Cécile Duflot: «J’aime mon pays. Et la France, ce n’est pas l’Extrême-Droite»

Elle a dirigé les Verts, un ministère (de l’Égalité des territoires et du Logement, en 2012), elle fut députée, elle est aujourd’hui directrice de l’ONG Oxfam France. Cécile Duflot connaît mieux que personne les arcanes du monde politique.

En cette période post-dissolution, de grande incertitude politique, elle a choisi Au Poste pour prendre le temps de discuter un peu, avec David Dufresne, mais aussi avec les gens du tchat. Humble de son expérience, elle vient nous livrer ses craintes et ses espoirs, nous enjoindre, dans le pire des cas, à préparer la résistance, nous transmettre, tout de même, sa confiance en la parole politique.

Sur les médias

Citant l’abbé Pierre, à savoir que «la politique, à la fin, c’est à savoir à qui on prend le fric, et à qui on le donne», Cécile Duflot nous fait part de son point de vue sur les grandes orientations à prendre, et ce, quelques heures avant la sortie officielle du programme du Nouveau Front Populaire. 

Comme c’est l’un de ses chevaux de bataille, avec Oxfam France, elle voudrait réduire le pouvoir des milliardaires et de leurs superprofits, qui, par leur mainmise sur les médias, imposent leur agenda personnel, distraient le peuple, faisant de la xénophobie une idéale diversion.

Et là, aujourd’hui, pour moi, il y a une absolue urgence de remettre de la redistribution, en disant qu’il y a des gens super riches qui font du mal à la démocratie. Parce que, je le tiens d’un de ces supers riches qui dit : un milliard, j’arrive à peu près à le dépenser, t’achètes de l’art, etc. À partir du deuxième milliard, t’achètes le pouvoir.

Cécile Duflot

Sur la parole politique

Pour changer cela, Cécile Duflot croit fermement à la puissance du politique, s’il est à l’écoute des gens -«pas que des militants», et s’il intègre et accepte les contre-pouvoirs.

La parole politique, elle est performative, c’est-à-dire qu’elle produit des effets.

Cécile Duflot

Mettant en parallèle l’estime grave des fonctions étatiques, qu’elle tire de son expérience au gouvernement, avec le discours macroniste d’exclusion systématique des « extrêmes » , elle nous dresse le portrait lamentablement irresponsable d’un président anachronique, notamment dans ce moment de bascule. 

«Je mets quelque chose qu’on appelle le sens de l’Etat en haut de la pile. […] Et là, [Macron], il manque vraiment de sens de l’Etat. C’est quand même pas possible, un président de la République ne peut pas se conduire comme ça ! Et donc, il va falloir faire malgré lui, en gros.»

Cécile Duflot

Sur le logement

Pour l’ancienne ministre de l’Égalité des territoires et du Logement, cette question est un levier essentiel de lutte contre les inégalités. Elle sait qu’il existe une marge de manœuvre politique, que le logement social, par exemple, est un investissement qui rapporte. (Une étude de Bercy montrait il y a dix ans que ce secteur rapportait 1,58 euro pour 1 euro investi.). Ce n’est donc pas son coût prétendu qui est un frein à son déploiement. Ce combat pour un juste accès au logement, produit de première nécessité, qui passe également par un dépassement de l’encadrement des prix des loyers, ou encore une réglementation des locations Airbnb, elle le poursuit aujourd’hui avec Oxfam France.  

Je me souviens que mes voisins dans le cinquième étaient américains, ils n’étaient là que pour trois semaines. Le reste du temps, l’appart était vide.

ppxbbeiem dans le tchat

Oui, ça, c’est un vrai sujet. Donc la question, c’est de faire en sorte que les logements retrouvent leur fonction, qui est une fonction d’habitation principale.

Cécile Duflot

Sur l’union du Front Populaire

Ses souvenirs de Valls, de Hollande, de Macron sous Hollande, la police, le trafic de drogue, la constitution, l’abstention, le nucléaire, les lobbies, le séparatisme économique, sont autant de sujets qui enflammeront la discussion entre Cécile Duflot et le tchat d’Au Poste, avant qu’elle ne nous quitte sur un plaidoyer ému pour l’union :

«On est plus nombreux que ceux qui veulent nous pousser à nous fracturer et à nous diviser. Et il faut qu’on arrive à résister ensemble. Et quand je dis ça, ça va au-delà du Front populaire. En fait, il faut réussir à redonner du souffle, de l’élan, de l’envie et faire de la France ce qu’elle est. Parce que c’est un chouette pays avec des chouettes gens, et il y a des connards, et des fois il y a des connards qui sont connards à un moment, et qui ne le sont pas à d’autres. On peut y arriver. Et je crois que dans ces moments de cristal, on a l’obligation, chacune et chacun de sortir de nos habitudes d’avant, de relever la tête et d’essayer de faire ensemble.»

Cécile Duflot

Trois questions clés

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