Au détour d’un couloir, nous croisons Monique Pinçon-Charlot, énergique comme à son habitude, ou Voltuan (l’homme-pancarte) poète, comme à la sienne. Au rez-de-jardin, une librairie, en face de la cantine bio et locale, abritée sous un chapiteau. Daniel Ibanez, cofondateur et organisateur des Rencontres, lance au tchat, souriant « Il faut absolument venir rencontrer ces gens ordinaires, et vous en sortirez encore plus extraordinaires. »
Que faut-il faire pour instruire les alertes ? Pour que la presse s’y intéresse ? On leur demande d’être forts en événementiel, en discours, en connaissance des dossiers : il faut que ce soient des sur-hommes, des sur-femmes, alors que ce sont des citoyens ordinaires, qui n’ont fait que considérer qu’un poison nuit à autrui, que les bassines ne préservent pas l’environnement, ou que l’évasion fiscale est contraire à la répartition d’impôts.
Daniel Ibanez
Au fil des étages, l’amphithéâtre, l’auditorium et la salle panoramique voient se succéder projections et débats. Le premier auquel Au Poste assiste concerne la police, avec Agnès Naudin, ex-capitaine de Police, Fanta Kebe, ex-policière et Laurent Bigot, ex-sous préfet. Lorsque le débat prend fin, nous découvrons les stands des six associations invitées. Parmi elles, le Conseil de Résistance d’Hier et d’Aujourd’hui (CRHA).
Le CRHA ce sont des conférences, des films engagés, des expositions, un théâtre, des débats sur le thème de la résistance. Rendez-vous le 10, 11, 12 mai 2024, sur le plateau des Glières. Il y a à boire, à manger, à sourire, et beaucoup d’amour.
Un membre du CRHA
Une banderole affiche un visage familier : celui de Julian Assange, dont le comité de soutien s’est mobilisé. Plus loin, sur la table de la LDH, des tonnes de documentation, et le jeu “On lâche rien”, présenté en son temps par ses auteurs, qui nous fait de l’œil. Présents aussi, l’UFAS-CGT, l’association Vivre et agir en Maurienne, qui lutte contre le projet ferroviaire Lyon-Turin, destructeur pour l’environnement, ou le stand d’SOS Méditerranée, revêtu d’une carte indiquant les derniers sauvetages effectués. « 67 personnes aujourd’hui même » nous indiquent les bénévoles.
Nous faisons le travail que ces instances devraient faire. Nous pallions à leur inaction totalement criminelle, tandis que nous subissons une répression législative, mais qui a lieu aussi sur les bateaux, puisqu’on a eu jusqu’à des gardes côtes libyens qui ont tiré sur un bateau.
Marie, bénévole pour SOS Méditerranée
En redescendant, nous croisons des étudiantes de l’école de journalisme de Grenoble, venues présenter leur magazine « Qui vive”, comme tous les ans, puis d’autres spectatrices, venues pour la première fois, entre amies. La première nous confie « J’ai passé une journée vraiment extraordinaire. J’ai approfondi des choses qu’on pense connaître, mais qu’on survole en réalité. » Comme elle, son amie est assez émue.
On voudrait pouvoir se dédoubler pour assister à tous les débats ! Et acheter tous les livres ! C’est tellement important et courageux de la part des journalistes de nous informer, parce qu’on le sait, on le sent, on le voit, on veut vraiment faire taire les gens. Ce contre pouvoir-là doit vraiment être plus puissant. Je reviens demain !
Une spectatrice
Alors que la projection du film de Pierre Jolivet “Les Algues Vertes” s’achève, nous croisons la journaliste Morgan Large. Elle voudrait préparer son intervention pour le débat qui le suit. C’est avec bonheur qu’on lui propose de s’installer à la table Au Poste.
Les algues vertes, c’est un fléau complètement lié au choix du modèle productiviste agricole breton, et une pollution extrêmement visible, très préjudiciable à la santé. Ce film met en lumière un sujet tabou, pour lequel il y a eu je pense un mensonge d’État. Morgan Large
Morgan Large
Si le public est enthousiaste, il est peu nombreux. Si la presse mentionnera l’évènement dans les jours à venir, elle est absente des lieux. Le prix de l’indépendance, nous explique Catherine, co-fondatrice des Rencontres « c’est toujours difficile d’être visible quand on n’est pas un évènement institutionnel. Mais on ne peut défendre une telle cause sans être indépendants. »