Ma détermination est sans faille face à un ordre du monde destructeur qui ne sème que le malheur. Mais elle est d’autant plus grande, lorsqu’il s’agit d’affirmer que nous ne sommes pas condamnés à subir ce funeste ordre des choses, mais qu’au contraire en faisant le choix de l’action, nous pouvons arracher une vie meilleure !
Alors prenez ce petit opuscule comme la manifestation d’une espérance vigilante en la puissance de la mobilisation qui peut être la nôtre pour mettre dans les poubelles de l’histoire un vieux monde pourri jusqu’à l’os, et construire dès maintenant des jours meilleurs! Ce livre ce n’est pas celui d’un intellectuel qui vient vous dire quoi penser et quoi faire, c’est celui d’un jeune qui face aux périls qui guettent l’Humanité tout entière et notamment sa génération, refuse l’inertie et défend que certe une vie meilleure ne vas pas tomber du ciel mais que nous pouvons l’arracher car elle est en réalité à porté de mains.
Alors si tout ça vous dit quelque chose, ouvrez ce livre et faites-le circuler dans vos quartiers, sur les marchés, dans les lycées et les facs, mais surtout donnez-le à tous ceux à qui à force de l’entendre ont fini par croire que la politique ne les regarde pas ! »
«Arrachons une vie meilleure», Ritchy Thibault, Florent Massot éditions. Sortie librairie: le 29 Aout. En précommande dès maintenant. On peut également acheter le livre de Ritchy + le t-shirt dans une offre spéciale pour soutenir en plus de Ritchy, Christophe Dettinger avec le slogan :
LES PLUS FAIBLES ON LES DÉFEND !
L’auteur
Ritchy- Thibault est un jeune activiste, issu d’une famille d’origine Tsigane, il a grandi dans le Sud-Ouest de la France à Pineuilh en Gironde avant de venir s’installer à Paris pour y faire ses études ainsi que pour poursuivre ses nombreux combats et engagements. Il est étudiant en histoire à l’université de Paris Cité et journaliste auprès de médias à la fibre militante, comme Quartier Général et Au Poste avec La Barricade.
PRÉAMBULE: POURQUOI CE LIVRE?
La responsabilité de chacun implique deux actes : vouloir savoir et oser dire.
Abbé Pierre
A.
Le 17 novembre 2018, à l’âge de 14 ans, je me retrouve soudain sur un rond-point, à Pineuilh en Gironde. C’est la naissance du mouvement des Gilets jaunes. Voilà comment est né mon engagement contre l’ordre actuel du monde. J’étais pourtant voué à l’inertie politique comme l’ont été avant moi mes parents et mes grands-parents ; considérés comme des gens dont la politique n’est pas leur affaire. Cette assignation à l’inertie politique vient du fait que je suis tsigane : j’appartiens à ce que l’État français appelle la communauté des gens du voyage, groupe privé jusqu’en 2012 du plein exercice de son droit de vote [1]
Une privation d’un droit fondamental « justifiée » par une loi de 1969 mettant en avant l’absence de domiciliation fixe. Cette assignation, nous sommes nombreux à la subir, souvent de manière plus symbolique, par des discours visant à nous faire croire que se saisir des questions essentielles à l’organisation de notre vie collective serait l’affaire exclusive de quelques-uns. Une affaire réservée à ceux qui sont formés pour régner, les fameux spécialistes, experts et surtout professionnels de la politique sortie des machines à fabriquer du politique (Sciences Po/ENA…)
Alors, sur les ronds-points, nous les gens « a-politiques » au sens où nous ne nous mêlions pas jusqu’alors de cette chose qui nous était totalement étrangère, nous nous sommes mis à débattre, à discuter, à changer, à rêver et à esquisser un autre monde. C’est ainsi que, comme beaucoup d’autres, je me suis émancipé de cette condition apolitique. Et au fond, ce n’est pas plus mal, car aujourd’hui je suis fier d’avoir connu les débats sur les ronds-points, qui étaient bien loin du piètre niveau de ceux de l’Assemblée nationale.
Depuis cette période, je parcours les ronds-points, les AG en tout genre, les manifs, les débats, les conférences… Moi qui n’avais pas lu plus de deux livres à l’âge de 14 ans, je me suis mis à lire les écrits d’Élisée Reclus, de Simone Weil ou encore de Paul Lafargue. Puis, au cours de l’été 2022, après avoir passé mon baccalauréat, j’ai parcouru plus de 5 000 kilomètres en stop, sur le chemin de celles et ceux qui luttent.
Du Lot-et-Garonne jusqu’en Picardie en passant par le Maine-et-Loire ainsi que par des dizaines d’autres départements, j’ai enchaîné les discussions souvent improvisées, lorsque de bonnes âmes acceptaient de me prendre en stop pour des trajets allant de quelques minutes à parfois quelques heures. Une aventure collective qui aurait été impossible sans le soutien si précieux ne serait-ce que de celles et ceux qui ont bien voulu remplir ma gourde lors de longues journées de marche, quelquefois sous plus de 40 degrés.
De longues heures d’entretien avec ceux qui m’ont offert le gîte et le couvert, que j’ai pu questionner sur la manière dont, à partir de leur vécu, ils analysent le présent et envisagent le futur. Des découvertes de lieux et d’initiatives extraordinairement inspirantes, allant d’un « territoire autonome » dans la forêt à un tiers-lieu en plein centre urbain, ou encore d’une ferme en permaculture à une coopérative vinicole de vingt hectares, en passant par un refuge pour exilés à la frontière franco-italienne, ainsi que des dizaines d’associations écologistes, de solidarité collective (maraude) ainsi que d’éducation populaire…
Tout cela dans l’objectif d’une part, d’exprimer ma rage contre l’ordre actuel des choses – autrement dit contre ce monde pourri –, mais aussi, et avant tout, pour me nourrir des écrits, des expériences et des initiatives extrêmement divers qui montrent qu’un monde meilleur est possible.
Ce livre, je l’écris pour dire à la minorité opulente que nous allons la défaire et que, non, nous n’allons pas accepter la morne condition à laquelle elle veut nous soumettre. Car non, M. Maillard, nous n’allons pas renoncer à « la notion de progrès social [2]
Je l’écris également avec un message : ne nous résignons pas, organisons-nous, nous avons le pouvoir de tout changer, de changer le cours de nos vies, de tendre vers des jours meilleurs, des jours heureux !
B.
Les mots qui suivent sont écrits sans prétention, ils ne sont pas ceux d’un expert et je ne prêche pas ici la vérité absolue. J’écris simplement avec la volonté de partager des expériences et notamment les réflexions que j’en ai tirées, en espérant me nourrir des retours critiques qu’elles susciteront.
Ce qui est néanmoins certain, c’est que j’écris avec la force que me procurent mes convictions. Ces convictions, je les tire de la volonté de prendre la plume pour dire haut et fort : « nous » aussi, nous avons le droit à la parole.
Nous, étrangers de l’intérieur, jeunes, exilés, pauvres, marginalisés en tout genre, avons une parole qui vaut tout autant que celle des cols blancs. Alors, ayons confiance en nous et prenons-la, utilisons-la pour exprimer ce qui nous anime, en un mot, un profond désir de justice.
Ce livre, je l’écris donc pour ma grand-mère, la Biche, comme on la surnommait, elle qui comme beaucoup n’est pas née privilégiée, mais qui pour autant s’est battue toute sa vie pour les siens, qu’elle chérissait tant ; j’en sais quelque chose. Je l’écris également en hommage à Raymond Gurême, dont je parlerai plus loin, et qui a ceci d’important pour moi qu’il m’a montré à travers son existence que nous ne sommes absolument pas condamnés à subir.
Enfin, je l’écris pour l’honneur de tous les déshérités, les marginalisés, les laissés-pour-compte, les discriminés, les subalternes de tout poil qui pourraient baisser la tête et courber l’échine, mais font le choix de résister et de se battre pour un avenir meilleur, pour eux et leurs enfants.
INTRODUCTION II. L’ACTION RÉVOLUTIONNAIRE S’IMPOSE !
Dans la première partie de cet ouvrage, je vous ai fait part de mes principales sources d’indignation au sujet de la marche actuelle du monde, et cette indignation, nous sommes très nombreux et nombreuses à la partager. En effet, la misère, la pauvreté, la galère, dans lesquelles se trouvent des millions de Français ont conduit à un immense sursaut populaire à partir de novembre 2018 avec le mouvement des Gilets jaunes. Les ronds-points occupés ont été de véritables agoras sur lesquelles nombre de personnes se sont émancipées politiquement et ont exprimé leur colère profonde.
Les injustices grandissantes ne sont plus supportables pour eux et les gens ne souhaitent plus demeurer silencieux ! Les grands pôles urbains ont été pris d’assaut et assiégés par les laissés-pour-compte de la mondialisation, par les « gueux » du xxie siècle, pour reprendre les termes extrêmement méprisants de la classe dirigeante.
La catastrophe écologique, due aux politiques écocidaires menées par les tenants de ce monde, a également suscité une immense mobilisation, notamment dans ma génération. En effet, durant l’année scolaire 2017-2018, nous avons été des centaines de milliers de jeunes collégiens et lycéens à faire « grève pour le climat », c’est-à-dire à sécher les cours pour descendre dans la rue, manifester et dire haut et fort aux politiciens qui nous gouvernent, que nous ne les laisserons pas saccager notre planète et nous priver d’avenir.
Dans la même lignée, nous avons été très nombreux en 2019 puis en 2023 pour lutter contre les deux projets de réformes des retraites du président-monarque Macron. Nous avons été des millions à descendre dans les rues pour nous opposer aux saccages de nos acquis sociaux, conquis de haute lutte, souvent au prix du sang ! Nous étions très nombreux également durant l’été 2020 à nous soulever contre le meurtre raciste de George Floyd outre-Atlantique, qui faisait écho aux violences policières françaises notamment dans les quartiers populaires ; puis de même, à la suite de l’exécution de Nahel à Nanterre le 27 mai 2023, nous avons été des milliers d’émeutiers et de révoltés épris de justice.
Sans oublier les multiples Soulèvements de la Terre, notamment celui du 25 mars 2023 à Sainte-Soline contre les mortifères projets agro-industriels qui conduisent à l’accaparement de l’eau et des terres. Plus récemment, nous avons connu une mobilisation massive du monde paysan et agricole qui s’est révolté avec force à travers tout le pays et même plus globalement à l’échelle européenne à cause d’un modèle agricole productiviste qui fait souffrir les agriculteurs et qui nous conduit tous à notre perte !
Ce rappel me paraît fondamental afin de montrer que le calme apparent qui semble régner dans le pays parvient à peine à cacher cette effervescence, ne serait-ce que de manière momentanée.
Nous avons connu des insurrections époustouflantes à l’époque du mouvement des Gilets jaunes, qui ont apeuré les dominants, juste en dessous de leurs fenêtres du 8e arrondissement parisien. Ce même mouvement a mis notre nation en ébullition politique. Le peuple, que les dominants avaient condamné à l’inertie et à l’ignorance, s’est réveillé de ce sommeil contraint au profit d’une hyperactivité citoyenne. En effet, à la suite de la naissance du mouvement des Gilets jaunes, des gens qui ne se souciaient pas de la question politique et qui ne pensaient pas avoir à s’en soucier se sont mis, par exemple, à apprendre par coeur certains articles de la Constitution en vigueur pour mieux critiquer la dimension autocratique de notre régime politique, ou encore à se plonger dans l’histoire des révolutions afin d’en tirer des leçons pour les actions à venir.
Alors, certes « les masses » sont encore majoritairement ensommeillées et inertes, car les forces médiatiques, économiques… y veillent. Mais des choses se sont passées ces dernières années, et il me semble qu’un réveil progressif est en cours.
Le mouvement des Gilets jaunes a par exemple permis le retour au grand jour d’une conscience de classe au sein des classes populaires, la conscience que notre société est fractionnée entre ceux qui ont tout mais ne font rien, grâce au travail de ceux qui n’ont rien, mais font tout. La sanglante répression de ce mouvement a eu pour conséquence, chez beaucoup de participants à ce dernier, la conscientisation de la réalité des violences policières qui se cantonnaient jusqu’alors essentiellement dans les quartiers populaires et étaient largement invisibilisées.
Cette prise de conscience a par exemple permis l’émergence de mobilisations communes de camarades Gilets jaunes et de camarades militants dans les quartiers populaires contre les violences policières. Si ces mobilisations furent marginales, elles n’en furent pas moins fondamentales, car elles entamèrent le début de la fin d’une scission alimentée par les dominants entre les banlieusards d’un côté et les provinciaux de l’autre.
La prise de conscience de l’impérative nécessité de défendre une écologie radicale a quant à elle permis la diffusion d’une vive critique des notions de greenwashing et de développement durable, au profit d’une pensée écologique remettant en question les logiques productivistes et consuméristes, notamment à travers le concept fondamental de Capitalocène.
Ce concept introduit par le chercheur et militant suédois Andreas Malm permet de désigner le responsable du processus en cours de destruction du vivant. En effet, il démontre que, contrairement à ce que laisse entendre la notion d’Anthropocène, les êtres humains ne sont pas en tant que tels responsables de ce processus de destruction, mais que c’est bien l’organisation capitaliste des sociétés humaines qui en porte la responsabilité.
Ces acquis en matière de conscience politique sont souvent négligés. Or ils sont à mes yeux fondamentaux, car symptomatiques de la période que nous traversons, sinon révolutionnaire, du moins prérévolutionnaire devenue visible en novembre 2018 avec le mouvement des Gilets jaunes. Même si les racines de cette période peuvent remonter à bien plus loin, l’une d’entre elles se situe notamment en 2005 avec d’une part le viol flagrant de la volonté populaire au sujet de la Constitution européenne (rejeté d’abord par voie référendaire, puis ratifié malgré tout par le pouvoir), et d’autre part avec une série de révoltes dans les quartiers populaires après la mort de Zyed et Bouna à la suite d’une intervention policière.
Cela étant posé, beaucoup peuvent me dire, et à juste titre : « Ritchy, tout ça c’est bien joli, mais dans les faits il ne se passe rien, on s’en prend plein la gueule, les catastrophes s’enchaînent et nous n’avons aucune réaction digne de ce nom, alors que les dominants eux, assoient et renforcent leur pouvoir en densifiant leurs multiples dispositifs coercitifs. »
Cela est très juste, et c’est la raison pour laquelle je m’interroge souvent sur les différentes possibilités de gagner en impact et en efficience dans nos combats. Bien sûr, je n’ai pas de réponse toute faite, mais des pistes de réflexion émergent de toutes parts, pistes auxquelles j’aimerais faire écho ici.
[1] https://www.lagazettedescommunes.com/149738/quelles-sont-dorenavant-les-conditions-de-droitdevote-pour-les-gens-du-voyage/
[2]. Semaine de 32 heures : « Il faut arrêter cette notion du progrès social qui serait toujours de travailler moins. Il nous faut travailler plus », déclare Sylvain Maillard, député Renaissance sur FranceInfo 20/05/2023 ». Non, M. Béchu, nous n’allons pas nous adapter à la catastrophe écologique [3] [3] Déclaration à la presse le 19 janvier : « Cette année 2024 sera l’année de l’adaptation. » que vous ne cessez de nourrir avec vos politiques écocidaires.