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Léa Chamboncel, Loup Espargilière & Marine Doux

Les médias indés peuvent-ils sauver l’info?

Face au rouleau compresseur de la désinformation et à la concentration inquiétante des médias, une nouvelle génération de médias se lève. Cette table ronde, animée par Marine Doux, réunit Léa Chamboncel (Popol Média), Loup Espargilière (Vert) et David Dufresne (Au Poste) pour poser LA question : comment réinventer l’information ?

« Moi, j’avais besoin de dire à tout le monde : vous avez le droit d’avoir un avis sur la politique. » Léa Chamboncel ne cherche pas à convaincre, elle lance un appel. En créant Popol, son média féministe et participatif, elle veut redonner de la place à celles et ceux qu’on exclut des plateaux télé. Vulgariser la politique, casser les postures, parler vrai. À ses côtés, David Dufresne, taulier d’Au Poste, et Loup Espargilière, fondateur de Vert, racontent comment leurs médias indépendants réinventent le lien avec le public, au cœur du web.

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Informer, c’est agir

« Si on ne comprend pas le problème, on ne peut pas trouver la solution. »
Loup Espargilière

Ce besoin vital d’une autre information traverse toute la discussion. Pour Loup, la newsletter Vert naît d’un vide médiatique : l’écologie n’est plus une rubrique, c’est une grille de lecture du monde. Et pour la faire passer, il faut la rendre lisible. « Une info qu’on peut picorer, comprendre en 7 minutes, même au lycée. »

Chez Dufresne, le besoin est tout aussi viscéral : prolonger les débats du film Un pays qui se tient sage et offrir un espace où l’invité, l’animateur et le tchat sont à égalité et s’inscrit dans le temps long . L’interaction est au cœur du projet. Et quand l’animateur raconte sa frustration de perdre des membres du tchat, on sent l’attachement. Ce ne sont pas des abonnés, ce sont des visages, des voix, des complices.

Casser les formats, créer le lien

Le style, la forme, le ton : tout est politique. Léa s’en amuse : « Je suis une troll sur Twitter, mais bienveillante. » Popol est né en podcast, avec des appels à participation sauvages sur Instagram. « Tu veux parler de politique ? Écris-moi. » Résultat : des centaines de femmes et minorités qui prennent la parole pour la première fois, souvent face à des élues, dans des échanges d’égal à égal. « Et tu sais quoi ? Personne ne se coupe la parole. »

Chez Vert, l’humour devient un levier : jeux de mots à chaque newsletter, vidéos virales sur Insta, sketchs avec l’influenceur maison. « On n’adoucit pas la gravité des faits, on rend la lecture possible », explique Loup.

« Être écologiste de l’information, c’est produire juste ce qu’il faut »
David Dufresne

L’indépendance, à quel prix ?

« Nous, on gagne plus que Le Parisien, qui perd 40 millions. » La pique est signée Loup, mais le fond est sérieux. Les aides à la presse profitent aux milliardaires, pas aux médias indépendants. Dufresne, lui, pointe une autre menace : les plateformes. Shadowban, dépendance aux algorithmes, fausse gratuité. « On héberge nos lives chez nous, on se rapproche du logiciel libre ,mais qui regarde PeerTube ? »

Une logique économique qui écrase : pour postuler à une aide du CNC, il faut 50 000 abonnés sur une seule plateforme. Alors que Vert touche parfois 400 000 personnes avec un seul post Insta. « Mais demain, si Google décide de mettre les newsletters dans les spams, c’est fini », s’inquiète Loup.

Tchat en feu

Le tchat, justement, suit tout. Czosnek conseille BlueSky à Léa, Mouta la pousse sur Mastodon, Pajakju lâche une métaphore brillante : « C’est comme les restos qui refusent leurs étoiles pour ne pas perdre leur valeur. » La meilleure question ? Celle d’Adélaïde : « Comment parler à ceux qui n’ont pas accès aux médias indés ? »

La réponse est partagée : diversifier les visages dans les rédacs, sortir de Paris, multiplier les formats. David, plus radical, pense en rhizome : « On ne sera jamais plus gros qu’eux. Alors soyons plus créatifs. »

« Je ne veux pas jouer à la marchande comme à BFM »
David Dufresne

Un projet de société

Au fil de l’échange, quelque chose se dégage. Une vision commune, fragmentée mais solidaire. Pas une opposition simpliste aux grands médias, mais une construction patiente de liens, d’expériences, de voix. « L’info n’est pas une marchandise comme les autres », rappelle Dufresne. « Popol, c’est créer un espace où on ne t’interrompt pas », conclut Léa. À ce moment-là, dans la salle comme dans le tchat, on ne pouvait qu’être d’accord.

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Pourquoi les médias indépendants sont-ils cruciaux pour la démocratie ?

Parce qu’ils donnent la parole à celles et ceux qu’on exclut des médias dominants, parce qu’ils ne dépendent pas d’actionnaires, et surtout, parce qu’ils expérimentent.

Quel est l’impact réel des algorithmes sur la diffusion de l’info ?

Ils favorisent les contenus clivants, souvent d’extrême-droite. Les médias comme Vert ou Au Poste doivent constamment ruser pour exister.

Pourquoi cette quête d’indépendance est-elle si difficile économiquement ?

Parce que les aides publiques vont en majorité aux médias détenus par des milliardaires. Et parce que les plateformes changent les règles du jeu à tout moment.

Peut-on informer sans être journaliste de métier ?

Oui, et Popol en est la preuve. Des centaines de voix nouvelles ont pu parler de politique sans passer par Sciences Po. L’important, c’est la sincérité et la structure éditoriale.

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Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par la rédaction.

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