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Pauline Ferrari #AuPoste #BonjourColere

Les masculinistes, ces hommes qui haïssent les femmes

Influenceurs mascus, coachs en séduction, développement personnel : comment les masculinistes infiltrent les réseaux sociaux.? Deux heures passionnantes avec Pauline Ferrari, autrice de Formés à la haine des femmes (JC Lattès), une plongée dans l’univers sombre des incels et de la radicalisation masculine en ligne.

Dans cet épisode de Bonjour Colère, la journaliste Pauline Ferrari nous parle de la normalisation inquiétante de la misogynie et de la façon dont le masculinisme, cantonné au web obscur il y a quelques années, a désormais envahi les espaces numériques mainstream. Un constat alarmant, dont les premiers concernés sont les jeunes garçons, les plus exposés à ces idéologies dangereuses.

La journaliste spécialiste des questions de genre plante le décor : la société ne peut plus ignorer le danger que représente le masculinisme. Né dans les années 80 pour « défendre les droits des hommes », le mouvement est passé de la marginalité à une présence menaçante sur les réseaux sociaux. Il s’est aujourd’hui diversifié et professionnalisé, porté par des influenceurs mascus et un discours hybride, mêlant coaching en séduction, développement personnel, avec en son épicentre cette idée : les femmes seraient responsables de tous les maux des hommes.

L’animatrice revient sur un fait divers glaçant : un homme en Gironde, arrêté avant de passer à l’acte, avait planifié une tuerie de masse inspirée par Elliott Rodger, une figure du mouvement masculiniste incel. Pauline Ferrari souligne l’absurdité du traitement médiatique: « C’était un attentat déjoué, puis ça ne l’était plus… ». «Gérald Darmanin ,alors ministre de l intérieur a lui-même effacé la mention de l’attentat après coup», nous rappelle Pauline Ferrari, pointant du doigt la légèreté avec laquelle ce sujet crucial est traité.


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Infiltration des réseaux sociaux

Pour elle, le vrai danger est dans cette infiltration insidieuse des réseaux sociaux. Ces espaces sont aujourd’hui saturés par des discours de haine qui séduisent des adolescents en quête de repères. « Le masculinisme, c’est un mouvement social et politique, pas juste une opposition au féminisme », explique-t-elle, insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas seulement de discours mais bien d’actions concrètes visant à faire régresser les droits des femmes et des communautés LGBTQIA+.

La journaliste connaît son sujet : elle travaille depuis des années auprès de publics scolaires, elle a pu  y constater de ses propres yeux, les conséquences de cette radicalisation sur ceux ci, déjà vulnérables face aux injonctions à la virilité.

Un phénomène qui prend racine en Europe

Ferrari avoue son propre étonnement quant à la rapidité de l’importation du modèle américain des incels en France : « On pensait que cela n’arriverait jamais ici », dit-elle avec une angoisse déjà résignée. Elle mentionne les précédents en Allemagne et en Angleterre, des attaques inspirées par cette mouvance qui, bien qu’enfouie dans les tréfonds du web il y a quelques années, s’est mise à proliférer via les réseaux mainstream comme YouTube ou TikTok. « Ça arrive, et ça risque encore plus d’arriver si on ne fait rien », conclut-elle.

Dialogue avec le tchat

Le tchat, quant à lui, ne reste pas en retrait. MariePoppins commente : « Comment les médias peuvent-ils parler de fragilité psychologique quand on parle d’une tentative de tuerie ? » Question qui résonne vite avec l’indignation de Ferrari.

Florian91 ajoute : « Ces influenceurs sont dangereux parce qu’ils apparaissent comme des modèles de réussite aux yeux des jeunes ». Pauline Ferrari acquiesce : ce n’est pas tant la violence explicite, mais la normalisation des idées qui rend le discours masculiniste audible et efficace. La banalité du mal, là, sous nos yeux, et qui séduit si facilement.

L’influence des coachs en séduction

Dans un moment plus détendu, Ferrari évoque les figures de ces fameux coachs en séduction, véritables gourous pour une jeunesse masculine en quête d’affirmation. Les éclats de rire résonnent quand elle raconte comment ces coachs se présentent comme «experts» en relations humaines, avec des conseils qui flirtent souvent avec le ridicule.

Mais l’animatrice ramène la discussion à plus de sérieux, en rappelant que ces inepsies sont bien le symptôme, sinon l’origine, de la culture du viol. Ferrari acquiesce, exposant à quel point cette frontière est floue entre le développement personnel et le discours de haine dans l’idéologie masculiniste moderne.

Trois questions clés

Pourquoi la rhétorique masculiniste est-elle dangereuse?

La perspective masculiniste n’est pas un mouvement d’émancipation, à l’instar du féminisme. Pauline Ferrari insiste sur le fait qu’il s’agit d’un véritable mouvement social et politique, qui pose des actes concrets pour faire reculer les droits des femmes.

Quel est l’impact réel du masculinisme sur les réseaux sociaux ?

Les réseaux sociaux permettent aux discours masculinistes de se diffuser de manière exponentielle, atteignant une jeunesse influençable et créant une normalisation de la haine et de la culture du viol.

Comment agir face à la radicalisation masculiniste en ligne ?

Pauline Ferrari prône une sensibilisation précoce, dès le milieu scolaire, pour éduquer les jeunes aux dangers du masculinisme et les aider à développer un esprit critique face à ses influenceurs toxiques.

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