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Samuel Hayat #AuPoste

« Macron, un crime contre la démocratie »

Samuel Hayat, politiste de renom, passionné de démocratie (Anamosa, 2020) est chercheur à Sciences Po Paris. Invité d’Au Poste, il s’est exprimé pour une analyse vibrante de la crise institutionnelle qui gangrène la France.

Qualifiant la situation de “crime contre la “, il dénonce l’ultra-présidentialisme de Macron, soutenu par des alliances avec l’extrême droite, et l’élimination des contre-pouvoirs. Il appelle à redonner vie à une véritablement populaire pour sortir de l’impasse actuelle.

«Un président solidement installé sur son fauteuil»

«Le problème avec notre situation actuelle, c’est qu’on a un président solidement installé sur son fauteuil, qui profite d’une crise de régime pour accumuler des pouvoirs inédits.» Samuel Hayat, l’un des politistes les plus percutants de sa génération, ne mâche pas ses mots. Dans cette discussion passionnée, il décortique la crise institutionnelle qui secoue la France. Il ne s’agit pas d’une analyse distante, mais d’une plongée au cœur de la tempête.

Ce n’est pas seulement une “crise” qu’il évoque, mais un véritable «crime contre la démocratie» — un lapsus révélateur : la République représentative est devenue un simulacre, ne représentant plus qu’elle-même. Ce pouvoir accaparé par Emmanuel Macron ne s’arrête pas aux aspects visibles, mais s’étend sur les structures mêmes de la démocratie, la minant de l’intérieur.

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Une crise refermée, mais à quel prix?

Pour Hayat, Emmanuel Macron est parvenu à refermer la crise de régime à son avantage, mais il insiste :

La crise refermée, c’est une mauvaise nouvelle.

Samuel Hayat

Là où une crise peut ouvrir des possibilités, offrir des alternatives et des renouveaux démocratiques, la situation actuelle s’enfonce dans l’ultra-présidentialisme, sans contre-pouvoir véritable pour contrebalancer les décisions du chef de l’État. Ce verrouillage de la crise a, selon Hayat, été mené de manière autoritaire, avec des alliances encore impensables il y a quelques années.

Il décrit une France «triple-polarisée», avec un président minoritaire qui s’appuie sur des alliances contre-nature, en particulier avec l’extrême droite, pour conserver son pouvoir. «Il n’a pu le faire que parce qu’il s’est appuyé sur l’extrême droite», répète-t-il, visiblement désabusé. Le coût politique de cette fermeture est énorme : les promesses de réformes progressistes sont abandonnées au profit d’une logique de survie politique en rupture avec la volonté populaire. 

Où sont les contre-pouvoirs?

Samuel Hayat souligne l’absence criante de contre-pouvoirs. «Le seul contrôle théorique qu’on a, c’est celui du peuple, par référendum ou », dit-il, ajoutant avec ironie que cette approche ressemble plus à un plébiscite qu’à une véritable démocratie. Dufresne n’hésite pas à le relancer : «Mais la presse ? Les syndicats ? Les associations ?»

Il secoue la tête. Pour lui, ces instances ne sont pas institutionnalisées en France comme ailleurs et manquent de moyens pour peser sur les décisions. Aux États-Unis, le système des contre-pouvoirs “check and balance” limite la puissance présidentielle, mais ici rien de tel. En France, la faiblesse des institutions censées protéger la démocratie laissent le champ libre à un président agissant sans contrainte, et profitant des failles de la Constitution. Entre le tchat et le studio, la frustration est presque palpable face à cette impuissance organisée, cette incapacité à réellement freiner un président qui semble être devenu intouchable.

Un fauteuil vide, l’idéal démocratique

Samuel Hayat explique sa vision d’une démocratie où personne ne reste assis trop longtemps sur le trône. Pour lui, le problème réside dans la fixité du pouvoir présidentiel actuel, installé “sur son fauteuil” au-delà du souhait populaire, au-delà même des élections qui l’ont placé en minorité.

Un fauteuil vide, c’est peut-être ce que devrait être la démocratie.

Samuel Hayat

Dans notre réalité, le président se donne de plus en plus de pouvoir, comme pour combler le vide laissé par une crise institutionnelle mal résolue. Ce modèle s’oppose à l’idée d’une démocratie vivante, où les citoyens peuvent intervenir et où les dirigeants ne font que passer. On sent bien que ce “fauteuil vide” est un appel, un cri pour un renouveau démocratique, une structure où le pouvoir reste entre les mains du peuple, au lieu de se figer dans les mains d’une seule personne.

L’histoire d’une dérive démocratique

«Ce n’est pas une démocratie, c’est un régime présidentiel.» Pour Hayat, ce qui est dangereux avec Macron, c’est l’absence de contrepouvoirs face à un président qui se veut tout-puissant. Il va même plus loin en comparant cette situation à une autre époque de l’Histoire française, évoquant l’hypothèse de Chirac qui aurait refusé de céder à la gauche en 1997. Une hypothèse qui, selon lui, illustre bien la dérive actuelle où l’on s’appuie sur les failles du système pour maintenir une emprise sur le pouvoir. 

On se retrouve dans une situation où les gouvernements ne sont tenus par les élections que de manière relative.

Samuel Hayat

Hayat insiste sur le danger de normaliser une telle pratique qui, à terme, risque de fragiliser la démocratie au point de la rendre méconnaissable.

Le peuple et le tchat : «On est là !»

Le peuple, Samuel Hayat le décrit souvent comme absent, mais le tchat n’a pas manqué de répondre, presque en écho à cette absence : «Nous, on est là, hein !» lance un internaute. David Dufresne s’en amuse, mais souligne l’importance de cette voix collective qui continue de se manifester.

C’est aussi ça, Au Poste : un espace où la parole n’est pas seulement prise, mais partagée. Cette intervention dynamique du tchat redonne immédiatement une dimension plus concrète à la discussion. Ce n’est pas seulement un débat académique sur les méandres du pouvoir, mais une vraie interaction avec celles et ceux qui, au quotidien, subissent les décisions politiques. Celles et ceux pour qui le fauteuil du président est tout sauf vide.

Une coutume institutionnelle dangereuse

Pour Samuel Hayat, le plus préoccupant, c’est l’instauration de ce qu’il appelle une «coutume institutionnelle délétère». Si les présidents peuvent désormais gouverner en minorité, en s’appuyant sur l’extrême droite, alors «on est face à un précédent dangereux.» Ce point de vue, partagé sans ambiguïté, a laissé le studio dans un silence pesant, avant que David Dufresne ne lance : «C’était ton côté Giscard d’Estaing, mais non, tu es resté sur la démocratie.» Un moment de légèreté pour désamorcer une discussion sur le fil du rasoir.

Mais Samuel Hayat ne se laisse pas distraire. Il revient sur ce qu’il considère comme une menace pour l’avenir : la normalisation de l’autoritarisme sous couvert de stabilité. «C’est une coutume qui, si elle persiste, risque d’être reprise par d’autres gouvernants et de devenir un standard politique en France» Cette analyse montre à quel point la vigilance démocratique est essentielle pour éviter que des décisions présentes n’établissent des précédents délétères pour les générations futures.

Réformer pour sauver la démocratie

En clôturant le live, on retient l’urgence de réformer une démocratie à l’asphyxie, d’ouvrir des possibilités là où les portes semblent se fermer. «Il faut redonner du pouvoir au peuple, mais pas un pouvoir choisi par le président» conclut Hayat.

Trois questions clés

Pourquoi Samuel Hayat parle-t-il de «crime contre la démocratie» ?

Samuel Hayat fait un lapsus révélateur :suggérant que la crise actuelle dépasse les simples dysfonctionnements institutionnels et relève d’une attaque contre les fondements mêmes de la démocratie.

Quels sont les risques de gouverner en s’appuyant sur l’extrême droite ?

Selon Samuel Hayat, cela crée un précédent dangereux, instaurant une coutume qui affaiblit la démocratie et ouvre la voie à des dérives autoritaires.

Pourquoi les contre-pouvoirs institutionnels sont-ils insuffisants en France ?

Contrairement aux États-Unis, les contre-pouvoirs en France ne sont pas institutionnalisés de manière assez forte, laissant un président comme Macron accumuler des pouvoirs sans réelle opposition.

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