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Louis Boyard & Camille Etienne & Ritchy Thibault

L’avenir de notre génération est-il en péril ? Causerie Camille Etienne/Louis Boyard

C’est un nouveau rendez-vous (mensuel) d’Au Poste, une carte blanche à l’activiste Ritchy Thibault: la Barricade. Pour ce premier numéro, Ritchy a convié Camille Etienne, militante écologiste, autrice de Pour un soulèvement écologique : dépasser notre impuissance collective (Le Seuil, 2023) et Louis Boyard, député LFI 3eme circonscription du Val-de-Marne.

Le thème: «L’avenir de notre génération est-il en péril ?». Le ton: totalement libre. La durée: deux heures et vingt minutes. L’engagement, la politique, le vote, la désobeissance civile, l’optimisme du désespoir, Gorz, Mélenchon, les mines de charbon allemandes. Cure de jouvence garantie.

Pour cette première Barricade, il a été question de lutte. Qu’est-ce que ça veut dire, lutter ? Où se passe la lutte ? Dans les urnes, dans la rue ? Où trouver la légitimité, quand on est au lycée, ou même quand on a 14 ans, pour militer ? Pour Louis Boyard, Camille Etienne et Ritchy Thibault, la jeunesse peut, mais aussi doit s’engager : face aux enjeux de l’effondrement climatique, elle n’a pas le choix.


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« Pourquoi la barricade ? Parce qu’on traverse une époque où il faut être capable de faire tenir un rempart face aux discours rétrogrades et réactionnaires qui investissent notre société » lance Ritchy Thibault, en guise de présentation. Lorsque ce dernier demande à Louis Boyard, député LFI, ce qu’il pense du titre de cette émission inaugurale, le député insoumis se dit « extrêmement confiant » dans cette jeunesse. « L’Education Nationale dit aux jeunes “engagez-vous” mais ne leur apprend jamais à entrer en conflictualité » dénonce-t-il, avant d’ajouter « Vous avez la légitimité d’entrer en conflictualité. »

C’est un peu le combat de mon engagement, de faire prendre conscience à ma génération de tous les bouleversements qu’on va vivre pendant ce siècle. […] Le dérèglement climatique, qui va nous demander de s’occuper de la façon dont on produit et dont on consomme. Qui organise la production et la consommation ? Ce sont les milliardaires. Il y a tout un ordre géopolitique et économique du monde qu’on va être obligé de changer. Je pense que ce siècle, nous allons vivre la fin du capitalisme, parce que nous n’avons tout simplement pas le choix.

Louis Boyard

« Si on veut une société en harmonie entre les êtres humains et la nature, il faut abolir les milliardaires », qui sont « les adversaires de ce siècle » affirme Louis Boyard. Comment ? Voter, répond-il. Mais ça ne suffit pas.

La lutte est une question de survie, elle change les choses, mais elle est aussi essentielle parce qu’elle convainc. Luttez, militez, faites de la solidarité concrète, et votez. Voter seulement, ça ne sert à rien. Militer seulement, je trouve qu’on perd quelque chose.

Louis Boyard

La relève militante, Camille Etienne en fait partie. Lorsqu’à elle aussi, Thibault demande ce qu’elle pense de l’avenir, elle répond en citant l’autrice Rebecca Solnit « L’espérance, c’est la croyance que ce que nous faisons est important. En ce sens-là, j’ai énormément d’espoir. »

Il ne faut pas voir la lutte comme une victoire ou une défaite. Rien de ce qu’on fait ne marche pas en soi. À chaque fois, on déplace un curseur, on rend de plus en plus inacceptable un positionnement, on fait sortir de l’impunité […] On arrive à arracher des victoires, à s’engouffrer dans des brèches, à inverser des rapports de force, à faire advenir l’impensable.

Camille Etienne

Appelant à une « mobilisation générale immense », Camille Etienne cite l’astrophysicien et philosophe Aurélien Barraud « il n’est jamais trop tard pour que ce soit pire. » Poursuivant son plaidoyer pour la lutte, elle rappelle qu’on ne lutte pas – seulement – pour gagner, ou pour convaincre, comme l’évoquait Louis Boyard.

Est-ce qu’on lutte pour gagner ou parce qu’on aime lutter ? […] Juste, être capable de dire : on refuse cette direction du monde, et on perd maintenant, mais on incarne ce refus de cette direction du monde, c’est extrêmement digne. On fait des choses, pas seulement parce que ça marche, mais parce qu’elles nous semblent justes. Je n’aurai pu être nulle part ailleurs ce jour-là, que d’être capable de dire à ceux d’après : Il y a cette histoire de la plus grande mine de lignite en Europe, et il y en avait 35.000, des irréductibles, qui jusqu’au bout, jusqu’au dernier jour, sont restés droit debout face à ces monstres qui étaient en train de manger la terre.

Camille Etienne

« On peut sortir de cette logique d’accaparement, qui d’ailleurs ne satisfait même pas les besoins essentiels » soutient Camille Etienne, s’appuyant les travaux d’André Gorz sur l’économie du besoin – un pacte social qui limite la production à la satisfaction des besoins essentiels.

Répondant à sa première question lui-même en fin d’émission, Ritchy Thibault raconte comment à 14 ans, alors qu’il est en « échec scolaire total », n’ayant « jamais lu un seul bouquin », sur les ronds-points des Gilets Jaunes, il entre dans la lutte. 

Je suis un enfant des Gilets Jaunes. Je suis le fils d’une gitane et d’un manouche français. Je n’étais pas du tout destiné à l’action politique et militante, parce que le milieu populaire auquel j’appartiens, la minorité de laquelle je suis issu, est un groupe de gens assigné à l’apolitisme. Mes grands-parents appartiennent à ces gens dans le pays à qui on a dit : la politique, ça n’est pas votre affaire. C’était le point commun avec les Gilets Jaunes. je me retrouve sur ce rond-point, et ça prend sens, c’est émancipateur pour moi. Et très spontanément, je me mets à acquérir des outils, et je prends conscience que la culture est une arme profonde pour mener le combat politique.

Ritchy Thibault

Rendez-vous le mois prochain, pour une nouvelle barricade à tenir.

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