Que reste-il de l’anarchisme aujourd’hui? Où , chez qui, et comment s’incarne-t-il aujourd’hui? Dans le végétalisme, l’amour libre, les jaunes gilets et la bohême. Mais encore?
Sylvain Boulouque est l’auteur de Le peuple du drapeau noir : une histoire des anarchistes (Atlante)
Y’en a pas un sur cent, et pourtant ils existent » … et depuis longtemps ! De l’émancipation par la culture, en passant par la Commune de Paris, et le rock alternatif, l’histoire de l’anarchisme est multiple, fleurissante. Sylvain Boulouque, auteur du petit mais complet « Peuple du drapeau noir : une histoire de l’anarchisme » (éditions Atlande) était au Poste pour parler de son travail.
Un livre qui ne sent pas la poussière, une histoire express d’un courant politique qui, sans être jamais majoritaire dans la société, a réussi à s’implanter durablement et à infuser les luttes, les lieux, et la culture. L’anarchisme, une « idéologie pas comme les autres » avec ses quelques milliers de militants dans la France des années 80, a survécu à toutes les révolutions culturelles et politiques.
« J’ai voulu me mettre à la place d’un étudiant, d’un lycéen qui ne connaîtrait rien à l’anarchisme et voudrait le découvrir »
Sylvain Boulouque
Un livre simple mais dense parce qu’il raconte une certaine histoire de l’anarchisme à travers les âges, de François Rabelais et son Gargantua assoiffé de culture, à François Guillemot et ses Bérurier noir assoiffés de révolte. Une histoire, un point de vue qui n’en exclut bien sûr pas d’autres, mais qui rend hommage. Pour « l’historien de la gauche radicale », comme il a pu être appelé à l’époque de sa collaboration avec le Nouvel Obs, l’anarchisme est marqué par plusieurs « anti » : anticapitalisme, anti-cléricalisme ou anti-religions, anti-étatisme mais aussi par l’internationalisme (avec des nuances selon les périodes).
Une idéologie qui a su se diffuser à travers la culture principalement, mais aussi par des modes de vie atypiques, prônant la liberté partout, dans l’amour, comme au quotidien. Refuser l’oppression individuelle et trouver des moyens de parvenir à l’émancipation humaine. En créant de nouveaux imaginaires, en participant à la fondation de contre-sociétés à travers l’histoire, l’anarchisme peut-être compris comme une agitation en puissance, qui ne chercherait pas à convaincre de sa vérité, mais à donner à voir d’autres possibles, plus égalitaires et collectifs.
« Quand la fin des ressources sera atteinte et le capitalisme effondré, il restera la féodalité, le chaos, OU l’Anarchisme ! »
DonneLaPapatte
En France, l’anarchie est souvent synonyme de chaos. On pense souvent à la propagande par le fait, et principalement par son penchant le plus direct : le sabotage matériel des autonomes d’hier et d’aujourd’hui ,comme les attentats à la bombe du 19e siècle. Pourtant, ce n’est qu’une infime partie de l’histoire de l’anarchisme. Ce courant, comme tous les autres pétri de contradictions, fait la part belle, sûrement plus que d’autres, à l’importance de la culture. La question éducative a toujours été importante chez les anarchistes et c’est pour cela que, sans être pour autant favorable à « l’école de la République », l’idée anarchiste a toujours voulu incarner une certaine idée du savoir. C’est bien pour cela qu’on dit parfois que « deux anarchistes qui s’engueulent, ce sont deux librairies qui s’ouvrent ».
« Il y a toujours eu dans le mouvement libertaire cette cohabitation d’archipels anarchistes qui soit s’entremêlent, soit s’éloignent mais qui toutes se revendiquent de l’anarchisme. C’est lié parce que les autres courants cherchent une représentation publique plutôt unifié. Les libertaires s’en moquent, c’est pas leur problème. Leur problème c’est d’arriver d’une manière ou d’une autre au développement des idées libertaires, par tous les moyens. »
Sylvain Boulouque
Sans faire l’impasse sur les impensés du mouvement anarchiste, ses contradictions et ses parts d’ombre, ce petit livre est une très bonne approche pour comprendre ce qui, de la Commune au mouvement punk, a fait l’histoire de l’anarchisme en France et comment cette histoire est aussi (et peut-être surtout) une histoire de toutes les luttes.
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