Cette tentative d’union des extrêmes droites autour du thème de la défense des « libertés » contre l’Etat, les régulations, l’impôt et les solidarités collectives a lieu sur fond de rapprochement entre une partie des milieux économiques et l’extrême-droite.
Des dirigeants de grands groupes n’hésitent plus à s’afficher avec le RN ou citent en exemple l’Amérique de Trump ou l’Argentine de Milei. Une majorité d’entre eux semblent prêts à s’accommoder d’une arrivée au pouvoir de l’extrême-droite, ne serait-ce que pour faire pièce aux revendications de justice fiscale ou aux contestations écologistes.
Qui sont ceux qui, parmi les entreprises et les grandes fortunes, soutiennent l’extrême-droite ? Pour quelles raisons et par quels moyens ? Quel est le rôle joué par les réseaux internationaux de la droite libertarienne et nationale-conservatrice ? Et quelles politiques économiques défend concrètement l’extrême-droite quand elle est pouvoir ?.
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- Du GUD à l’A69: Bernard Carayon, ou la droite béton https://multinationales.org/fr/enquetes/faf40/du-gud-a-l-a69-bernard-carayon-ou-la-droite-beton
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- Samuel Lafont https://fr.wikipedia.org/wiki/Samuel_Lafont
- The Heritage Foundation, les missionnaires du trumpisme à l’assaut de l’Europe par Ivanne Trippenbach https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/06/18/the-heritage-foundation-les-missionnaires-du-trumpisme-a-l-assaut-de-l-europe_6614138_4500055.html
- Dalva – Jim Harrison – 1991 https://www.lisez.com/livres/dalva/9782264016126
- Une guerre civile Elizabethtown – Auberi Edler – 2024 https://www.arte.tv/fr/videos/116023-000-A/une-guerre-civile-elizabethtown-usa/
- Americanah – Chimamanda Ngozi Adichie – 2019 https://www.gallimard.fr/catalogue/americanah/9782072867484
Le « sommet des Libertés » organisé au Casino de Paris le 24 juin va faire converger les médias Bolloré (JDD, CNews Europe 1 …), avec le projet Périclès de Pierre-Edouard Stérin et des organisations libertariennes partenaires du réseau Atlas comme Contribuables associés. Cette tentative d’union des extrêmes droites autour du thème de la défense des « libertés » contre l’État, les régulations, l’impôt et les solidarités collectives a lieu sur fond de rapprochement entre une partie des milieux économiques et l’extrême-droite. Des dirigeants de grands groupes n’hésitent plus à s’afficher avec le RN citant en exemple l’Amérique de Trump ou l’Argentine de Milei. Une majorité d’entre eux semble prête à s’accommoder d’une arrivée au pouvoir de l’extrême-droite, ne serait-ce que pour faire pièce aux revendications de justice fiscale ou aux contestations écologistes.
Qui sont ceux qui, parmi les entreprises et les grandes fortunes, soutiennent l’extrême-droite ? Pour quelles raisons et par quels moyens ? Quel est le rôle joué par les réseaux internationaux de la droite libertarienne et nationale-conservatrice ? Pour en parler, Au Poste reçoit l’équipe de choc Barnabé Binctin, Anne-Sophie Simpere et Olivier Petitjean de « FAF 40 » qui s’est donné comme mission d’enquêter sur les liens, de plus en plus étroits entre business et Extrême Droite.
Les objectifs de FAF 40 :
D’abord, démasquer ceux qui, dans le monde économique, soutiennent l’extrême-droite. Il y a ceux qu’on connaît (Stérin, Bolloré), ceux qu’on est en train de découvrir (James Arthur Ratcliffe, Christoph Blocher, Andrej Babiš, ,…) et ceux qu’on ne connaît pas encore. L’objectif sous-jacent ici, alors que ces milliardaires bénéficient d’un certain respect dans le « monde des affaires », est « de montrer qu’on ne peut pas séparer l’économique et le politique » nous dit Olivier. Et oui, il faut le rappeler : ce n’est pas normal de travailler avec ces personnes qui utilisent de l’argent qu’ils font fructifier dans le monde économique pour faire gagner un projet politique d’extrême-droite !
Ensuite, logiquement, maintenir un « cordon sanitaire » autour de l’extrême droite dans les entreprises. L’identifier, la nommer, marteler la réalité du projet politique de l’extrême droite, et s’adresser aux entreprises pour les encourager à résister, parce qu’ « on voit de plus en plus dans le milieu économique beaucoup de personnes (…) qui disent que l’extrême-droite ce n’est pas si mal que ça. « Mais en fait ils ne sont pas vraiment racistes » (…) Donc qui essayent de balayer le côté extrême-droite. Donc (…) l’idée c’était de contrecarrer ce discours de normalisation », affirme O. Petitjean.
Question du tchat (un peu naïve selon les propres mots de l’aupostien qui la pose) : « Existe-t-il des milliardaires de gauche ? ». Il y aurait bien « Matthieu Pigasse » (et encore) nous dit Anne-Sophie, mais « il y en a moins » qu’à droite, tout simplement « parce qu’on devient quand même pas milliardaire par hasard », poursuit le coordinateur de l’Observatoire des multinationales.
Et enfin, dernier objectif, documenter les véritables politiques de l’extrême-droite. D’abord parce qu’elle ment, en se disant « véritable défenseure » du peuple alors qu’elle est celle des grandes entreprises et des grandes fortunes. Mais surtout, parce qu’entre les populistes, les libertariens et les souverainistes, l’extrême droite a, sur les questions économiques, des positions très contradictoires. « C’est un peu une coalition contre-nature. (…) Donc on va contribuer à casser cette coalition, à notre mesure, avec notre travail de journalistes spécialisés sur l’économie », reconnaît Olivier.
Un personnage haut en couleur : Bernard Carayon, du GUD à l’A69
« C’est quelqu’un qui cristallise d’une certaine façon un peu tout ce qu’on vient de raconter, (avec) une volonté claire et assumée de mettre un coup de canif au cordon sanitaire », nous dit Barnabé Binctin. Ancien gudard, membre des LR (anciennement RPR), partisan constant de l’union des droites, aujourd’hui aux côtés d’Éric Ciotti, le maire de Lavaur dans le Tarn est aussi un des plus féroces défenseurs de l’A69 et le père de la directive « secret des affaires ».
« Le mec il a été au GUD, ce qui est intéressant c’est que c’était quelqu’un (dont on) pourrait considérer qu’il s’est servi de la droite dite « républicaine », notamment chiraquienne au moment des années 80, pour s’acheter une forme de respectabilité, mais en fait,lui à ses yeux l’idée de cordon sanitaire (…) ça a toujours été quelque chose d’absurde », renchérit le co-fondateur de Reporterre.
« C’est un des agents les plus importants (…) de l’extrême-droitisation des esprits à laquelle on assiste dans le Tarn, et qui a des effets très concrets » (B. Binctin)
En 2012, via un projet de loi, l’intéressé instigue l’idée du « secret des affaires » visant à « rendre délictuel le fait de délivrer des informations au sujet d’entreprises sans leur accord. On dit que c’est une forme de secret-entreprise, comme il existe un secret-défense pour faire régner l’omerta sur les activités de défense de l’État français », explique Barnabé. Ce qui permet aujourd’hui aux entreprises d’attaquer la presse sur la base de cette directive (et non plus sur le délit de presse) qui est beaucoup plus protectrice pour ces dernières. « C’est clairement un outil pour bâillonner, et ça dit quelque chose (…) du rapport à la liberté de manière générale, la liberté de presse, la liberté d’expression (…) que portent ces gens-là », poursuit-il.
L’internationale fasciste des milliardaires
J. Radcliffe, P.É. Stérin, E. Musk, V. Bolloré, A. Babis, C. Blocher… Tous milliardaires, tous de pays différents, tous clairement identifiés à l’extrême-droite. Peut-on parler d’une internationale fasciste ? « Ils se rencontrent au niveau international, ils se rencontrent dans différents pays. (…) ils s’inspirent les uns des autres », explique Anne-Sophie. « Et puis les réseaux aussi, je pense que c’est aussi un endroit où ils se rencontrent et donc ça les renforce » poursuit-elle. À l’image du réseau international Atlas, qui a pour objectif proclamé de gagner la bataille culturelle, sur le terrain des idées.
Parmi les organisations qui la composent, et qu’on pouvait trouver au Sommet des libertés : Contribuables associés, fondé par B. Zimmern sur le modèle des « tax associations » états-uniennes : se présenter « comme une petite association de pauvres contribuables écrasés d’impôts. Bon, en réalité, dans les fondateurs, on a des chefs d’entreprises, des grandes fortunes », constate cependant l’ancienne chargée de plaidoyer chez Amnesty International. Et puis il y a aussi l’Institut Sapiens, fondé par Olivier Babeau, qui est pour Olivier Petitjean « un des acteurs clés à la frontière entre le monde économique, et le monde politique libertarien » en même temps que « les crétins du numérique, anti-écolos ».
Écofascisme
Comment comprendre ce besoin, presque viscéral, qu’a l’extrême-droite de détruire l’écologie ? D’abord, « l’extrême-droite a décidé d’en faire un cheval de bataille pour conflictualiser le débat politique », selon Barnabé. Et cela s’illustre par l’utilisation du terme « écologie punitive » qui lui permet de se positionner « du côté du peuple, des perdants, donc c’est une manière pour elle assez habile de se donner le beau rôle ».
Mais c’est aussi, et surtout, parce que « tous ces gens-là n’ont pas du tout intérêt à ce que la transition écologique s’installe, parce que les grandes fortunes elles se sont construites autour du pétrole, elles ont prospéré sur la finance et les produits polluants (…). L’écologie ça rebattrait les cartes de ces rapports de domination, or, le principe de l’extrême-droite c’est justement de ne rien toucher au système de domination actuel (…) », ajoute Anne-Sophie.
Affaiblir l’Europe
Le directeur de la Heritage Foundation était invité par Alexandre Pezet à Paris, fin mai. Ce lobby extrêmement puissant aux États-Unis est également responsable du « Project 2025 », programme politique qu’applique actuellement Donald Trump. À leurs côtés, Vincent Bolloré, Steeve Bannon (entre autres). « On observe aussi une volonté, enfin beaucoup de signes de volonté,de justement, ces Américains qui ont fait élire Trump (…), ces milieux, maintenant s’intéressent à ce qui se passe en Europe, leur prochaine cible c’est clairement l’Europe », fait remarquer l’invité Petitjean.
Et sa collègue de l’Observatoire des multinationales de poursuivre : « (…) c’est aussi parce qu’ils ont intérêt à avoir l’Europe la plus faible et la plus désunie possible, vu les stratégies de Trump (…). Et donc ils n’ont pas du tout envie d’avoir un bloc européen uni qui va défendre certaines valeurs, qui va défendre les démocraties. (…) l’arrivée de l’extrême-droite dans des pays européens affaiblit l’Europe de fait. Ils sont anti-européens, ils vont faire tomber toutes les régulations, tout ce qui protège les citoyens, tout ce qui protège les institutions démocratiques ».