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BRAV-M: le dossier noir

Depuis quatre ans, l’Observatoire parisien des libertés publiques a suivi les néo-voltigeurs à la trace. En résulte une analyse fine et accablante: derrière son style puisant dans les répertoires de la chasse, du film d’action, du virilisme et de l’intimidation, la BRAV-M constitue le pire du modèle policier à venir.

Au Poste a reçu deux des signataires du rapport en question: Lucas Levy Lajeunesse (Observatoire parisien des libertés publiques) et Nathalie Tehio (bureau national de la LDH).

Avec eux, nous avons eu une discussion animée sur la nature même de la BRAV-M: par la judiciarisation et les représentations des manifestations auxquelles elle contribue, mais aussi par le risque et la peur qu’elle fait peser sur les manifestants, cette unité renverserait-elle la signification des manifestations, réduisant leur effectivité politique ?

Et si, en la créant, l’institution policière ne montrerait pas sa malice à tirer profit des discours qui la visent ? La BRAV-M : réplique provocante aux critiques qui se font jour contre la maison police ?

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Extrait du rapport disponible sur Au Poste:

Créée en 2019, la BRAV-M fait aujourd’hui l’objet d’une vive attention. Ce dispositif a cependant toujours soulevé des inquiétudes, notamment parce que certain∙es y voyaient un retour des « voltigeurs », responsables de la mort de Malik Oussekine en 1986. Comme nous le verrons, la comparaison entre BRAV-M et voltigeurs n’est pas sans fondement, quoiqu’en dise la Préfecture de police de Paris.

Le présent rapport montre que la BRAV-M a développé un style qui puise dans les répertoires de la chasse, du film d’action, du virilisme et de l’intimidation. Ainsi, sa seule présence a un effet particulièrement dissuasif à l’encontre de celles et ceux qui souhaiteraient exercer leur citoyenneté en allant manifester.

Mais la dissuasion n’en reste pas à des questions de style : les observations de terrain et les recherches documentaires montrent que les BRAV-M sont des unités violentes et dangereuses, promptes à faire dégénérer les situations. La violence dont font preuve les agent∙es n’est pas liée qu’à un manque de formation et de spécialisation. Elle repose aussi sur des choix stratégiques de la part des autorités : la BRAV-M a pour objectif de pratiquer des interpellations, et elle été dotée de l’autonomie tactique du dispositif BRAV, qui amène les responsables de terrain à prendre des décisions sans appréciation globale de la situation. Le rapport note aussi que les BRAV-M sont parfois dirigées par des commissaires célèbres pour des actes de violence, qui ont pourtant été médaillés, et continuent d’être envoyés en commandement sur le terrain. Les autorités ne peuvent ignorer quels exemples sont ainsi donnés à toustes les agent∙es.

A l’égard de ces considérations, la BRAV-M apparaît comme une unité de « contre-manifestation », c’est-à-dire une unité purement répressive. Son existence est probablement motivée par des préoccupations politiques, de communication gouvernementale, et d’application de politiques managériales, mais absolument pas par le souci démocratique de garantir aux citoyen∙nes de bonnes conditions de manifestation.

La BRAV-M apparaît donc comme une illustration particulièrement éloquente de ce qui se fait de pire dans la police et les stratégies de maintien de l’ordre françaises. Pourtant, ce dispositif se déploie déjà hors manifestation, notamment en Seine Saint-Denis, et semble servir de modèle pour la création de nouveaux dispositifs.

Dans la conclusion, le rapport propose des hypothèses, pistes de réflexion pour essayer de comprendre pourquoi, dans un contexte où la question des violences policières prenait de plus en plus de place dans la presse et le débat public, l’institution policière, qui aurait pu être tentée de faire profil bas et se montrer exemplaire, a au contraire fait le choix de créer la BRAV-M.

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