« Les milliardaires ont pris la place, et nous, les chaises » – David Dufresne

Entre des questions acérées, des éclats de rire complices et une foule qui réagit au quart de tour, l’atmosphère est électrique. Il y a 60 milliards à gagner, mais surtout, il y a beaucoup à apprendre.

« Vous aimez les milliards ? Asseyez-vous et jouez ! » C’est ainsi que David Dufresne lance le grand quizz des super milliardaires lors de la Fête de l’Huma, sous une tente bondée du village des médias indépendants. Avec une énergie débordante, il invite le public à venir décrocher le jackpot des 60 milliards – les liasses sont fournies par les camarades d’Attac. Aux côtés de Tristan, rédacteur en chef de Fakir, il s’amuse à poser des questions pour mettre à nu les vérités sur les grandes fortunes françaises et leur contrôle des médias.

«Est-ce que c’est huit, neuf, ou dix milliardaires qui contrôlent 90 % des médias français?», demande Tristan, face à une foule qui joue le jeu. Dufresne et Tristan se renvoient la balle avec habileté, se moquant ouvertement de la situation. La tension monte, et le public est captivé : chaque réponse devient l’occasion de dévoiler les connivences entre politique et économie – et le public, souvent aupostien, n’est pas en manque de bonnes réponses. «Bravo, c’était neuf !», lâche David.

«Le milliardaire de la TNT, c’est qui ?» continue David, le public réagit, les noms défilent : Saadé, Bettencourt, Pinault, Kretinsky. L’ambiance est détendue, les éclats de rire fusent, mais les sujets sont lourds. La mécanique est implacable : avec chaque question, c’est un aspect du pouvoir des magnats qui est démystifié, des anecdotes qui révèlent leurs accointances et leurs ambitions.

Alors que Tristan profite d’une pause entre deux questions pour remercier les petites mains qui ont apporté les chaises et ceux qui font vivre l’événement, David attaque «Fakir avait coupé le cordon ombilical avec François R., et voilà que tu fais comme François R !» Puis c’est au tour d’un passant d’être harponné par l’animateur : «Vous, Monsieur qui buvez sans soif, vous ne pourrez pas gagner les 60 milliards car vous n’êtes pas assis sur la chaise.» Un rire nerveux parcourt la salle. Si c’était si simple…

Du tchat en direct, un commentaire de Manu78 attire l’attention : «Ils ne laisseront jamais tomber leurs chaises, même pas pour 60 milliards, faut pas rêver.» Un autre, d’une certaine Clara P., ajoute : «On est là pour l’ironie, pas pour les milliards, mais on aime voir les riches se faire griller.» C’est ce que sont les quizz : des moments d’ébullition, où le sentiment de communauté vivante est partagé, où la critique des puissants est unanime, amplifiée, et rendue presque joyeuse par la connivence collective.

Le dernier échange est encore plus grinçant : «Quel média n’appartient pas à Bolloré ? La Provence ? Le JDD ? Paris-Match ? Europe 1 ?», demande Tristan, et la salle hésite, puis se trompe. «Non, c’est La Provence», dit-il, avant de souligner avec ironie à quel point cela atteste de l’omniprésence de Bolloré. À chaque réponse, c’est une pièce du puzzle qui s’ajoute, dévoilant le réseau des puissants, leur contrôle, et l’immense distance entre eux et le public.

Les rires, l’humour noir, la dérision ne cachent pas l’enjeu : dénoncer le pouvoir économique des quelques uns, et rappeler qu’il existe une autre voie, celle de la solidarité. David et Tristan concluent en appelant tout le monde à se retrouver avec Fakir, pour continuer la discussion.

Trois questions clés

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