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Ana Pich #AuPoste

Justice expéditive, cellules crasseuses et pressions policières : le vrai visage de la garde à vue

Illustratrice de presse et témoin privilégiée des tribunaux, Ana Pich revient avec « Garde à vue – Le guide pratique » (Florent Massot). Un ouvrage aussi utile qu’explosif, qui démonte les rouages d’une procédure de plus en plus systématique et souvent abusive. Mauvaise foi policière, mépris de classe, conditions indignes, pression sur les prévenus : tout est fait pour arracher des aveux. Loin d’un simple manuel juridique, ce livre illustré est un cri contre l’injustice. Au Poste l’accueille pour un échange musclé sur les coulisses des commissariats, l’emprise du parquet et les stratégies pour se défendre face à une machine judiciaire bien rodée.

« La garde à vue, c’est l’alpha et l’oméga des opérations de police. » Ana Pich ne mâche pas ses mots. Venue présenter « Garde à vue – Le guide pratique », elle démonte avec précision l’usage abusif de cette mesure censée être exceptionnelle, mais qui sert avant tout à punir, à humilier et à faire du chiffre.

Dufresne l’interroge d’entrée sur son angle d’attaque : pourquoi un livre sur la garde à vue ? « Parce que c’est le point névralgique de la justice répressive », répond Ana Pich. Son ouvrage, publié chez Florent Massot, découle de ses observations en comparutions immédiates, des témoignages de prévenus et d’avocats, et de sa propre expérience des cellules crasseuses des commissariats.


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Une justice à deux vitesses

La dessinatrice ne tourne pas autour du pot : « Le mépris de classe est systémique ». Qui se fait contrôler ? Qui passe par la case garde à vue ? Qui dort dans une cellule immonde pendant 48 heures et qui rentre chez lui après une audition libre ? « Tout est affaire de classe, de faciès et d’objectifs politiques ». Dans certaines villes, la répression vise les étrangers ; ailleurs, ce sont les manifestants ou les jeunes des quartiers populaires qui sont en ligne de mire.

Le tchat réagit : « La politique du chiffre, toujours… » soupire Nord-Homme, pendant que Salva Graf demande : « On peut vraiment parler d’indépendance de la justice quand le parquet suit les ordres du gouvernement ? ». Ana confirme : « Les procureurs obéissent aux circulaires du ministère. Ils valident les placements en garde à vue sans sourciller, en fonction des objectifs du moment. » En clair, le parquet n’est pas un rempart contre les abus policiers : c’est leur complice.

Un huis clos taillé pour les aveux

La garde à vue n’est pas qu’une privation de liberté. « C’est un moment où tout est mis en place pour briser les prévenus », explique Ana. Privation de sommeil, absence d’hygiène, isolement, chantage psychologique… Le but ? Arracher des aveux.

« On place quelqu’un en cellule, sans repères, sans accès aux preuves, puis on le presse. On lui fait croire qu’on sait tout, on le prive de ses lunettes, de ses médicaments, on le menace de prolonger la garde à vue… et au bout de 24 ou 48 heures, il finit par lâcher ce qu’on attend. »
Ana Pich

Une avocate interrogée dans son livre raconte : « Je ne compte plus les gens qui m’ont dit : ‘j’ai signé n’importe quoi pour que ça s’arrête’. » Le tchat s’emballe : « C’est ça qu’ils appellent la justice ? » fulmine  Glaudioman, pendant que Karim balance : « Une machine à fabriquer de la culpabilité, voilà ce que c’est. »

Les avocats et médecins ? Pas toujours des alliés

Dans ce huis clos, les avocats sont souvent démunis« Ils n’ont pas accès au dossier, seulement à la notification des faits reprochés », rappelle Ana. Et les médecins ? « C’est quitte ou double. Certains sont bienveillants, d’autres signent tout ce que la police leur met sous le nez. »

Ana donne un exemple glaçant : une mule interpellée avec un demi-kilo de cocaïne dans l’estomac, laissée en cellule avec des laxatifs, sans être hospitalisée. « Elle aurait pu crever là, mais ça n’a posé problème à personne. »

Comment se défendre ?

Son livre est un guide pratique : demander un avocat immédiatement, refuser de donner son code PIN (même si c’est risqué), exiger une visite médicale, ne rien signer sans avoir tout lu.

Dufresne insiste : « Et les relevés ADN ? ». Ana tranche : « On peut refuser, mais ça peut valoir un an de prison et 15 000 euros d’amende. C’est un choix politique. ». Super Titou réagit dans le tchat : « Une justice qui nous force à nous compromettre, c’est pas une justice. »

Une perspective de réforme ?

Face à l’inflation des gardes à vue, peut-on espérer un changement ? Ana rigole : « Le gouvernement veut renforcer encore plus les pouvoirs de la police. Alors une réforme ? Non. Une prise de conscience citoyenne, peut-être. »

« L’essentiel, c’est de ne pas se laisser faire. La justice, ce n’est pas eux. C’est nous. »
Ana Pich

Le tchat salue : « Merci Ana pour ce travail indispensable ! » lance Optimistik 33, pendant que Salva écrit : « Commandé direct ! »

Peut-on sortir de garde à vue grâce à un médecin ?

Très rarement. Il faut être en danger de mort immédiat.

Doit-on toujours refuser de signer un PV ?

Ça ne change pas tout, mais ne pas signer rend plus facile une contestation ultérieure.

La France est-elle en retard sur l’Europe en matière de garde à vue ?

Oui, notamment sur les conditions de détention, souvent jugées inhumaines par la CEDH.

Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par la rédaction.

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