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On avait convoqué le remuant, il y a deux ans. Depuis, la «bête d’affiche», comme le surnomme Les Jours, qui lui consacrent une série, n’arrête pas de faire parler de lui. François Ruffin revient donc Au Poste pour causer de son boulot (un nouveau livre, «Mal travail», aux éditions Les Liens qui libèrent), de son ascension, de ses vues et de ses visées. Mais aussi: de joie, de bonheur, de militance qui danse. Ça va être court (une heure), mais ça va être bien, avec du café, un chat en feu, comme nulle part ailleurs. Ruffin François, nouvelle convocation Mal-travail - Le choix des élites

François Ruffin Au Poste

Il est arrivé avec son nouveau livre, «Mal travail» (Les Liens qui libèrent) et son débit mitraillette. Du travail, donc, et des souffrances qui enrichissent le CAC 40, on a causé. «Le travail devrait être de la brasse coulée, c’est de l’apnée aujourd’hui», dit le député de la Somme. Mais aussi, on a parlé franc: de son ascension, de ses vues et de ses visées. De ses prises de positions, sur le racisme, la police.

De son obsessions pour les «vraies gens», comme il dit, tel un politique cramponné à ses origine, Tintin reporter François devenu Tintin député Ruffin. Mais aussi: de joie, de bonheur, de militance qui danse.

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,

Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.

Ça va le test ?

François Ruffin citant Victor Hugo (Les Contemplations, 1847)

Après avoir fait ce test micro inhabituellement littéraire, puis touillé le sucre de son café avec son stylo pour « soutenir l’industrie de la betterave », François Ruffin est prêt, bien installé sur le divan d’Au Poste, à répondre aux questions du taulier et du tchat.

Quelle est ta Gauche ?

ValeurAnarchiste dans le tchat

L’extrême droite qui rafle la mise, partout. Les libertés fondamentales attaquées de toutes parts. Une gauche de gauche à reconstruire. Plus que jamais une presse réellement indépendante, et pas pareille, est nécessaire.

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Moi, je suis né politiquement sous la gauche plurielle, et, en rupture avec la gauche plurielle. L’effacement de la question ouvrière, laisser faire la mondialisation, privatiser les services publics, enfin sur le plan économique et social, la doxa de la gauche socialiste dans ces années-là, et en fait qui remonte à 83, si j’ai un point où je tiens à me situer, c’est ça. Je dis : je suis en rupture par rapport à ça. Et je veux qu’on ait une gauche qui ferme la parenthèse libérale.

François Ruffin

Une fois cette définition posée, définition libertaire et marxiste de ses valeurs, au populisme revendiqué, une fois l’émotion, de celle qui met en mouvement, remise au centre de son discours, le Député de la Somme, et son interviewer, s’attaquent au sujet de l’émission, et du nouveau livre de Ruffin : le mal-travail, ce choix des élites.

Pour François Ruffin, les 100 000 personnes exclues chaque année de l’emploi pour inaptitude, « le pire du pire », mais aussi les 47 % de gens qui vont bosser avec une forme d’angoisse ou de mal-être (contre 12 % en Allemagne), sont le symptôme français d’un écrasement du travail, écrasement sur lequel s’installe l’extrême droite.

Le ressentiment privé, dans l’entreprise, devient ressentiment public !

François Ruffin

Depuis les troubles physiques et psychiques qu’il engendre, aux cadences sans cesse accélérées qu’il impose, en passant par l’ergonomie faussement bienveillante, mais réellement apnéisante, qu’il met en place, le mal-travail rapporte. Il rapporte beaucoup, à quelques-uns seulement. Et c’est de ce constat que l’auteur veut replacer la question du travail au centre de toutes les préoccupations socio-politiques, pour rassembler la gauche, pour faire face au défi climatique, pour lutter contre le racisme et les discriminations, contre les inégalités.

Pourquoi le travail ? Au fond, je pense que, ce qui fait société, c’est le travail qu’on met en commun. Le travail, qu’il soit salarié, ou qu’il soit bénévole. […] Et je pense que, à partir du moment où on laisse s’effriter le travail, à la fois dans ce qu’il peut porter de matériel, c’est-à-dire que les gens puissent vivre de leur travail, et bien en vivre, mais aussi qu’ils puissent bien le vivre, et là, c’est quasiment une valeur spirituelle du travail, je pense que, quand pendant un demi-siècle, on laisse écraser et humilier ça, en fait, c’est la société qui s’écroule !

François Ruffin

Mais pour finir cette discussion en fanfare, sur une pointe d’optimisme gramscien, on tente d’évoquer la joie militante.

Pensez-vous, comme Fawcett, que le plaisir et la joie sont une force révolutionnaire, et que ça manque à gauche ?

100severina dans le tchat

Aujourd’hui, c’est comme s’il fallait un plombier à la France, ou un plombier au moins à la gauche, c’est-à-dire qu’il y a un problème de débouché, tu vois ! Et donc il faudrait un débouche-chiottes et du Destop ! […] Il y a un malheur à gauche, parce qu’il y a une absence de débouché politique.

François Ruffin

Trois questions clés

Qui est François Ruffin ?

François Ruffin est journaliste (fondateur et rédacteur en chef du journal Fakir depuis 1999), auteur de nombreux essais, réalisateur de films documentaires (Merci Patron !, J’veux du soleil, et Debout les femmes !) et homme politique français, député de la Somme, élu en 2017 et 2022.

Qu’est-ce que le « mal-travail » ?

On parle aussi de mal-être, ou de souffrance au travail. L’INRS définit ce phénomène par l’intermédiaire des risques psychosociaux (RPS), qui correspondent à des situations de travail où sont présents, combinés ou non, le stress et les violences internes et externes à l’entreprise. Les RPS peuvent entraîner des conséquences sur la santé des salariés, notamment en termes de maladies cardio-vasculaires, de troubles musculosquelettiques, de troubles anxio-dépressifs, d’épuisement professionnel (burn-out), voire de suicide.

De quoi parle « Mal Travail, le choix des élites » (Les liens qui libèrent, 2024) ? 

Dans cet ouvrage, François Ruffin dresse un portrait actuel du mal-être au travail, et de son coût pour la santé des salariés, pour la Sécu, pour les entreprises elles-mêmes et la société entière. Il met en parallèle ce constat avec les politiques menées depuis 40 ans. Il en conclut que ce mal-être est un choix délibéré.

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Annie Chemla, après des études de philosophie puis de logique, syndicaliste et féministe, a été membre du MLF et surtout du Mlac (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception).

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