Cette semaine, nos copains de StreetPress ont sonné l’alarme: «Ils veulent en finir avec la presse indépendante. ». Ils, les députés RN. En finir: en augmentant la TVA appliquée aux titres de presse. Un coup de boutoir qui fait suite au projet de loi de finance du ministère de la culture qui annonce retirer 30% des aides au Fonds de soutien à l’expression radiophonique locale, soit près de 10 millions € versées directement aux radios libres associatives (lire Radio Canut)
La bataille de l’argent, déjà larvée et épuisante pour les médias indépendants, devrait donc faire rage dans les mois qui viennent. Si ces deux coups de canif ne visent pas directement Au Poste (90% de nos revenus proviennent de vos dons, non assujettis à la TVA, cf. nos comptes), ils nous touchent — et nous concernent, toutes et tous.
Un détour par l’Italie suffit pour nous en convaincre, en suivant les manœuvres du gouvernement Meloni pour verrouiller l’information (Mediapart).
L’enjeu est limpide: c’est celui de l’indépendance médiatique. Celui des idées, des confrontations, des débats. Celui de la possibilité même de la discussion, non autorisée, à tout le moins non validée. Même le Washington Post, forcé par son proprio (Jeff Bezos) à ne pas prendre position contre Trump (de peur qu’Amazon perde ses contrats gouvernementaux), révèle que le journal votait Harris (lire «Ni Harris, ni Trump, la neutralité du Washington Post symbolise l’affaiblissement des médias traditionnels», dans Le Temps). La presse aux mains des milliardaires, c’est ça. Et c’est désastreux pour tout le monde.
Au Poste, notre vision puise largement dans le programme «Les jours heureux» du Conseil National de la Résistance qui, en 1944, rappelait la base:
« La pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression, la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères, la liberté d’association, de réunion et de manifestation ».
Source: Acrimed
Ce à quoi la Fédération nationale de la presse française (syndicat patronal, créé au sortir de la guerre), ajouta dans sa Déclaration des droits et des devoirs de la presse, ces articles qui résonnent tellement aujourd’hui (cf. la carte «Médias français, qui possède quoi» du Monde Diplomatique):
« Art. 1. La presse n’est pas un instrument de profit commercial, mais un instrument de culture ; sa mission est de donner des informations exactes, de défendre des idées, de servir la cause du progrès humain.
Art. 2. La presse ne peut remplir sa mission que dans la liberté et par la liberté.
Art. 3. La presse est libre quand elle ne dépend ni de la puissance gouvernementale ni des puissances d’argent mais de la seule conscience des journalistes et des lecteurs. »Source: Acrimed
Voilà pourquoi soutenir la presse indépendante (quel que soit le média) est désormais un engagement pour nos libertés. Voilà pourquoi les aides à la presse, artisanat/industrie mécaniquement non rentables, sont une des garanties d’une véritable pluralité — même si, évidemment, il serait bon de remettre sur la table les modalités d’attribution de ces aides: les entreprises médiatiques aux mains de milliardaires doivent elles être aidées comme si de rien n’était (ie: comme si leurs propriétaires n’avaient pas les moyens de renflouer les coûts de leur influence)? Non. Trois fois non.
Cette semaine, Au Poste se rend à Gaza, deux fois (Livre noir de Gaza et Voyage à Gaza), au cinéma, deux fois aussi, et dans les archives de la subversion.
Bon dimanche, bonne semaine!