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Rémi Carayol #AuPoste

Mayotte: «Pas un laboratoire colonial, mais un cheval de Troie»

Mayotte, dernier département français ? Pour Rémi Carayol, c’est surtout une colonie qui ne dit pas son nom. Dans son livre Mayotte, Département, Colonie (La Fabrique, 2024), le journaliste démonte le mythe de la départementalisation, révèle une histoire de relégation et pointe du doigt l’instrumentalisation de l’immigration pour justifier un contrôle policier accru. Face à David Dufresne, il décrit un territoire où la pauvreté, l’insécurité et l’abandon des services publics sont moins des accidents de l’histoire que les résultats d’un choix politique assumé. Et si Mayotte était en réalité un laboratoire de l’extrême droite française depuis les années 70 ?

« Mayotte n’a jamais cessé d’être une colonie. » Rémi Carayol ne tourne pas autour du pot. Dès les premières minutes, il démonte le mythe d’une départementalisation qui aurait fait entrer l’île dans la République. « On ne peut rien comprendre à ce territoire si on le regarde uniquement avec des yeux français. » La France a coupé Mayotte du reste de l’archipel des Comores au moment de la décolonisation. Résultat: un territoire sous perfusion, où la misère est entretenue, où la population vit dans des conditions indignes et où l’État ne semble présent que sous sa forme la plus brutale : la police.


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Un laboratoire de l’extrême droite

Dufresne avoue être tombé de sa chaise en lisant ce passage du livre : « Mayotte est un laboratoire de l’extrême droite française depuis les années 70. » Carayol explique : sur cette île, on teste des politiques répressives avant de les exporter en métropole. L’immigration y est construite comme une menace permanente, avec des expulsions de masse et une violence policière qui ne choque plus personne. « On parle de « réserve de pauvres », de « délinquance venue d’ailleurs », de « département en guerre »… Ça vous rappelle un discours qu’on entend ailleurs ? » Tout est dit.

Le racisme d’État en pleine action

Les conditions de vie à Mayotte ? Catastrophiques. « Un des départements les plus jeunes, les plus peuplés, mais aussi le plus pauvre et le moins doté en infrastructures publiques. » En décembre dernier, le cyclone Chido a tout ravagé. L’eau a été coupée pendant des semaines. L’électricité, un luxe. L’État ? Invisible. « Ce n’est pas un accident, c’est une politique. » Mayotte est maintenue dans cet état de précarité pour pouvoir justifier la présence policière et les expulsions massives de Comoriens. « On naturalise très peu, on renvoie sans cesse, on empêche des enfants nés en France d’avoir la nationalité française. Ce n’est pas un dérapage, c’est un choix. »

Un journal satirique contre la chape de plomb

Carayol connaît bien Mayotte. Il y a vécu, il y a même lancé un journal satirique, « un peu la mort du Canard Enchaîné local ». Il voulait parler de la vie sur place, sans langue de bois. « On s’est vite retrouvés dans le viseur des autorités. » Il raconte comment l’information est sous contrôle, comment les rares voix critiques sont étouffées. « Dire la vérité sur Mayotte, c’est s’attaquer à une fiction d’État. »

Le tchat en feu

Le tchat s’emballe : « On n’a donc rien appris de l’histoire coloniale ?! » lâche Pierre. « La France a toujours su entretenir ses colonies sans les nommer », ajoute Sarah. Certains s’étonnent de ne jamais entendre parler de ces réalités dans les médias mainstream. Carayol soupire : « Mayotte n’intéresse la presse que quand on peut parler de « délinquance immigrée ». »

Un cheval de Troie dans la République

Et si Mayotte était autre chose qu’une anomalie de l’histoire ? « Ce n’est pas un laboratoire colonial, mais un cheval de Troie », tranche Carayol. Un territoire où l’État applique des politiques qui finissent par gagner la métropole. « Les rafles, les discours sur « l’envahissement », la criminalisation de populations entières… Ce qui se passe à Mayotte, c’est une version accélérée de ce qui se passe ailleurs en France. » Un territoire où l’extrême droite a un train d’avance. À ce moment-là, dans le studio, un silence. « Mayotte, c’est un avertissement. »

Pourquoi la départementalisation n’a-t-elle rien changé ?

Parce que ce n’était qu’une façade. Derrière le statut officiel, les pratiques coloniales ont perduré : exclusion des services publics, criminalisation de la population, exploitation de la pauvreté.

Comment Mayotte est-elle devenue un terrain d’expérimentation pour l’extrême droite ?

Depuis les années 70, des mesures radicales y sont testées : quadrillage policier, fichage des populations, expulsion systématique des étrangers. Ces méthodes sont ensuite appliquées en métropole.

Pourquoi les médias parlent-ils si peu de Mayotte ?

Parce que l’île n’entre dans le récit national que sous l’angle de l’immigration et de l’insécurité. Les causes profondes, elles, restent invisibilisées.

Que faire pour changer la situation ?

Carayol le dit lui-même : commencer par voir Mayotte pour ce qu’elle est vraiment. Accepter que la République y applique des logiques coloniales et arrêter d’en faire un bouc émissaire.

Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par la rédaction.

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