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Sophie Binet CGT #AuPoste 27 mai 2024

Convoquée Au Poste, Sophie Binet entre en Résistance

C’est un petit livre, immense par sa portée. C’est la réédition du programme du Conseil national de la Résistance, Les jours heureux, invoqué par ceux là mêmes qui le piétinent. C’est une préface signée de la secrétaire générale de la CGT, qui sonne l’alarme:

« Nous sommes à la fin d’un cycle, à un instant crucial qui exige un sursaut. Il nous faut changer de braquet pour empêcher les catastrophes annoncées d’advenir. Et en ces temps de crise, l’histoire peut nous aider. Le programme du Conseil national de la Résistance, publié clandestinement en 1944, constitue une formidable source d’inspiration. »

Sophie Binet est convoquée Au Poste pour parler pacte social, front anti-fascisme, syndicalisme renouvelé, liberté d’expression à défendre, gauche à reconstruire (et même Festival de Cannes, et ce qu’il doit à la CGT). 60 minutes font du bien.

Bien loin des politiques menées depuis une quarantaine d’années de manière intensément libérale depuis Nicolas Sarkozy, le programme Les Jours Heureux du Conseil National de la Résistance de 1944 paraît aujourd’hui presque utopiste. Sophie Binet écrit Il est Minuit moins le quart, rend hommage au CNR et appelle à la la prise de conscience politique.


L’extrême droite qui rafle la mise, partout. Les libertés fondamentales attaquées de toutes parts. Une gauche de gauche à reconstruire. Plus que jamais une presse réellement indépendante, et pas pareille, est nécessaire.

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Les Jours Heureux a fait office de boussole pour une justice sociale, des services publics au service de ses citoyens et une frontière affirmée entre la République et son ennemi de l’époque : l’extrême-droite de Pétain. Pour ses 80 ans, le programme, mis en place dès 1944 à coup d’ordonnances par le gouvernement provisoire, se voit célébré par l’éditeur Grasset qui offre en plus une préface à Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

Sophie Binet revient dans ses pages sur le rôle de la CGT dans ce Conseil National de la Résistance, la mise à l’écart assumée du patronat et une société civile ambitieuse de justice sociale et “d’acquis sociaux”. La première femme secrétaire générale du syndicat fait remarquer la taille minime de ce programme qui se compte en une dizaine de pages. Un contraste marquant quand on voit l’ambition et la révolution que Les Jours Heureux permettent dans un pays occupé, sous un régime de Vichy qui fera connaître au pays ses heures les plus sombres. Son titre prévoit déjà que la France se sorte de cette politique pétainiste et prenne par la main tous ces citoyens pour leur donner une vie meilleure et juste. Un espoir aussi, un “horizon collectif” selon Sophie Binet, sur lequel il faut s’inspirer dans nos luttes et nos exigences de justice.

Le rôle plus qu’important des syndicats peut être oublié. Sophie Binet met en lumière la participation du sien dans ce Conseil. Louis Saillant, représentant de la CGT, résistant était une des pierres angulaires de ce programme, il a travaillé à construire un horizon lumineux et a été le dernier président du CNR.

Un tiers des représentants du CNR étaient des personnes syndiquées et Sophie Binet leur rend hommage, rappelle leur rôle essentiel et la tradition militante et résistante contre les puissances industrielles ou politiques.

Une boussole à mettre à jour

La syndicaliste présente ce programme telle une boussole sociale qui a servi de lutte face au patronat et au régime de Vichy. La résistance moderne incarnée par Sophie Binet est une entrée en lutte face aux politiques menées par les gouvernements successifs depuis les années 2000 : immigration, suppression des acquis sociaux, récupération des symboles (CNR par Emmanuel Macron), un droit du travail découpé et un monde médiatique concentré devenu dangereux pour la démocratie.

Emmanuel Macron s’inscrit dans les pas de J.f Kesler et de N. Sarkozy. Il s’attaque à tous les conquis du CNR avec sa réforme des retraites, les droits des salariés avec ses ordonnances travail et n’a pas levé le petit doigt pour protéger nos médias qui se font racheter par Bolloré qui mène une offensive idéologique.

Sophie Binet

Reconstruire une gauche d’union

La “trahison des gouvernements de gauche” sous François Mitterrand dès 1983 ou sous François Hollande a aussi été un tournant dans la politique menée. Le plus dur est de gagner face au pouvoir de l’argent, sur la durée et d’aller plus loin que la bataille des urnes. La gauche s’est aussi perdue dans son combat selon la secrétaire générale : les questions sociétales et minoritaires ont pris le dessus sur la question du travail ainsi que de l’exploitation des travailleurs. Un terrain miné pour la gauche, offrant un porte d’entrée à l’extrême-droite qui a récupéré ces questions. Le déclassement du travail et les questions sociétales doivent être liés de manière intrinsèque et prises à bras le corps tant par les partis de gauche que par les organisations syndicales.

Nos démocraties tournent à vide. Le néolibéralisme est hégémonique au plan mondial. Le champs du possible politique s’est considérablement limité avec des gouvernements de gauche et droite menant de politiques économiques et sociales de plus en plus proches.

Sophie Binet, Il est minuit moins le quart

L’autre lutte : l’extrême-droite. “Pire ennemis des travailleuses et travailleurs” selon Sophie Binet, le Rassemblement National récupère un électorat prolétaire et appuie leur frustration, leur déception et leur peurs. La priorité est d’aller chercher ces personnes, de leur tendre la main et leur montrer pourquoi l’extrême droite est un ami de toujours du patronat et ne sera jamais un allié des travailleurs. Le rôle du syndicat est essentiel, d’autant plus que, fonctionnant de manière démocratique et sans hiérarchiser les travailleurs, l’extrême-droite voue une haine syndicale et le voit comme son pire ennemi.

Si Les Jours Heureux fut un repère, un marqueur important pour les batailles sociales, pour les gauches de 1945 à aujourd’hui, il est urgent de construire un horizon ambitieux, une politique exigeante faite de justice sociale, de questions sociétales, de répartition des richesses, de féminisme. Si l’enjeu paraît presque démesuré tant le pays s’est détourné de ces questions, la lutte des politiques et le rôle des syndicats est aussi à remettre sur la table et ces deux entités doivent se remettre sur rail et s’allier pour une politique des “jours meilleurs”.

Trois questions clés

Qui est Sophie Binet ?

Elle est la secrétaire générale de la CGT. La première femme depuis la création du syndicat en 1895 qui occupe cette fonction.

Quels sont ses faits d’armes ?

Syndicaliste depuis 2006 et la lutte contre les CPE, elle s’est aussi distinguée en récoltant plus d’un million de signatures pour dénoncer la Loi Travail en 2016. Dès son arrivée à la tête de la CGT, elle donné un coup de boost au mouvement contre les retraites et a prôné la lutte intersyndicale.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

Rendre hommage aux luttes sociales, aux mesures qui ont révolutionné notre société et mettre en avant le rôle des syndicats, des militants et encourager aussi une nouvelle génération à lutter.

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