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Lycéens victimes de violences policières: la riposte des parents

Lors d’un blocus organisé au lycée Hélène Bouchez à Paris, en juin 2024, plusieurs lycéen·nes ont été victimes de violences policières. Braquage d’arme de poing directement sur les élèves, coups, insultes et menaces : face aux vidéos révélées par Le Monde, le collectif de parents d’élèves demande à être reçu conjointement par la préfecture et le rectorat. Une plainte va être déposée. Reportage photo.

Cliniques mais déterminés, des parents d’élèves ont pris la parole hier. Leur cible : la répression policière contre les lycéens mobilisés. Leur message : assez. Leur plan : alerter la Défenseure des droits, et aller jusqu’à porter plainte :« On veut faire taire les lycéens en les traitant comme des délinquants. Mais ce sont des citoyens en devenir, pas des ennemis de l’ordre. » Le collectif dénonce un engrenage qu’il juge structurel : la criminalisation des actions lycéennes . L’exemple qui les réunit : le blocus pacifique du lycée Hélène Bouchez, maté à coups d’hématomes, d’insultes, de gazages.

Le message est frontal, politique : les lycées ne sont pas des zones à sécuriser mais des lieux d’apprentissage, de conflit parfois, avant tout : de citoyenneté. Les parents, accompagnés par plusieurs collectifs, appellent à une reconnaissance du droit à la contestation des jeunes. Au Poste y était.

Syndicalistes présents lors de la conférence de presse.
« Ce ne sont pas les élèves qui font dégénérer les situations, ce sont les forces de l’ordre. » Pour les différentes organisations présentes (LDH, FCPE et Sud Éducation Paris), l’institution scolaire n’a pas pu ou n’a pas voulu protéger les élèves. « C’est pour cette raison que nous la mettons directement en cause. »

La conférence s'est tenue à la Ligue des Droits de l'Homme, salle Alfred Dreyfus.
« À Hélène Boucher, ce ne sont pas juste trois flics violents, c’est une stratégie assumée. » Plusieurs lycéens, présents lors du blocus, ont fait le choix de témoigner. Pour eux, la répression résulte d’une véritable stratégie. « C’est un outil de terreur, pas de justice. […] C’est simple : si vous ne voulez pas de violence, n’envoyez pas la police. »

Conférence de presse organisé par le collectif des parents d'élèves dans les locaux de la LDH.
« Le rectorat et les chefs d’établissement doivent retrouver leur mission première : protéger et éduquer, pas réprimer. » Parents et professeurs plaident pour que l’institution scolaire renoue avec son sens premier. « Des élèves qui expriment un mal-être scolaire se retrouvent arrêtés à 6 h du matin, filmés, gazés, placés en garde à vue. Où est l’écoute ? Où est l’école ? […] De plus, on peut voir que la répression ne s’arrête pas à la garde à vue : elle continue par des conseils de discipline. C’est une double peine injustifiable. »
Alice Becker, avocate au barreau de Paris.
Alice Becker, avocate au barreau de Paris, accompagne parents et élèves dans leur défense ainsi que dans le dépôt de la future plainte.
« Nous avons décidé de porter plainte pour des faits de violences aggravées. En effet, nous avons retenu plusieurs circonstances aggravantes : la qualité des auteurs (forces de l’ordre), le lieu, l’action de pointer sans raison des armes sur des élèves, et bien sûr le fait que la majorité des lycéens étaient mineurs. […] On espère que cette conférence de presse va donner un peu plus de poids à cette procédure, qui va être enclenchée dans les jours qui viennent. »
Tracts de prévention de la LDH.
« On envoie des compagnies d’intervention comme si c’était une émeute, pour des élèves qui bloquent en faisant un tournoi de foot. »
Aujourd’hui, lycéens et lycéennes demandent justice. « C’est une bande de psychopathes qui arrive avec des armes de service, qui nous les pointent dessus et qui font ce qu’ils veulent. »

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