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Olivier Azam, Mathilde Rouxel, Fabienne Messika & Jean-François Corty Cesure Medecin du monde Golem Jocelyne Saab

Jocelyne Saab et la résistance palestinienne

Pour cerner le présent, plonger dans le passé. Pour sa 4e édition, le Au Poste Ciné Mutins Club vous propose de plonger dans l’œuvre de la franco-libanaise Jocelyne Saab.


Les projections étaient suivies d’un débat avec Mathilde Rouxel, chercheuse et directrice de l’Association Jocelyne Saab, Fabienne Messika, du collectif Golem, autrice des «Refuzniks israéliens, ces soldats qui refusent de servir dans les territoires occupés» (Éditions Àgnes Vienot) et de Jean-François Corty, vice-président de .

Chaque premier jeudi de chaque mois, à la tombée de la nuit, le média autonome Au Poste s’associe avec les francs-tireurs de la plateforme VOD Ciné-Mutins pour des rencontres grand écran à Césure. Un long métrage de cinéma, l’équipe du film, une projection et ensuite : un débat dinatoire retransmis live et en roue libre sur Au Poste depuis la cantine. Et en première partie, pour brasser les genres et les gens, un ou deux courts métrages. Prix libre, satisfaction garantie. En partenariat avec La (super) Scop des Sales Gosses.

Que nous disent aujourd’hui les images de Jocelyn Saab, sur la guerre ? Impuissants face à “l’anéantissement massif” des Gazaouis, et alors que les images de guerre, de propagande, circulent partout, que nous faut-il ? Les regarder ? Ne pas les regarder ? Surtout, écouter les aidants, se souvenir, et penser l’après.

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La causerie en quelques mots

C’est la situation politique palestinienne qui, dans les années 1970, a amené Jocelyn Saab au journalisme. S’imposant vite à FR3, elle devient journaliste indépendante, réalisant ses propres documentaires, les vendant au monde entier. “Elle a été l’une des seules journalistes à descendre au sud du Liban pour documenter la résistance contre et surtout l’impact de l’armée israélienne au sud contre les Libanais” souligne Mathilde Rouxel.

Revoir les films de Jocelyn dans leur version complète, quand on considère que ce sont des version quasiment inédites, c’est aussi écrire une histoire de la télévision française : si elle avait de la place pour s’exprimer, il y avait un étau autour d’elle : elle avait une parole unique par rapport au reste de la télévision de l’époque.

Mathilde Rouxel

Les mutins de pangée sortiront prochainement un coffret avec les 15 premiers films que l’association a restauré. Pour Olivier Azam, l’un des fondateurs de la coopérative, bien favorablement connu de nos services, cette édition s’inscrit dans un devoir de .

Il ne s’agit pas seulement de réhabiliter une personne qui a fait du cinéma, du reportage, c’est aussi réhabiliter une mémoire qui fait partie de l’histoire, avec un point de vue affirmé. C’est le besoin d’avoir un regard indépendant sur un évènement, sur une histoire. Et on en voit l’intérêt aujourd’hui plus que jamais.

Olivier Azam

Fabienne Messika souligne à quel point le conflit israélo-palestinien est existentiel. Il l’est de façon tangible pour les Palestiniens, qui meurent et voient la s’éloigner, et il l’est pour les Israéliens, qui ont vécu le 7 octobre 2023 le fait qu’ils “ne seront jamais acceptés tant que les droits des Palestiniens n’auront pas trouvé de réalité effective”.

Aujourd’hui nous sommes dans un moment de l’impossibilité. Mais à partir de ce moment, il va falloir penser la possibilité. Entre ceux qui disent “un état ce n’est pas possible”, “deux états ce n’est pas possible”, que reste-t-il ? Il va falloir penser au jour d’après, parce qu’on ne peut pas laisser continuer une telle tragédie, c’est notre responsabilité collective. 

Fabienne Messika

Comme il avait pu le faire il y a quelques semaines sur Au Poste, Jean-François Corty décrit la situation exceptionnelle que représente le massacre à , notamment par la quantité d’aidants tués sur un temps si court : “une soixantaine de journalistes ont été tués. Plus d’une centaine d’aidants de l’ONU ont été tués. MSF a perdu 4 personnes, Médecins du Monde a perdu un médecin, avec toute sa famille.” Le vice-président de Médecins du Monde informe d’ailleurs sur “la tentative de délégitimation de la parole des aidants, en instaurant le doute sur les chiffres de mortalité”, ajoutant “je suis urgentiste, je connais ce genre de contexte, vu le nombre et la nature des bombes, vu la densité de population, quand on a une cible, c’est 30 à 50 civils qui meurent autour.”

La mortalité est estimée à 17.000 morts dûe aux bombardements. Mais ce chiffre ne compte pas les milliers de victimes qui sont restées sous les débris, ni tous ceux qui meurent de maladies classiques qu’on ne peut plus soigner. Au début du conflit, je parlais de pronostic vital engagé pour les Palestiniens à Gaza. Mais là on est dans une fin de vie, une agonie. C’est un anéantissement massif, délibéré de civils, de soignants, et probablement d’otages.

Jean-François Corty

Un commentaire de l’un des films de Saab marque le public : “il faut terroriser les images pour que les hommes choisissent de les oublier”. Elle pose la question : doit-on regarder les images qui nous parviennent de la guerre ? Pour y répondre, Mathilde Rouxel cite un autre passage : “celui qui pleure de ce qu’il voit ne ressent pas la même douleur que celui qui pleure de ce qu’il ne voit plus‘. Selon  Rouxel “ cette phrase signifie qu’on peut ne pas regarder les images. Je pense qu’au contraire, elle nous demande de les regarder, pour comprendre, et construire”.

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