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Olivier Tesquet & Kak #AuPoste

120 artistes, 70 pays : la satire globale face à la montée de l’IA

On va tous mourir, et 120 dessinateurs de presse nous l’annoncent. Sur un dessin du recueil Intelligence Artificielle: une révolution? (Gallimard/Amnesty International), des collègues deviennent des robots, des écrans vous signifient votre propre licenciement, Adam préfère son iPhone à l’apple d’Eve. Souvent, la mort rôde, les cerveaux se font court-circuit électronique.

Préfacé par le journaliste Olivier Tesquet, bien connu de nos services, et publié en partenariat avec Amnesty International, 120 dessins de presse du monde entier ont été sélectionnés par Cartooning for Peace – 319 dessinatrices et dessinateurs dans plus de 70 pays – afin de saisir les enjeux au coeur du déploiement de l’IA, avec humour et intelligence (humaine) ! Et avec nous, justement, Kak, dessinateur de presse et président de Cartooning for Peace

En faisant défiler une sélection de dessins tirés de l’ouvrage, Olivier Tesquet et Kak expliquent les fondements historiques et les implications sociales, économiques et géopolitiques que soulèvent le développement et l’usage de l’I.A. Ils mettent en avant l’instrumentalisation d’une technologie qui favorise les gains de grand groupes privés et une vision utilitariste et techno-solutionniste, voire des idéologies délétères pour la démocratie en oblitérant les questions relatives à l’éthique, l’écologie et l’amélioration des condition des sociétés humaines, aujourd’hui.

Cartooning for Peace : Un projet pour la liberté d’expression

À l’origine du livre, une association ou plus précisément, un réseau international de dessinateurs de presse, né de l’initiative de Kofi Annan à l’ONU et créée par Plantu en 2006, juste après la publication des fameuses caricatures du Prophète, qui en 2005 ont suscité un tollé international, des émeutes et qui aboutiront à de nombreux morts, victimes d’attentats terroristes.

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Ayant pour volonté de promouvoir la liberté d’expression, l’acceptation des opinions différentes, le dialogue et plus largement les droits de l’homme au sens de la Déclaration universelle. L’objectif des actions menées par Cartooning for Peace est de montrer, promouvoir, expliquer, décrypter le dessin de presse à travers des expositions, des émissions, et l’édition de livres. Mais également, d’accompagner, de protéger, et d’aider au mieux les dessinatrices et dessinateurs qui sont menacés dans l’exercice de leur travail.

L’illusion fantasmée de l’I.A

Entre désirs émancipateurs et intérêts financiers, l’I.A s’est développée au travers d’un imaginaire de science fiction. Produisant de nombreuses réflexions fécondes à l’instar d’Asimov, qui avait déjà écrit, au XXème siècle, énormément de choses sur les robots que l’on voit de nos jours , avec une vision plus équilibrée, dans son Cycle des robots.

En abordant plusieurs planches, Olivier Tesquet et Kak retracent l’histoire des précurseurs de l’I.A pour bien différencier ce qui relève d’une intelligence humaine, de celle issue du traitement analytique de la collecte de données, telle que l’intelligence artificielle générative. Cela afin de contredire la croyance populaire en une éventuelle « supériorité » de l’I.A. Dans ce contexte, ils parlent de prestidigitation de l’I.A, comme ce fut le cas pour les expériences antérieures voulant comparer et mesurer l’homme à la machine en usant de subterfuges, tel le « turc mécanique », ou en plagiant une forme d’interaction humaine avec l’exemple d’une I.A qui répliquait les fonctionnalités d’un psychologue et la mise en garde de son concepteur Rosenbaum, en nous rappelant que l’on est encore loin de la créativité humaine.

Ce qu’il ne faut pas faire, c’est de vouloir doter les machines de fonctionnalités ou de réaliser des tâches qu’elles ne sont pas capables de faire. Les machines ne seront jamais capables de sagesse, d’empathie, de sensibilité.

Olivier Tesquet

Se pose alors la question de la place de l’I.A dans le travail et sa propension à nous libérer de certaines tâches ingrates, mais également de son potentiel à faire disparaître de nombreux corps de métiers. Comme on le sait, la technique a permis de démultiplier la force humaine en remplaçant progressivement les hommes et les animaux par des machines.

Cependant, malgré la volonté d’automatiser des tâches rébarbatives, en dégageant du temps pour faire autre chose de plus enrichissant, on se rend compte que le monde et l’organisation économique de la société n’ont pas tant évolué , et cette question masque aujourd’hui encore, le travail invisible qui est effectué par des personnes dont les revenus dérisoires les maintiennent dans des situations précaires tout en faisant la part belle à l’image attrayante de l’I.A, ou des chat bots.

Or cette image sert à gonfler les parts de marchés des entreprises de la Tech qui sortent du modèle à but non lucratif et ouvertes vers un système fermé visant le profit en s’appuyant sur des recherches coûteuses. Par exemple, c’est ce qui a permis à Méta, d’être l’une des principales capitalisations boursières de la planète, avec un modèle fondé sur la prédation des données personnelles pour en faire de la publicité ciblée.

Ils sont bien plus intéressés par la croissance, le marketing, la capacité de calcul  que par mettre les garde fous nécessaires au déploiement de ce genre de technologie.

Olivier Tesquet

Ce qui pose des questions éthiques concernant le mot à la mode qu’est l’innovation, et d’un moratoire sur l’I.A. : si c’est juste lever des fonds pour faire du capital risque. Où est ce qu’on améliore la société ? Est ce qu’on ne va pas demain au devant  de difficultés qui ne cesseront de grandir et qui, à un moment, auront peut être l’air insurmontables ?

Les effets de son déploiement dans un réseau globalisé

Prenant une tournure davantage techno-critique sans pour autant être technophobe, Olivier Tesquet, précise qu’au début des années 2010, on se réjouissait de Facebook, car cela avait permis des Révolutions et les Printemps arabes. Un diagnostic qui a été révisé depuis. Tout comme le «théorème de l’imagerie médicale», qui faisant appel à un spécialiste, un expert, un zélateur de l’IA, utilise l’argumentaire de la performance pour convaincre de son bien fondé. L’intelligence artificielle, reste toutefois un outil complémentaire à l’élaboration de projet professionnel ou artistique. Et des initiatives émergent pour créer un tag, afin de limiter l’apprentissage des I.A sur des contenus spécifiques.

Je pense qu’on a arrêté de se poser la question entre le souhaitable et le possible, depuis les années 70, sauf sur certains sujets très spécifiques. Castoriadis a  beaucoup écrit  là dessus, sur ce qui est faisable n’est pas nécessairement souhaitable. Ce sont les choix politiques qui sont faits au dessus de notre échelle individuelle, et c’est aussi la responsabilité des gens qui nous gouvernent de ne pas sauter à pieds joints là dedans.

Olivier Tesquet

Néanmoins, il y a un vrai enjeu de société avec l’Internet, notamment à cause de son impact sur la désinformation. Est alors évoquée la guerre d’information, qui s’opère via des puissances étrangères essayant d’interférer dans le champ politique par divers procédés, dans le but d’influer sur l’opinion publique.

Avec un constat amer, cela fonctionne parce qu’on a des opinions publiques qui sont hyper mûres pour sauter à pieds joints dans ce genre de campagne. Ce qui amène à cette espèce d’indifférenciation absolue entre le vrai et le faux, largement facilité par le fonctionnement des réseaux sociaux et le partage d’informations non vérifiées. Enfin, l’utilisation de l’I.A dans le domaine militaire est abordé avec les drones pilotés à distance, pour souligner la logique implacable du calcul dans les frappes ciblées et donc les dommages collatéraux que ces choix cautionnent.

Trois questions clés

Qu’est-ce que Cartooning for Peace ?

Cartooning for Peace est une association qui oeuvre pour la liberté d’expression et la promotion du dessin de presse, avec pour intention de permettre le dialogue tout en aidant et protégeant les dessinatrices et dessinateurs.

Qu’est-ce qu’un dessin de presse ?

Un dessin de presse est une image ou illustration, avec ou sans texte qui permet par l’humour et la dérision de traiter l’actualité.

Qu’est-ce que l’Intelligence Artificielle ?

C’est la conception et la fabrication d’intelligence à partir de programmes informatiques, qui en collectant des données sous forme d’apprentissage, se sert de capacités de calcul, pour résoudre des problèmes.

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