes/EELV, Victor Mendez pour le NPA, Nina Morel de Changer l’Europe et enfin Camille Hachez de la FI. Avec les candidats, le tchat et le reste de la salle, on cause écologie, justice sociale, extrême droite et conflit Israélo-palestinien. Tout un programme !

Dans les locaux de l’ancien campus Censier-Daubenton, Ritchy Thibault reçoit six représentant.e.s jeunes de listes de gauche engagées dans les élections européennes du mois de juin 2024.

Ritchy propose un premier tour de table autour de la question : « Qu’est-ce qu’être un jeune de gauche aujourd’hui, et considérez-vous que vous appartenez tous à une même famille politique ? ». La question semble pertinente au vu du nombre de listes concurrentes étiquetées à gauche en lice. L’occasion pour chacune et chacun de présenter ses mots d’ordre principaux, et de voir un premier point de divergence, entre les intervenant.e.s qui considèrent que l’union de la gauche est incontournable pour peser, et les autres qui posent leurs conditions avant de l’envisager.

Famille(s) de gauche

Quel débouché politique donne-t-on à la colère des jeunes ? On a fait le choix d’être dans les partis politiques mais il y a plein de manières de s’engager. Ne donnons pas le spectacle d’une gauche qui se bat et d’une élection sur laquelle rien ne pourrait être reconstruit après le 10 juin.

Sybille Douvillez

L’extrême droite qui rafle la mise, partout. Les libertés fondamentales attaquées de toutes parts. Une gauche de gauche à reconstruire. Plus que jamais une presse réellement indépendante, et pas pareille, est nécessaire.

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Je ne sais pas si on peut parler d’une famille de la gauche. Je pense qu’on peut dire que notre camp partage un certain nombre de valeurs, de projets, pas tout. Mais on a quand même un certain nombre de choses en commun, qui font que l’on portera des mesures en commun, sur les questions de justice sociale et climatique notamment. […] Pour moi, l’union n’est pas une finalité en soi, mais on pense qu’il y a un enjeu de pouvoir proposer une alternative au duel Macron-Le Pen et de faire exister une force de gauche dans le paysage médiatique.

Camille Hachez

Camille Adoue et Victor Mendez préfèrent au clivage gauche-droite celui du camp des travailleurs contre la bourgeoisie, exprimant leurs réserves envers certaines formations classées à gauche mais qui ont leur part à prendre dans la casse sociale et environnementale en cours. Malgré ces divergences, toutes et tous se retrouvent sur l’opposition ferme à une extrême-droite haute dans les sondages et à un gouvernement plus que perméable aux mots d’ordre de cette dernière.

On se retrouve, on se connaît sur les mobilisations. Si on ne croyait pas en ce qui nous rassemble, on ne proposerait pas cette liste de rassemblement sur laquelle on a appelé tous les partis de gauche, toute la société civile et les organisations à se mobiliser, comme 75% des électeurs et électrices de gauche nous appellent à le faire. […] On a nos différences, mais on préférera en discuter au Parlement plutôt que de se battre aujourd’hui comme le font beaucoup des têtes de liste actuelles.

Nina Morel

        Quel bilan européen de la gauche ?

        Ritchy Thibault lance successivement ses invité.e.s sur les grands thèmes de cette campagne. Social, environnemental, enjeux spécifiques à la jeunesse, diplomatie et défense dessinent les divergences et les points d’accords. Si les constats sont largement partagés, les solutions et outils à mobiliser le sont beaucoup moins. Une ligne se dessine entre le Parti des Travailleurs et le NPA, incarnés par Camille Adoue et Victor Mendez, avec les quatre autres formations qui sont déjà engagées d’une manière ou d’une autre dans le Parlement Européen, et qui, mettant en avant cet engagement, proposent plus volontiers des mesures s’inscrivant dans le cadre actuel des institutions. Dans le chat, on n’hésite pas à mettre en perspective le bilan européen de ces partis.

        On rappelle que Glucksmann a soutenu Mikheil Saakachvili et qu’il vote contre les cessez-le-feu à Gaza. Il n’est pas de notre côté de la barricade !

        chauvelambda dans le chat

              Sur les questions environnementales, même clivage, les deux invités classés les plus à gauche parlent franchement de réquisition et d’expropriation, là où les autres s’en tiennent à des outils plus communs aux parlementaires. Amine Kessaci propose que l’Europe puisse entrer au capital de Total, ce qui soulève de vives désapprobations dans la salle et dans le chat, et pose sur la table le sujet de l’anticapitalisme.

                Comment peut-on envisager sérieusement de freiner le réchauffement climatique […] sans remettre en cause le droit qu’ont des actionnaires à posséder les moyens de production essentiels ? Aujourd’hui, il ne s’agit plus de taxer ou de relocaliser, il faut retirer à ces grands capitalistes le droit de dire « Ici, j’ouvre un pipeline, là-bas un gazoduc… »

                Victor Mendez

                    Mobilisations ou institutions ?

                    Le débat confortera ensuite les désaccords stratégiques entre les formations. Victor Mendez et Camille Adoue ne comptent pas sur les institutions mais sur la mobilisation sociale pour peser dans le rapport de force, assumant une ligne internationaliste et anticapitaliste. Au nom de celle-ci, ils fustigent leurs adversaires qui, par exemple, en votant les crédits de guerre accordés à l’Ukraine, font perdurer un conflit qui ne profite finalement qu’aux marchands d’armes et aux investisseurs. En face, Sibylle Douvillez parle franchement d’économie de guerre pour soutenir la défense de l’Ukraine.

                    Même si aucun.e ne remet en question la pertinence des luttes, la représentante de la formation de Raphaël Glucksmann, à l’instar de Nina Morel et d’Amine Kessaci, se concentre sur les outils proposés par l’Union Européenne pour faire avancer leurs sujets. Camille Hachez se montre plus mesurée, regrette que l’expérience d’union de la gauche tentée par la NUPES autour du programme commun ait été vidée de sa substance par ses alliés.

                    Aujourd’hui, il y a une élection européenne, l’Europe a des compétences, elle agit concrètement sur l’environnement, c’est ce qu’on essaie de porter depuis cinq ans et de se dire qu’on peut apporter des réponses depuis l’Europe.

                    Amine Kessaci

                            Nous sommes pour l’unité des organisations ouvrières, des jeunes et des travailleurs. Mais l’unité sur quelle base ? Est-ce qu’on peut faire unité avec des partis qui se disent de gauche mais qui vont dîner avec Macron ? Qui vont voter les crédits de guerre au Parlement Européen, qui soutiennent les va-t-en-guerre ?

                            Camille Adoue

                                  Les six intervenant.e.s répondent aux questions du public et du chat, qui les feront s’exprimer à propos de leur vision de ce que doit être le dialogue entre pays membres de l’Union Européenne et avec le reste du monde. L’Europe doit-elle « faire le saut fédéral », comme le demande Sibylle Douvillez ? Comment prendre position sur ce qu’il se passe en Ukraine, en Syrie, en Palestine, en Afrique, comment faire monter et tenir compte de la parole des premiers concernés ? Faut-il intervenir ou se tenir à distance au nom de la souveraineté des peuples ? Ces discussions ouvertes et franches, entre situations personnelles et questions existentielles, permettront d’approfondir et de nuancer des prises de position dans un débat qui a le mérite de ne pas se cantonner à un florilège de mesures électorales.

                                  Trois questions clés

                                  Qui sont les invité.e.s du débat organisé dans le cadre de l’émission « La Barricade » animée par Ritchy Thibault ?

                                  Etaient présents Sibylle Douvillez, benjamine de la liste PS/Place Publique, Camille Adoue, tête de liste du Parti des travailleurs, Amine Kessaci militant Marseillais en dixième place sur la liste Les Écologistes/EELV, Victor Mendez pour le NPA Jeunes et Nina Morel pour la liste Changer l’Europe et enfin Camille Hachez pour la FI/Union Populaire.

                                  Dans quel but a été organisé ce débat ?

                                  Ce débat a été organisé dans le cadre de la campagne pour les élections européennes du 09 juin 2024.

                                  Qui est Ritchy Thibault ?

                                  Ritchy Thibault est un jeune activiste, issu d’une famille d’origine Tsigane, il a grandi dans le Sud-Ouest de la France à Pineuilh en Gironde avant de venir s’installer à Paris pour y faire ses études ainsi que pour poursuivre ses nombreux combats et engagements. Il est étudiant en histoire à l’université de Paris Cité et journaliste auprès de médias à la fibre militante, comme Quartier Général et Au Poste avec La Barricade.

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                                    Un jour de 2020, le couperet tombe: le dessinateur Jean-Christophe Chauzy, un des êtres les plus aimables que porte la planète, apprend qu’il est atteint d’une leucémie aiguë. La mort guette, l’hôpital devient sa chambre, et sa chambre un hospice à cauchemars. Sa moelle osseuse ne produit plus de plaquettes. Le pronostic vital est engagé, une greffe va être tentée, sa sœur Corinne sera la donneuse. Chauzy se bat comme un lion. Mais comment rester aimable, mari, père, frère? Tiré d’affaire, il témoigne de ces heures sombres de sa vie, et de l’espoir de la guérison dans son nouveau roman graphique Sang Neuf (Casterman). Dans une autre vie, Chauzy a bossé avec différents scénaristes comme Denis Lapierre ou Thierry Jonquet. On lui doit même des dessins magnifiques dans un petit fanzine, bien (dé)favorablement connu de nos services, Combo

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