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Double live! A l’assaut maritime de l’ile de Bolloré et débat: comment contrer son empire médiatique

Incroyable live ce samedi: Au Poste embarqué dans la flottille antifasciste faisant cap sur l’île du Loc’h, en partie propriété de Bolloré et, sur terre, débat de qualité sur son armada médiatique.

L’empire Bolloré c’est notamment un empire médiatique qui ne cesse de s’agrandir : des médias comme Canal+, Europe1 ou le JDD, mais aussi de nombreuses maisons d’éditions via le groupe Hachette. Comment faire face à la centralisation des médias et du monde de l’édition dans la main de milliardaires dont les collusions avec l’extrême droite ne sont même plus cachées ? Comment les maisons d’éditions et les médias indépendants se battent aujourd’hui face aux logiques capitalistes qui minent leur secteur ?

Avec la journaliste Caroline Fontaine, Florent Massot des éditions Massot, Sylvain Ernault du média indépendant breton Splann !, Diego de Contre-Attaque, ainsi que Sarah du média brestois féministe et indépendant Lisbeth.

En direct du Village de Lever les Voiles, à Quimperlé, lors du week-end Lever les voiles

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« Notre seule force, aujourd’hui, c’est le collectif. » 
Caroline Fontaine

C’était une table ronde, en plein air et en pleine colère. Une heure et demie pour penser, nommer et surtout résister à l’empire Bolloré, un des trois débats qui se tiennent à Quimperlé , Une émission d’utilité publique, tenue à voix haute, par celles et ceux qui refusent de se taire face à la mainmise de l’extrême droite sur l’information. Sur scène, des voix libres : journalistes licenciés, éditeurs insoumis, lanceurs de médias indépendants Au Poste n’est pas sur place mais diffuse en direct les débat en public et le  tchat relayé par Victoria Berni-André  journaliste et militante qui présente les médias indépendants présents et les intervenants. 

La discussion s’ouvre sur un constat implacable. « Ce n’est pas juste une concentration médiatique, c’est un projet politique. » Victoria plante le décor. Le monde Bolloré, ce n’est pas seulement Vivendi ou Canal+, c’est une guerre idéologique totale. Une mainmise sur les récits, sur les corps, sur l’imaginaire collectif. L’extrême droite s’y fraye une autoroute médiatique. Et dans son sillage : précarité des journalistes, licenciements ciblés, intimidation, censures invisibles mais réelles.

« C’est par l’humiliation que Bolloré a pris Paris Match », lâche Caroline Fontaine. Vingt ans dans la rédaction, un licenciement violent en 2023, et au centre, son engagement au sein de la Société des journalistes. Pas de syndicat, pas d’immunité. Juste une bande de volontaires, pour défendre une idée : que la presse peut encore être libre. Le récit de son éviction glace. Alertes de la médecine du travail, textes votés à l’unanimité par ses collègues, silence de la hiérarchie. La violence est là, sourde et méthodique. « Le plus dur, c’était de comprendre qu’on était devenus impuissants dans notre propre rédaction. » À ce moment-là, on sent le public se tendre. Ce n’est pas une anecdote, c’est un symptôme.

« Il ne suffit pas de créer un média, il faut créer des chaînes de solidarité. »

Florent Massot prend la parole, tout en tension douce. Éditeur depuis 42 ans, fondateur du média Blast. Il raconte l’autre versant du système : celui des maisons indépendantes qui galèrent à exister. « Bolloré est plus qu’un patron, c’est un croque-mort culturel. Il n’a pas de projet éditorial, il a un projet idéologique. » Il rappelle comment l’indépendance ne se décrète pas, elle se construit  avec des ressources, des lecteurs, et des alliances concrètes. Son cri de ralliement : l’union des luttes. On ne peut pas survivre seuls.

Une idée revient comme un écho : l’extrême droite avance parce qu’elle est organisée. Le fascisme, ici, c’est une coalition : entre capitalisme et patriarcat, entre racisme et homophobie, entre police et agro-industrie. Et la gauche, souvent, reste fragmentée.

Diego, du média Nantais Contre-Attaque, enfonce le clou. Dans sa voix, la colère est brute. « On a arrêté de croire à l’objectivité. Ce qu’on veut, c’est documenter les luttes. Pas les lisser. » Il dit l’importance d’être sur le terrain, de raconter les mobilisations locales sans filtre. Sa force ? L’ancrage. Et le refus de jouer selon les règles d’un journalisme figé. « On filme, on écrit, on partage et on dérange. »

« Ce qui nous relie, c’est qu’on veut tous vivre dignement. » 
Sylvain Ernaud

L’échange s’élargit. Sylvain  cofondateur de Splann, média bilingue en Bretagne, insiste sur la nécessité de relocaliser les récits. « On ne gagnera pas si on parle à Paris. Il faut parler aux gens là où ils vivent. » Son média mêle enquêtes et reportages, en français et en breton. Un geste politique fort. À ses yeux, défendre les langues régionales, c’est aussi résister à l’uniformisation culturelle, cette machine à broyer les nuances.

Le tchat n’est pas en reste. Quand Caroline raconte les unes imposées par Bolloré, un certain Fabien s’énerve : « Ça fait des années qu’on les voit venir, pourquoi tout le monde fait semblant de découvrir maintenant ? » Une colère légitime. Et une fracture révélée : certains médias indépendants semblent encore bien seuls face à la bête.

Mais l’émission refuse le défaitisme. Les prises de parole fusent : sur la création d’archives communes, sur la transmission entre générations militantes, sur la mutualisation des moyens. Il est aussi question d’éducation populaire, de critique des images, de médias qui réinventent le récit.

On sort de cette heure et demie avec un sentiment mêlé de colère, d’inquiétude, aussi. Mais surtout d’énergie. L’Empire Bolloré est une hydre. Mais en face, une constellation s’organise. Et cette constellation parle fort, parle vrai, parle ensemble.

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Pourquoi  Bolloré est il en cause ?

Vincent Bolloré concentre aujourd’hui une part massive des médias et de l’édition en France (Canal+, CNews, Europe 1, Hachette, Le JDD, Prisma, etc.). Cette concentration met en péril la pluralité de l’information diffuse une idéologie d’extrême droite sous couvert de neutralité précarise les journalistes, impose des lignes éditoriales réactionnaires, et licencie celles et ceux qui résistent menace la culture, l’édition indépendante, et plus largement, l’imaginaire collectif.

Qu’est-ce qu’une Société des journalistes (SDJ) ?

C’est une structure bénévole, souvent sous forme associative, constituée de journalistes élus ou volontaires, chargés de veiller à l’indépendance éditoriale au respect de la déontologie et à la transparence des décisions de rédaction.

Quel rôle jouent les médias indépendants ?

Un rôle central de contre-pouvoir et de résistance. Les intervenants ont insisté sur l’importance de documenter les luttes locales (comme le fait Nantes Contre-Attaque) de repenser les récits médiatiques hors des cadres traditionnels, de relocaliser l’information, à l’image de Splann.

Peut-on vraiment faire face à l’empire Bolloré ?

Oui, mais seul, aucun média n’y arrivera. La réponse passe par la création d’alliances entre médias indépendants, des financements mutualisés, des communautés engagées des archives partagées et un soutien  qui dépasse les bulles militantes.

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Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par Rolland Grosso et la rédaction.

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