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Convoqué : B.Diagne Nadège

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Actrice
 Nadège Beausson-Diagne, actrice, chanteuse, chroniqueuse, militante, femme debout, femme qui parle. Il y a des visages qu’on n’oublie pas, et des voix qui bousculent le silence. La sienne, c’est celle qu’on entend depuis trop longtemps dans le vacarme des non-dits. Elle est née un 18 juin, un symbole,  en 1972, à Paris, d’une mère franco-ivoirienne et d’un père sénégalais. Très tôt, elle choisit la scène pour lieu d’insurrection poétique.
 
Formée au conservatoire de Créteil, elle y apprend le chant, la danse, le théâtre. Deuxième prix d’interprétation : déjà la claque. Elle monte sur les planches, dirigée par Alain Maratrat, dans une pièce au nom révélateur : Rencontre. Elle en fera, des rencontres. Avec la caméra, avec les planches, avec les regards trop souvent en biais.
Le grand public la découvre en 2004, perruque blonde et sourire fêlé, dans Podium, où elle joue l’une des quatre Bernadettes de Benoît Poelvoorde. Mais c’est en 2010 qu’elle entre véritablement dans les foyers – ceux de France 3 – sous l’uniforme de la commissaire Sara Douala dans Plus belle la vie. Pendant quatre ans, elle y incarne une figure d’autorité, de justice, de complexité, sans jamais trahir ses convictions. Une femme noire dans un rôle de pouvoir, à une heure de grande écoute : déjà un geste politique.
Mais Nadège ne s’est jamais contentée de jouer. Elle prend la parole. Sur les plateaux comme dans la rue. Dans Rien à déclarerAgathe CléryTropiques criminels ou Meurtres à Cayenne, elle campe des personnages qu’on ne lui aurait pas donnés si elle n’avait pas su les prendre. PJ, Julie Lescaut, Pep’s, Les Bracelets rouges : autant de petits bouts d’hexagone où elle s’impose, dans une industrie qui préfère souvent le silence au débat.
Le débat, justement, elle le pose là, brut. Avec le collectif Noire n’est pas mon métier, elle signe un manifeste : dénoncer le racisme structurel du cinéma français, pointer les clichés, refuser l’invisibilisation. Elle y raconte les castings où on lui demande d’être « plus africaine », « plus chaude », « moins intelligente ». Elle y répond par la dignité. Elle y oppose sa vérité.
Nous l’avons retrouvée le jeudi 27 juin, Place de la République, à Paris. Il est 18h, le soleil tape, les regards sont graves. Les micros grésillent. Autour d’elle, des médias indépendants, des syndicats, des assos, des citoyen·nes venu·es défendre ce qui tient encore : nos libertés. L’air est dense. L’extrême droite est là, au bord du pouvoir. Elle, droite dans ses bottes, parle de courage, de transmission, de combat.
Parce que Nadège Beausson-Diagne ne joue pas la comédie quand il s’agit de justice. Elle incarne. Et cette fois, le rôle, c’est celui qu’on s’écrit soi-même.

Filmographie

Dernier film 2024 : Les Femmes au balcon de Noémie Merlant