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Guillaume Meurice et la morale du #prépucegate

C’est l’histoire d’une blague lancée sur France Inter, qui rebondit sur Cnews, bifurque par l’Assemblée nationale et se fracasse dans les locaux de la police judiciaire. C’est un carnet de bord («Dans l’oreille du cyclone», Le Seuil) au cœur d’une tourmente nationale, d’une polémique stérile et d’un évier bouché: puisque qu’on ne peut plus/pas rire de tout avec n’importe qui, soyons désinvolte et lucide.

Du cyclone politico-médiatique, Meurice nous révèle certaines petites bassesses de certains collègues, des audaces funambules de la hierarchie Radio France, des gars du Figaro qui, en loucedé, lui apportent leur soutien, comme un mystérieux ministre. C’est un petit livre drôle, sans cesse ; mélancolique, fondamentalement. Joie de recevoir son auteur.

Guillaume Meurice, le chroniqueur de France Inter, l’humoriste, l’écrivain, débarque Au Poste en habitué. Parce que c’est son troisième passage ici, chez David Dufresne. Mais surtout parce qu’il fut récemment convoqué au « 36 », par la Police Judiciaire. Pourquoi ? Pour tenter de définir l’humour ! Et de l’absurdité de cette situation, il en a tiré un livre, « Dans l’oreille du cyclone » (Le Seuil) : journal guilliaumesque d’une mouche-blague écrasée sur le plafond d’un Brazil médiatique dont elle va boucher les tuyaux, et détraquer les rouages, révélant la mécanique d’un système prompt à de futiles paniques intrinsèques.


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Guillaume Meurice

C’est en effet sur CNews que le vent se lève, lorsque son « vieil ami » Pascal Praud s’insurge, plusieurs jours durant, de ce portrait du Premier ministre israélien. Dans sa chronique  sur France Inter du 29 octobre 2023, Guillaume Meurice croquait en effet Benjamin Netanyahu ainsi :  » une sorte de nazi, sans prépuce « .

À se demander pourquoi une simple blague, et pas sa meilleure, selon lui, peut-elle déclencher de telles tempêtes, de signalements, de plaintes, d’appels à la censure … , l’humoriste en conclut que  » l’humour, c’est très efficace pour dézinguer les mythologies », que ce soit celles des religions, ou plus globalement, celles dont tout pouvoir use, pour être cru supérieur, pour être pris au sérieux.

C’est alors que la question qui est au cœur de la polémique est posée dans le chat :

Une mauvaise blague fondée sur un trope antisémite, non ? On met ça complètement de côté ? Parce que bon, la caricature à la Française ( française ?) est quand même fondamentalement sexiste et raciste.

Matrchats dans le chat

D’antisémitisme, Guillaume Meurice n’en voit aucun dans ses propos, et, s’il en était, plutôt que de le proclamer, il attend encore qu’on vienne lui en faire la démonstration. Car, comme tout le reste de cette histoire, comme de la réaction défensive de sa hiérarchie, comme du message de soutien d’un journaliste du Figaro, ainsi que d’un ministre, comme du câlin impromptu de Fabrice Luchini, comme des réactions distantes de Riss (charlie Hebdo), ou de certains collègues de l’émission, comme de la sortie matinale de Gérard Larcher, comme de son audition libre, ou encore des menaces de mort qu’il a reçues … tout cela lui semble à la fois lunaire, et symptomatique de notre époque, folle époque dont il espère porter ainsi un modeste témoignage.

Est-ce que tu referais cette blague, sachant tout le bordel qu’il y a eu après ?

Oui ! Je suis pas responsable du bordel qu’il y a eu après !

Nonolartichaut dans le chat, puis Guillaume Meurice

Deux questions clés

Qui est Guillaume Meurice ?

Guillaume Meurice est humoriste, officiant notamment sur France Inter dans l’émission de Charline Vanhoenacker « Le Grand Dimanche soir », avec ses fameux microtrottoirs. Il est également auteur de plusieurs livres.

Qu’est-ce que le « prepucegate » ?

Ayant traité, au cours d’une chronique, Benyamin Netanyahu de « nazi sans prépuce », Guillaume Meurice a vu déferler une véritable tempête médiatique, des menaces de mort, un rappel à l’ordre par la direction de France Inter, et allant jusqu’à être convoqué par la police judiciaire.

De quoi parle « Dans l’oreille du cyclone » ?

« Dans l’oreille du cyclone » retrace les quelques semaines qui suivent le déclenchement du « prepucegate », sous forme d’un journal de bord, détaillant les réactions médiatiques, de Cnews à France Inter et à sa direction, ainsi que judiciaires, avec deux dépôts de plainte contre l’auteur, et un interrogatoire à la police judiciaire.

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