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Mathieu Molard StreetPress

Extrême-droite: la presse (enfin) à l’assaut!

Ce n’est plus une menace, c’est là; partout, des petites rues aux chaînes de grande écoute. Ça se croit triomphant, parce que beaucoup ont baissé la garde. L’extrême droite voudrait régner, il est temps de l’arrêter. Depuis des années, le média indépendant StreetPress se situe aux avant-postes du combat. Désormais, Libération met le paquet (4 journalistes sur le sujet), Mediapart a lancé sa newsletter à son tour.

Cette fois, StreetPress lance un objet hors du commun: Riposte Extrême Droite, plateforme participative d’investigation sur l’extrême droite et ses groupuscules radicaux.

Ce matin, l’ami Mathieu Molard, co-red chef de StreetPress, était avec nous. Deux bonnes heures. Parce que c’est la moindre des choses de prendre notre temps sur des entreprises pareilles. Courageuses, méritantes et innovantes. Avec lui, on a cartographié les forces en présence, rappelé les racines du RN, discuté des pressions, décrit la masse de groupuscules en activité (150 selon Molard), avenir de la presse indépendante. Café pour les braves!


L’extrême droite qui rafle la mise, partout. Les libertés fondamentales attaquées de toutes parts. Une gauche de gauche à reconstruire. Plus que jamais une presse réellement indépendante, et pas pareille, est nécessaire.

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Récemment, Streetpress a fait du bruit avec ses Fafleaks, un triptyque autour des néonazis mondains, du GUD, et de la division Martel. Aujourd’hui, le média lance « une plateforme inédite d’investigation », appelant à transmettre des informations sur les groupuscules d’extrême droite. De quoi relancer le débat sur le curseur entre alerte et délation. Le journaliste rassure le chat : « les données brutes collectées ne seront jamais disponibles. Elles sont vérifiées, croisées, filtrées, traitées, et on ne dit pas tout. » De ces témoignages, Streetpress espère pouvoir fédérer, en partageant par exemple « un manuel de riposte collaboratif, issu de la somme des expériences locales. »

On estime qu’il y a 150 groupuscules présents sur le territoire, actifs, pour une grande partie d’entre eux, violents, et tout le monde s’en cogne. Il peut y avoir comme le week-end dernier à Lyon, 50 mecs habillés de noir, masqués, qui se baladent dans les rues avec des armes banches en main, dans une société du tout sécuritaire, où il y a des caméras de surveillance partout, avec des flics à chaque coin de rue. Ce n’est pas possible, c’est qu’on les laisse faire.

Mathieu Molard

Quant au RN, Molard rappelle qu’il compte aujourd’hui 89 députés à l’Assemblée Nationale, et deux sénateurs. Pour Molard, le RN, « union de tous les extrêmes droites les nationalistes révolutionnaires – les nazis -, les monarchistes, les cathos bien énervés, les nostalgiques de l’Algérie français », est devenu un parti identitaire, dont la « mère de toutes les batailles » est « le grand remplacement. »

On n’a même plus besoin d’avoir Le Pen pour faire du Le Pen. On a une loi immigration abjecte, une gestion de la police et du ministère de l’Intérieur extrêmement problématique. C’est cette idée que “La france est raciste, donc pour être élu en France il faut être raciste ».

Mathieu Molard

Perplexe devant le peu d’engouement journalistique pour la question Molard lance un appel à ses confrères et consoeurs. « J‘espère qu’un jour il y aura tellement de journalistes sur le sujet qu’on n’arrivera plus à sortir quelque chose que les autres n’ont pas » lâche-t-il, ajoutant « il y a encore de la place pour d’autres, Le Monde on vous attend ! » À la question « comment lutter contre le RN ? », il répond d’un ton affirmé « il faut casser leur narration en permanence […] et ne jamais reculer sur les valeurs. » Le chat lui demande alors s’il considère « la bataille culturelle perdue pour la gauche », ce à quoi il oppose un « non » tranchant. Pour autant, il déplore que « même la gauche s’agenouille devant le RN, par exemple quand on les entend sur l’immigration. »

Ce qui faisait que les gens ne se tournent pas vers l’extrême droite, c’est une offre politique de gauche qui propose des solutions. Il faut que le travail se fasse là où l’extrême droite est présente et ce n’est pas à Paris, mais à Fréjus, à Hénin-Beaumont, à Perpignan.

Mathieu Molard

Le chat s’emballe, les questions se bousculent. Sur LFI, sur le RN, jusqu’aux intellectuels d’extrême droite. Pour l’invité, « certains, comme De Benoist, Venner, sont importants parce qu’ils ont matricé la pensée de l’extrême droite, tandis que Finkielkraut, Zemmour ou Onfray sont importants parce qu’ils ont accès aux médias, prêchant un catéchisme d’extrême-droite facile à ingurgiter par tout le monde à longueur d’antenne. » Les aupostien.nes veillent au grain. L’un d’eux lance « n’oubliez pas le travail des militants antifa qui vous donnent des tips ! », avant d’être approuvé par Molard, qui remercie la veille d’une communauté « présente parfois là où les journalistes ont déserté le terrain. » Qu’a t’on fait ce matin ? “On a préparé la bataille » répond le journaliste.

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