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Guerre à la guerre: France, complice de crimes de guerre

Dépendance aux exportations d’armes et complicité de crimes de guerre : les dessous de la «souveraineté militaro-industrielle» française

« Le but, c’est de bloquer l’armement. D’arrêter d’être complices. » En ce soir de mai, la parole se libère, urgente, indignée. Dans une ambiance de salle militante où circulent les micros et les papiers de questions, une autre géopolitique se dessine : celle des résistances populaires face à l’industrie de guerre. Autour de la table, plusieurs voix, une même colère : la France alimente les conflits, notamment en Palestine, en armant Israël. Et il est temps d’en finir avec l’hypocrisie.

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Le débat est précédé d’un extrait vidéo d’une enquête  sur le salon Milipol: « Depuis les années 2000, j’enquête sur le système sécuritaire tout en participant aux luttes sociales », confie Mathieu Rigouste . Ce fil rouge entre enquête et engagement déborde rapidement sur le business de la guerre, incarné par Milipol, salon mondial de la sécurité intérieure. Là, entre géants de l’armement comme Thalès et Airbus, c’est tout un écosystème de répression qui s’expose, financé et soutenu par le ministère de l’Intérieur. Une mécanique bien huilée de vitrines sécuritaires où les acheteurs sont aussi des dictateurs, des militaires ou des responsables de la surveillance de masse.

Stop Arming Israel : l’appel des syndicats palestiniens

C’est le collectif Stop Arming Israel qui entre en scène, né d’un appel clair : « Arrêtez d’armer Israël. » Daté du 16 octobre 2023, cet appel des syndicats palestiniens interpelle directement les travailleurs et syndicats français. Et des réponses arrivent. Grèves, blocages, coordination inédite entre syndicats locaux et activistes pro-palestiniens. « On se dit syndicaliste, et on alimente les bombes ? » interroge un militant de la CGT STMicroelectronics, venu d’Isère, la voix pleine de gravité.

Le collectif décrit les chaînes de production d’armement où la France est impliquée à toutes les étapes : fabrication, exportation, légitimation. Le lien est implacable : des usines hexagonales sortent des composants qui finissent dans les bombes larguées sur Gaza.

« Quand on bloque une usine, on se réapproprie une forme de souveraineté populaire »

Boussole Palestine, autre collectif présent, rappelle les mots d’ordre fondamentaux : la libération de la Palestine, le retour des réfugiés, la fin de l’apartheid. Mais ici, la discussion ne reste pas théorique. Elle devient action. Des grèves ont eu lieu. Des salariés ont débrayé. Des syndicalistes se sont affrontés à leur hiérarchie, pour dénoncer ce qu’ils qualifient de complicité dans des crimes de guerre.

CGT STMicroelectronics : « Une grève contre le génocide »

C’est un moment fort de la table ronde. Un syndicaliste de la CGT, venu d’Isère, prend la parole avec calme, mais détermination. Il représente les travailleurs de STMicroelectronics, entreprise stratégique dans le domaine des composants électroniques, liée directement à la fabrication d’équipements à usage militaire.

Il raconte comment, en avril 2024, des salariés ont débrayé pour dénoncer la complicité de leur entreprise avec les crimes de guerre israéliens. Ils ont répondu à l’appel palestinien à cesser toute contribution à l’armement d’Israël. L’action, menée avec Urgence Palestine, portait un mot d’ordre fort : « Contre le génocide, contre l’armement du génocide. » Le syndicaliste souligne l’importance d’unir luttes sociales et anticoloniales, et appelle à politiser les lieux de travail pour refuser que la production française alimente la guerre.

« Le rôle de la France n’est pas neutre. Elle vend, elle négocie, elle conseille, elle entraîne même. » Le ton est sans détour. Il ne s’agit plus seulement de critiquer l’État d’Israël, mais bien de pointer la chaîne de responsabilité, où la France tient un rôle central et déterminant. Militaires, diplomates, industriels : tous cités tous dénoncés.

Une solidarité qui déborde les frontières

L’échange avec le public est nourri. Le tchat s’invite même par l’entremise d’un modérateur : « Faudrait une grève générale de l’armement ! », écrit Hakim. Un vœu radical, qui déclenche des hochements de tête approbateurs dans la salle. Une autre remarque, celle de Siham, est reprise par une intervenante : « On a plus peur de dire qu’on est solidaires de la Palestine. Le tabou est en train de tomber. » Et dans les applaudissements, cette phrase résonne fort.

Le débat n’élude rien. Ni la difficulté d’organiser dans les entreprises, ni les risques encourus, ni même les faiblesses du mouvement social à s’attaquer à son propre rôle dans la guerre. Mais il y a une fierté dans les voix. Celle d’avoir lancé un mouvement qui dépasse les frontières, les silences et les intimidations.

« Le lobby militaro-industriel français fonctionne en vase clos. Le briser, c’est aussi se libérer. »
Stop Arming Israël

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Pourquoi la France est-elle accusée de complicité de guerre par Stop Arming Israel ?

Parce que ses entreprises vendent des armes, équipements ou technologies militaires à Israël, alors même que ces équipements sont utilisés dans des attaques contre des civils palestiniens. Cette exportation continue, malgré les alertes internationales.

Que représente STMicroelectronics en France ?

L entreprise est un géant européen des semi-conducteurs STMicroelectronics (souvent abrégée ST) est une entreprise franco-italienne spécialisée dans la conception, la fabrication et la commercialisation de semi-conducteurs. Créée en 1987 par la fusion de deux entités : la française Thomson Semiconducteurs et l’italienne SGS Microelettronica.Siège social à Genève, mais les centres de décision importants sont en France Crolles, et Rousset et en Italie.

Quel est le rôle de Stop Arming Israel ?

Stop Arming Israel est un collectif qui lutte contre la complicité militaire de la France avec Israël. Né en réponse à l’appel de syndicats palestiniens, il coordonne actions directes, blocages d’usines, et campagnes syndicales pour stopper la production et l’exportation d’armes utilisées contre Gaza. Il agit aux côtés de la CGT, Solidaires et Boussole Palestine, et dénonce le rôle central de l’industrie française dans les crimes de guerre.

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Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par Rolland Grosso et la rédaction.

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