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#LesRascals: descente ciné dans le Paris-baston des années 80

Jimmy Laporal-Trésor signe ici son premier film, à l’affiche depuis mercredi. Le décor: Paris banlieue 80’s. Les skins. Les Teds. Les premiers rappeurs. Le sang. Le FN. Assas. La souris deglinguée. Une réussite!

Ça commence comme un film de gangs, de la meilleure des trempes (West Side Story, le premier, Oustsiders et même Warriors) et ça se termine en drame familial et terreur sociale. C’est joué par une jeune génération d’acteurs qui vont compter, écrit façon boum-boum. On a pris le café avec Jimmy Laporal-Tresor qui nous a raconté la genèse du film (un indice: au tout début) et sa portée. On a causé langages, Louchebem perdu et Créole retrouvé, Le Pen père et députés RN de maintenant, de la musique qui saute les frontières, du New Moon à Pigalle et de Tchao Pantin, d’innocence perdue et des Black Panthers.

1984, Paris et sa périphérie. Les Rascals revient sur le climat social de l’époque et particulièrement sur les rixes avec les . Un film hybride, politique et populaire qui dépeint le passage d’un vieux monde a l’émergence d’un nouveau, témoignant des métamorphoses qui adviennent alors en France : désillusions suite au deuxième mandat de Mitterrand, montée de l’extrême droite aux élections européennes et dans la rue avec les ratonnades de « bonehead ». Enfin naissance de la culture Hip Hop.

On avait envie de regarder le mal en face. Regardez le racisme droit dans les yeux, dans ce qu’il est, sans complaisance et de manière radicale, parce qu’aujourd’hui, on est quand même dans une société où on laisse dire beaucoup de choses et faire beaucoup de choses qui sont intolérables par rapport à la devise de notre République : liberté, égalité.

Jimmy Laporal-Tresor

Dans ce contexte, se forme des «tribus» entre jeunes (Del Vikings, Black Panthers, punks…), à travers des affinités pour la musique, la mode, ou des intérêts communs. Des rassemblements fondés autour de valeurs positives qui vont progressivement se muer en groupes d’autodéfense face aux attaques de certains groupuscules d’extrême droite : les « boneheads », des éléments racistes et politisés, qui ont décidés de faire la loi eux-mêmes dans les villes.

C’est une culture qui est en train de naître, et en train de se faire. Un des enjeux du film, c’était de faire revivre les années 80 d’une manière inédite et non d’une manière fantasmée, mais plutôt authentique.

Jimmy Laporal-Tresor

Film de bande, les Rascals évoque un groupe très « rock ‘n’ roll » dans l’apparence, inspiré par des groupes rockabilly de l’époque ; une mouvance centrale face aux skins. Les personnages incarnent à leurs manières les différentes nuances des deux camps qui s’affrontent. D’un côté des jeunes aux origines variés, issus de l’immigration et dont l’intégration est difficile. De l’autre, les rangs de l’extrême droite, dans la diversité des rôles et des statuts. 

Les Rascals rend hommage à cette jeunesse rebelle et combattive, en mettant à l’honneur son franc-parler : louchebem (bouchers des Halles), argot, verlan et créole. C’est un film qui parle du passé pour mieux rentrer en résonance avec le présent. Celle des attaques récurrentes et des violences physiques perpétrées par l’extrême droite, comme en attestent les nombreux cas recensés ces dernières années. Jimmy Laporal-Tresor le déplore : « 40 ans plus tard, on est dans les mêmes questionnements et limite la situation est pire. »


Les Rascals, une bande de jeunes de banlieue, profite de la vie insouciante des années 80. Chez un disquaire, l’un d’eux reconnait un skin qui l’avait agressé et décide de se faire justice lui-même. Témoin de la scène, la jeune sœur du skin se rapproche d’un étudiant extrémiste qui lui promet de se venger des Rascals. Alors que l’extrême droite gagne du terrain dans tout le pays, la bande d’amis est prise dans un engrenage. C’est la fin de l’innocence…

Le pitch du film

1 commentaire
  1. Ce matin il y eut ce live avec Jimmy Laporal-Trésor à propos de son premier long métrage. Ni une, ni deux, j’ai pris une place afin d’aller le voir le soir même pendant que lui et David en parlaient. J’en reviens.
    Des sourires, des curiosités, des larmes et des palpitations sont venues se montrer à ce cerveau qui perçoit un jeu d’acteurs et d’actrice et une réalisation, ne disons pas parfaits, ce serait oublier les imperfections sous-jacentes à la vie, mais d’une qualité extrême. Ces jeunes interprètes donnent un goût de ressenti et de vie des espaces de l’action. Il n’est pas besoin de trop d’effets ni d’exagération pour qu’une histoire nous prenne par les tripes. Et il serait mentir de dire qu’ils, ce réalisateur et tou.te.s ses acteurices, n’y sont pas arrivé.e.s.
    Contrairement à d’autres films que j’ai vu par le passé, il n’y a pas d’idéologisation d’une époque ou d’un groupe, rien de caricatural ou d’exagéré. Au contraire on est plongé dans des angles de vies difficiles teintées de traumatismes que ces situations conflictuelles, et au combien banales, d’une ère que l’on a cru trop longtemps dépassées, nous livrent non-pas crûment mais plutôt frontalement.
    Si revivre cette période et tout ce que l’on y imagine est votre but, passez votre chemin. Non idyllique, ce n’est pas non-plus un monde horrible. Juste une ère charnière qui bouleversera nombre de vies et transformera ce pays, en bien et en mal. Ce film c’est une incarnation de ce qu’allait devenir la France dans les années à venir. Frédérique, Rico, Adam, Mitch, Rudy1 et les autres symbolisent et focalisent une parties des enjeux de ce temps à se souvenir.
    Je conseille d’aller le découvrir, ce serait une erreur de le rater quand vous avez encore l’occasion d’aller le voir au ciné.
    Et enfin je dirai que je retournerai le voir pour me retrouver quelle était cette chanson de Georges Brassens ayant titillait mes esgourdes.

    1 Angelina Woreth, Missoum Slimani, Victor Meutelet, Emerick Mamilonne et Jonathan Feltre

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