Convoqué : Chapoutot Johann

Johann Chapoutot est historien, professeur d’Histoire contemporaine à Sorbonne Université. Spécialiste de l’histoire du nazisme, de l’Allemagne et de la modernité occidentale, il est l’auteur de plusieurs livres traduits dans quinze langues et distingué par plus d’und dizaine de prix nationaux et étrangers. Il est l’auteur entre autre de Le Meurtre de Weimar (PUF, 2010), La Loi du sang. Penser et agir en nazi (Editions Gallimard, 2014), Le Grand récit (PUF, 2021).

Son travail sur le management nazi, antichambre du management capitaliste moderne, est l’un des plus notables.

Déjà un habitué de nos services, Au Poste a eu l’honneur de recevoir l’historien à deux reprises en 2024. La première fois, en mars, nous nous posions avec lui la question : sommes-nous dans un “remake des années 30” ? Une sorte de préfiguration de ce qui nous attendait quelques mois plus tard, et de notre second entretien.

Avec une verve à la fois tranchante et laconique, Johann Chapoutot a exposé, pendant deux heures, les échos entre le paysage politique contemporain et celles des années 30, argumentant, avec rigueur et force détails, comment nous sommes entrés dans « un régime de nature illibérale à tendance fascisante », avec aux commandes « un pouvoir faible et agressif, et agressif parce que faible. »

L’historien explique qu’aujourd’hui comme dans l’entre-deux-guerres, les libéraux de l’extrême centre, notion théorisée par l’historien Pierre Serna, s’allient toujours aux partis d’extrême-droite, avec l’espoir de les utiliser dans leur propre intérêt, avant de se faire déborder.

Son second passage au Poste, en juin 2024, s’inscrit dans notre folle course pour tenir la barricade face à la vague brune. Cette fois, plus question de théoriser l’arrivée au pouvoir du Rassemblement National. Il était à ses portes, minuit moins une. Alors on a parlé encore des années 30, mais de 1936 cette fois, d’un Front Populaire à l’autre. Chapoutot a été l’un des premiers à nous avoir répondu, parce qu’« on a besoin de se serrer les coudes», écrivait-il.