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Philippe Douroux, Pauline Bock, Laurent Joly, Ellen Salvi, Sébastien Bourdon Nonna Mayer Nicolas Lebourg #AuPoste

Collabos d’hier, fachos d’aujourd’hui

A l’heure où Musk et Bannon répètent les Sieg Heil, que quelques médias euphémisent, il faut plus que jamais revenir sur la façon dont la haine de l’autre pave la voie à la guerre de tous contre tous.

« Je suis né dans cette boue », lâche Philippe Douroux, comme on déterre une vérité trop longtemps enfouie. Cette boue, c’est celle d’un héritage familial imbibé d’antisémitisme, de haine, de fascisme ordinaire. Son père, Freddy, s’engage en 1943 dans la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme. Il combat pour la Wehrmacht jusqu’à Berlin. Et ce n’est pas une légende noire : c’est une histoire documentée, glaciale, que Douroux restitue dans Un père ordinaire (Flammarion), un livre qui serre le cœur.

Autour de la table, le taulier orchestre un plateau d’une belle intensité : l’historien Laurent Joly, politiste du réel, auteur du magistral Le savoir des victimes (Grasset), Nonna Mayer, spécialiste de l’antisémitisme contemporain, et Nicolas Lebourg, co-pilote de l’émission, fin connaisseur de l’extrême droite. Ensemble, ils confrontent l’histoire à son reflet dans le présent. Et ce reflet est sombre très sombre.

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La machine Vichy : une entreprise française de déportation

Laurent Joly est formel. Ce que les archives révèlent, ce que 80 ans de recherche ont consolidé, c’est que « Vichy a collaboré volontairement à la déportation des Juifs ». Et pire : les enfants, séparés de leurs parents, déportés dans des convois distincts, un cas unique en Europe de l’Ouest.

« Il faut se placer du côté des victimes pour comprendre la persécution »
Laurent Joly

Loin des dénis encore colportés dans certains cercles, l’historien démonte méthodiquement les mythes d’un Pétain bouclier des Juifs. À l’appui : des archives de la Gestapo, du Commissariat aux Questions Juives, et du Centre de Documentation Juive Contemporaine, dès 1945, le savoir des victimes devient une arme scientifique.

Le tchat s’embrase : Marine Le Pen, vraiment différente ?

Le public en ligne ne reste pas spectateur. Quand Nonna Mayer évoque l’évolution de Marine Le Pen sur la mémoire de Vichy, le tchat s’enflamme :

« Qu’est-ce qui vous prend de donner du crédit à Marine Le Pen ? », interpelle @SansSeverina.

Dufresne relaye. Le plateau nuance, mais ne recule pas : « Son discours a changé, pas forcément son entourage ».

Philippe Douroux : l’héritage de la haine, disséqué à vif

L’un des moments les plus poignants, c’est quand Philippe Douroux évoque ce qu’il a vu, enfant, à la télévision : des enfants noirs escortés par des militaires sous les crachats.

« Tout ça était justifié chez moi. C’est ça, la boue. »

Pendant six ans, il a enquêté sur le passé de son père. Un passé lourd : Waffen SS, crimes de masse, réseau d’anciens combattants fascistes, liens probables avec la fondation du Front National. « J’ai trouvé un film d’actualités où j’ai cru reconnaître mon père au Vel d’Hiv. J’ai eu envie de pleurer. » Un choc, partagé à l’antenne. Moment suspendu.

L’ultra-droite d’aujourd’hui : terrain conquis, dissous mais renaissant

Avec Sébastien Bourdon, auteur de Drapeau noir, jeunesses blanches (Seuil), l’émission bascule dans le présent : celui d’une ultra-droite dispersée, violente, qui prolifère malgré les dissolutions.

« Génération identitaire a été dissoute, mais des dizaines de groupuscules ont émergé depuis »
Sébastien Bourdon

Il raconte le Bastion Social, les Active Clubs, le KOB, et ce slogan entendu dans une attaque néonazie récente  d’un événement organisé par le mouvement antifasciste Young Struggle.

« Paris est nazi », crié en plein jour, en plein Paris.

Et pourtant : aucune Une, aucun plateau télé, silence assourdissant des chaînes d’info. Pauline Bock, d’Arrêt sur Images, démonte ce traitement médiatique biaisé. Ellen Salvi, de Médiapart, enfonce le clou : « L’extrême droite infuse dans les rédactions comme dans les cabinets ministériels. »

Réhabilitation rampante et confusion organisée

Zemmour, Bousquet, Mitterrand… Les noms défilent, et avec eux, une mécanique : celle de la réhabilitation rampante. « C’est la même mécanique de l’ennemi construit, simplement, l’ennemi a changé », dit Philippe Douroux, lucide.

« Le syndrome de Vichy est structurel en France »
Laurent Joly

Difficile de ne pas trembler en l’entendant. Car ce passé, loin d’être soldé, revient comme un fantôme habillé en costume trois pièces. « Les groupuscules d’hier forment les cadres d’aujourd’hui. », rappelle Ellen Salvi.

Quand l’histoire résonne avec violence

Le tchat salue Pierre et Maxime, journalistes à Libé, pour leur enquête sur l’attaque du 16 février. Un crime politique, occulté. @FranckBoiséDuval rappelle : « À Dunkerque,Djamel Bendjaballah  a été assassiné par un néonazi devant sa fille. Silence dans les médias. » Ce n’est pas seulement une émission sur le passé. C’est un signal d’alarme.

Pourquoi le discours sur Vichy est-il encore aussi clivant ?

Parce que, derrière l’histoire, se cachent des enjeux de mémoire, de pouvoir et d’identité nationale. Reconnaître, c’est aussi accuser.

Comment expliquer la résurgence de l’ultra-droite aujourd’hui ?

La normalisation médiatique et politique, les failles de l’antifascisme institutionnel, et une stratégie de terrain bien plus rodée qu’on ne le croit.

Le savoir des victimes est-il plus crédible que celui des historiens ?

Ce n’est pas une opposition : c’est une fusion. Les premières archives ont été constituées par ceux qui avaient tout perdu. Ce savoir est aussi scientifique.

Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par la rédaction.

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