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La fête à Total (pour ses 100 ans et ses crimes climatiques)

Pour les 100 ans de TotalEnergies (ce mois ci), Au Poste était en direct en direct de la grande fête à Total, organisée par Extinction Rébellion France, dans le cadre de leur campagne Carnage Total. Au programme: des tables rondes animées par Au Poste, des ateliers thématiques pour revenir sur 100 ans de pratiques criminelles de TotalEnergies, penser la lutte contre la multinationale et rêver à un avenir débarrassé des énergies fossiles.

En bonus, des stands, de la bouffe de qualité, un monde fou, des sourires, et à la fin la Fanfare invisible puis le rappeur Signature (absent de notre live, mais un extrait ici)

À la première table ronde de cette soirée, nous avons des nouvelles de Total et de ses projets du moment. L’entreprise française est fort occupée en Ouganda et en Tanzanie, où elle exproprie par centaines des paysans de leur terre avec l’idée d’y faire passer un pipeline chauffé, jusqu’à l’océan Indien.

Une entreprise qui fait 20 milliards de bénéfices et qui ne veut pas trouver 2000 euros pour qu’une famille vive correctement, c’est une honte.

Pierre Larrouturou

Ce projet nommé EACOP s’inscrit dans la longue tradition – un siècle ! – d’extraction de sources d’énergie fossile, avec l’appui de la diplomatie française et parfois de ses moyens militaires. Passée maître dans l’art du lobbying, notamment à l’échelon européen, Total travaille autant à créer les conditions d’une demande forte qu’à répondre à cette même demande. Dans les années 1990, ce sont ses lobbyistes qui ont dissuadé le Parlement Européen de s’engager dans deux projets, ceux de l’écotaxe et de la ville sans voiture.


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C’est aussi la réthorique de la neutralité carbone, qui n’est rien d’autre qu’une arnaque où Total prétend mettre en place des mesures de compensation des projets qu’elle entreprend, pour mieux asseoir ces derniers. La vitrine verte qu’elle se donne est tout autant fallacieuse, tant la part d’investissement dans les énergies renouvelables est faible devant le développement de futurs projets fossiles, dessinant une tendance à la hausse pour cette production dans les décennies à venir. En témoignent Quentin Müller, journaliste, qui documente les désastres environnementaux des activités de Total au Yémen, et Fiona Steffan, qui alerte quant aux velléités de la firme d’extraire du gaz au large de l’Afrique du Sud, menaçant de destruction un écosystème très riche et fragile.

Aujourd’hui, Total n’est plus sous la tutelle de l’État français mais est héritière des anciens liens qu’elle a créés avec. Elle sait mobiliser les ressources que l’État peut lui fournir, que ce soit sur le plan diplomatique ou militaire, comme on a pu le voir en Ouganda. Dès 2016, la diplomatie française a incité l’Ouganda à militariser la zone pétrolière et l’armée française a formé les troupes ougandaises mobilisées.

Pauline Tetillon

La table ronde suivante pose la question des soutiens et des financeurs de Total. Comme le dit Jade Verda, artiste, beaucoup de ces informations sont publiques mais pas exprimées voire dissimulées, et l’une des batailles contre Total est de jeter la lumière sur ces liens, les rendre connus et compris. C’est ce à quoi elle contribue avec sa « toile Total », où l’on découvre que l’entreprise finance des institutions sportives et culturelles telles que l’Institut du Monde Arabe, des expositions, des grandes écoles, entre autres. Cette stratégie globale de soft power repose sur l’idée de mettre en valeur les pays – et les régimes – dans lesquels elle est implantée ou cherche à s’implanter, ainsi que de tuer dans l’oeuf toute possibilité de contre-discours au sein des institutions qu’elle finance.

Avec d’autres outils, l’association Reclaim Finance représentée autour de la table par Antoine Bouhey opère un travail similaire, aussi complémenté par l’ouvrage « Le mensonge Total » de Mickaël Correia (1).

Total continue de vouloir augmenter sa production de pétrole et de gaz d’ici 2030. Ils ont des projets de développement qui vont au-delà de 2100. Ils n’ont donc pas du tout l’intention d’arrêter leur production. Notre stratégie est de montrer aux acteurs qui les financent que, s’ils veulent tenir leurs engagements de banques vertes, d’investisseurs verts, ils doivent sortir de ces financements auprès de Total.

Antoine Bouhey

S’ensuit pour la troisième et dernière table ronde une réflexion autour d’un avenir sans énergie fossile, des enjeux qui doivent émerger.

Anne Debrégeas, du syndicat Sud Énergies, pointe le besoin d’une immense quantité d’argent pour sortir des énergies fossiles, et explique que les actionnaires de Total drainent une grande partie de cet argent. 50% de nos factures d’électricité remboursent le capital. L’énergéticien français est le produit d’un système, le capitalisme d’État, c’est-à-dire le triple soutien politique, législatif et financier de l’État aux puissances d’argent qui possèdent l’entreprise, avec l’idée que cette dernière assure le bien public par son activité. Plusieurs des intervenantes et intervenants soulignent les limites de certaines stratégies de lutte, qui visent ses acteurs sans proposer de sortir du système. Une des réponses proposées est l’écologie décoloniale. Cette dernière pose le discours scientifique, par le haut, comme nécessaire à la prise de conscience mais non suffisant, pas mobilisable pour la lutte. Elle veut faire apparaître dans le débat public un discours par le bas, celui des premiers concernés, à savoir les peuples opprimés, les travailleuses et travailleurs. 

Le colonialisme, la guerre, l’extractivisme, le génocide sont des aberrations écologiques parce qu’elles détruisent des systèmes dont font pleinement partie des humains et des humaines.

Hala Bounaidja-Rachedi

Répondant spontanément à ce vœu d’horizontalité, les débats continuent de manière informelle et à bâtons rompus dans les travées des Arches Citoyennes.

(1) Mickaël Correia – Le Mensonge Total – Éditions Seuil – https://www.seuil.com/ouvrage/le-mensonge-total-mickael-correia/9782021555141

Trois questions clés

Pour quelle occasion a été organisée la « fête à Total » ?

La « fête à Total » a été organisée à l’occasion des cent ans de l’entreprise Total, pour informer sur ses activités et ses pratiques.

En quoi consiste la « fête à Total » ?

La « fête à Total » consiste en une succession de tables rondes et d’ateliers donnant la parole aux associations, journalistes, artistes, militantes et militants travaillant sur les activités de Total.

Qui a organisé la « fête à Total » ?

La « fête à Total » a été organisée par Extinction Rebellion France, aux Arches Citoyennes, tiers-lieu situé dans le centre de Paris.

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