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Rania Daki Lucile Juteau #AuPoste

L’urgence climatique vue des quartiers populaires

Rania Daki, porte-parole Justice climatique de Ghettup, vient exposer les vécus et les plans d’action de la jeunesse engagée pour une écologie résolument populaire, antiraciste et anticoloniale.

Saint-Denis, Gennevilliers, Aubervilliers… Dans ces quartiers populaires, l’écologie n’a rien d’un concept abstrait. Pollution omniprésente, accès limité aux espaces verts, nourriture saine inaccessible, relégation des habitants sous couvert d’aménagement urbain : c’est une lutte du quotidien. Rania Daki, porte-parole de Ghett’up, détaille les conclusions du rapport Injustice climatique, fruit d’un travail de terrain inédit. Son constat est sans appel : on parle de transition écologique, mais pour qui ? Alors que les quartiers subissent déjà de plein fouet les conséquences environnementales et sociales d’un système inégalitaire, la justice climatique devient un combat de classe et de territoire.


L’extrême droite qui rafle la mise, partout. Les libertés fondamentales attaquées de toutes parts. Une gauche de gauche à reconstruire. Plus que jamais une presse réellement indépendante, et pas pareille, est nécessaire.

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La causerie en quelques mots

« Ici, on ne parle pas d’écologie, on survit ». Rania Daki plante immédiatement le décor. Dans les quartiers populaires, l’environnement n’est pas une question théorique mais une réalité brutale et quotidiennePollution, bruit, îlots de chaleur, alimentation ultra-transformée, logements insalubres : chaque aspect du quotidien est marqué par l’injustice climatique.

« La crise climatique, on ne la vit pas dans 30 ans, on la vit déjà. » 
Rania Daki

Un urbanisme du mépris

Les infrastructures écologiques sont réservées aux centres-villes, tandis que les quartiers populaires se voient imposer des projets toxiques :

    • Un échangeur routier à Saint-Denis, qui asphyxie les écoles voisines, pendant que le village olympique bénéficie d’aspirateurs à pollution.
    • Des usines Seveso, des décharges, des chantiers permanents, placés systématiquement à proximité des cités.
    • Moins d’espaces verts, plus de béton, amplifiant les effets des canicules.

    « Le message est clair : certains ont droit à un environnement sain, d’autres doivent s’en accommoder. »
    Rania Daki

    Et quand les rénovations arrivent, c’est au profit de la gentrificationLes habitants historiques sont poussés dehors : les immeubles démolis, les loyers augmentés, les commerces de proximité remplacés par des enseignes inaccessibles.

    « On construit des pistes cyclables ? Oui, mais seulement quand une population plus riche arrive. »
    Rani Daki

    Une écologie pensée sans les classes populaires

    Le rapport Injustice climatique déconstruit un mythe : celui d’une écologie universelle et accessible à tous. En réalité, elle est pensée par et pour une classe favorisée, qui peut se permettre d’acheter bio, de vivre près d’un parc et de choisir son mode de transport.

    Dans les quartiers populaires, le choix n’existe pas :

      • L’alimentation saine est un luxe, les magasins bios sont inexistants.
      • Les logements sont mal isolés, transformant les immeubles en fours l’été et en frigos l’hiver.
      • L’accès aux soins est un parcours du combattant : la Seine-Saint-Denis est le premier désert médical de France.

      « Ce qu’on appelle sobriété chez les riches, c’est juste la réalité de nos vies. »
      Rania Daki

      Les habitants des quartiers populaires sont déjà des écolos involontaires : on recycle, on répare, on évite le gaspillage… mais pas par conscience écologique, par nécessité économique.

      Racisme environnemental et écologie décoloniale

      Pourquoi cette relégation des quartiers populaires ? Parce que les populations qui y vivent sont perçues comme indésirables. Le rapport établit un parallèle entre les injustices climatiques en France et celles subies par les anciennes colonies.

        • Mayotte, privée d’eau potable, alors qu’elle est un département français.
        • La Martinique et la Guadeloupe, intoxiquées au chlordécone.
        • Les quartiers populaires, marginalisés et privés des infrastructures écologiques.

        « L’écologie ne doit pas être un luxe blanc, elle doit être une lutte populaire. »
        Rania Daki

        Ce mépris institutionnel s’accompagne d’une invisibilisation médiatique : quand les jeunes de quartiers se mobilisent pour l’écologie, personne n’en parle. Pire, ils sont pointés du doigt lorsqu’ils ne participent pas aux grandes marches pour le climat.

        « On nous demande pourquoi on ne vient pas en manif. Mais nous, on risque la garde à vue juste en y allant. »
        Rania Daki

        Comment agir ? Une stratégie en quatre axes

        Ghett’up ne se contente pas d’un constat, l’association propose des solutions :

          1. Action institutionnelle : interpeller les pouvoirs publics, exiger des lois contre la ségrégation environnementale.
          2. Mobilisation collective : créer des alliances entre luttes écologiques et luttes sociales.
          3. Engagement citoyen : rendre visibles les discriminations environnementales.
          4. Actions individuelles : sensibiliser, donner aux habitants des outils pour faire valoir leurs droits.

          « On veut une écologie qui ne demande pas aux classes populaires de faire des efforts, mais qui commence par elles. »
          Rania Daki

          Pourquoi parle-t-on d’injustice climatique et pas juste d’écologie ?

          Parce que l’écologie, dans sa version actuelle, ne prend pas en compte les inégalités sociales et raciales. L’injustice climatique montre que certains subissent les effets du réchauffement plus que d’autres et qu’ils sont exclus des solutions.

          Comment les quartiers populaires peuvent-ils s’engager dans la lutte écologique ?

          L’enjeu est d’intégrer leurs réalités et leurs besoins dans les combats écologiques. Créer des infrastructures, rendre l’alimentation saine accessible, lutter contre l’accaparement des terres et contre la gentrification, ce sont des luttes écologiques.

          Peut-on vraiment changer les choses à l’échelle locale ?

          Oui, et Ghett’up le prouve en menant des actions concrètes : ateliers de sensibilisation, plaidoyers politiques, soutien aux mobilisations locales… L’écologie populaire existe déjà, il faut lui donner plus d’espace.


          Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par la rédaction.

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