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Lancer l’alerte à Marseille, mission impossible?

Erwan Davoux, haut fonctionnaire, conseiller politique et désormais… lanceur d’alerte à Marseille pour avoir signalé au Parquet National Financier (PNF) et au parquet de Marseille, plusieurs faits relevant, selon lui, du trafic d’influence, de la corruption passive et du détournement de fonds publics, au sujet de Martine Vassal, la présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille-Provence.

Ce signalement a été fait au nom de l’article 40 – qui impose aux agents publics, dans l’exercice de leurs fonctions, l’obligation de signaler sans délai au procureur tout fait délictueux ou criminel dont ils ont connaissance.
En cause ? L’embauche par Martine Vassal de son concubin comme directeur de cabinet, mais également sa pratique du clientélisme par des subventions et des voyages, mais aussi sa gestion dispendieuse.

Suite à ce signalement, une enquête préliminaire a finalement été ouverte après que le PNF a décidé de saisir la juridiction marseillaise, comme je le révélais dans Le Nouvel Obs publiée fin août qui a fait beaucoup de bruit à Marseille.

Jusqu’au début de l’année 2025, Erwan Davoux était le directeur des relations des affaires internationales et des affaires européennes du département : « j’ai tenté d’utiliser les procédures internes quand j’ai constaté les infractions, témoigne-t-il aujourd’hui. Devant l’absence de réponse et subissant même des sanctions à mon encontre, je n’ai pas eu d’autre choix que d’employer l’article 40 ». Tout au long de sa carrière, qui l’a amené à occuper les postes de chargé de mission à l’Élysée du temps de Chirac, de conseiller auprès de Valérie Pécresse, mais aussi de Jean-Pierre Raffarin et d’Alain Juppé, cet ex-cadre de la DGSE n’avait jamais vu un tel mépris des règles. Ce lanceur d’alerte, qui a vu son poste supprimé, a quitté peu après le département et vient de déposer une plainte pour harcèlement moral contre son ancien employeur. Mais depuis qu’il a lancé l’alerte publiquement et auprès de la justice, Martine Vassal et ses équipes n’ont cessé d’essayer de décrédibiliser son témoignage, portant plainte pour « chantage » et « provocation à la haine » – qui a amené le parquet de Marseille à ouvrir une enquête -, et allant jusqu’à l’accuser dans les médias d’antisémitisme – des accusations dépourvues de toute base factuelle – plutôt que de répondre sur le fond du dossier…

Alors, lanceur d’alerte à Marseille, mission impossible ? Voilà en tout cas une invitation qui va en tout cas me permettre d’interroger la place d’un lanceur d’alerte dans une collectivité et le rôle des journalistes, alors que l’affaire Vassal est bien réelle et entache les débuts de la campagne municipale de la candidate du centre et de la droite. Une rentrée chaude pour « la boîte noire » chez Au poste !

Marc Endeweld

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