«La France est une délinquante européenne» selon Marine Tondelier #AuPoste

A quelques heures de la fin de la campagne électorale, et dans la foulée de notre émission, de 9 à 10, avec le biographe de René Dumont, premier candidat écolo au monde en 1974, on fait le point avec leur secrétaire nationale: Marine Tondelier

La rencontre en quelques mots

La transition avec l’entretien d’Arthur Nazaret (1), biographe de René Dumont est toute trouvée puisque la patronne du parti qui se revendique de l’héritage de ce dernier entre dans les bureaux du Poste.

Pour Marine Tondelier, René Dumont n’était pas un utopiste mais un réaliste, contrairement à ce qu’il disait. Il fut le premier, en France, à introduire les courants écologistes, alors de tendance plutôt spontanéiste, dans le « cirque électoral ». Le parti des Verts ne naîtra que dix ans après l’élection de 1974, signe qui montre à quel point la démarche de l’agronome ne semblait pas naturelle. Si l’ancrage politique à la gauche du mouvement écologiste est désormais bien acté, Marine Tondelier revendique que son parti est écolo avant tout. Est-ce que cela explique la non-union avec d’autres listes de gauche ? La cheffe de file des Verts tempère : le scrutin à la proportionnelle à un tour n’encourage pas à l’union ; en revanche, le plan est toujours de travailler à une candidature commune avec ses « partenaires » de gauche pour les présidentielles de 2027.

Dans le timing serré dont elle dispose, Marine Tondelier revient sur les propositions les plus marquantes de la liste de Marie Toussaint, à commencer par la rédaction d’un « traité environnemental » qui entrerait en haut de la pyramide des traités européens, ainsi que de la mise en place d’un « droit de véto social » qui empêcherait le vote de toute mesure ayant des conséquences néfastes sur les 10% les plus pauvres. Fidèle à l’engagement radicalement pro-européen de sa formation politique, elle voit dans l’échelon supérieur un moyen de rappeler à l’ordre la « délinquante européenne » qu’est la France, condamnée à de multiples reprises pour inaction climatique. Elle réitère son soutien à une autre mesure qui divise à gauche, celle de faire de l’Europe l’actionnaire majoritaire des entreprises pétrolières telles Total. Le chat ne manque pas de réagir et plusieurs regrettent l’absence d’une ligne anti-capitaliste, voire d’une ligne claire tout court, chez les Verts.

Tout va devoir changer, il va y avoir une rupture. Soit c’est une rupture que l’on prépare, politiquement, avec les chercheurs, les intellectuels, la société civile, les partis politiques progressistes ; soit on n’y arrive pas et les changements radicaux vont arriver, mais pas à notre initiative. Ni consentis, ni préparés, mais subis, de manière très violente.

Marine Tondelier

En ce dernier jour officiel de campagne électorale des Européennes 2024, Marine Tondelier se montre optimiste, combative, et voit dans le recul médiatique des questions environnementales le signe que le « vieux monde » se défend face à l’avancée dans les mentalités des sujets qu’elle porte. Avant de s’en retourner militer sur ses terres d’Hénin-Beaumont, non sans avoir promis de revenir Au Poste dans un contexte plus propice au temps long de la discussion.

[1] René Dumont l’écolo: le candidat-prophète qui avait raison – https://www.auposte.fr/rene-dumont-lecolo-le-candidat-prophete-qui-avait-raison/

Trois questions clés