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« Où sont les « gens du voyage » ? » avec William Acker

William Acker est juriste et issu des communautés dites des « gens du voyage ». Depuis 2019, il mène et participe à plusieurs projets de recherche en lien avec les politiques publiques d’accueil des gens du voyage. Il était #AuPoste, lundi 19 avril, pendant deux bonnes heures, pour son premier livre, une somme : « Où sont les « gens du voyage » ? » (Editions du Commun). Plongée affolante dans ce qu’il nomme le « racisme environnemental ». Avec la participation de Philippe Rivière, cartographe.

« Gens du voyage » est une formule créée par le Droit français pour désigner de manière générique les communautés vivant en habitation mobile dite « traditionnelle », c’est-à-dire dont ce mode de vie est hérité des générations précédentes. Derrière cette catégorisation floue, arbitraire et globalisante, se trouvent diverses communautés ethniques qui sont appréhendées comme telles : c’est une catégorisation raciale qui ne dit pas son nom.

Avertissement: cette émission a connu quelques avanies techniques. Toutes nos excuses aux intéressés.

La crainte de recevoir les Voyageurs dans sa ville pousse à les chasser. La crainte d’être chassé pousse à lutter. Ces sentiments antagonistes obligent à instituer un rapport de force en toute situation, et en l’absence de confrontation, ils contraignent au qui-vive permanent. Le voyageur se prépare sans cesse au conflit, il sait qu’il viendra.

William Acker

William Acker décrit à travers la notion symbolique de « parking » la prise de conscience des lieux dans lesquels les communautés qui vivent en caravane trouvent refuge. Le peu de communes qui respectent leurs obligations d’installer une aire le font souvent dans les endroits les plus éloignés et inaccessibles possibles. Arrières d’usines, déchetteries, centres commerciaux, sites Seveso, cimetières et funérariums, lignes électriques, aéroports, immenses dalles bétonnées et goudronnées invivables en été, bords d’autoroutes et autres endroits inhospitaliers au possible dans lesquels sont pourtant poussés les « gens du voyage » par la force de la loi, le cynisme des pouvoirs politiques et la désinformation du grand public alimentée par un traitement médiatique scandaleux.

Son ouvrage salutaire met en mots et en données la réalité de ces habitats humains que l’on ne saurait voir, accompagné d’un travail de cartographie exemplaire mené par Philippe Rivière.

4eme de couverture

Ce n’est pas un hasard si les plus proches riverains de l’usine Lubrizol, partie en fumée toxique fin septembre 2019 à Rouen, étaient les habitant·es de l’aire d’accueil des « gens du voyage » de Petit-Quevilly. Partout en France, les lieux « d’accueil » attribués aux personnes relevant de cette dénomination administrative se trouvent à l’extérieur des villes, loin de tout service, ou dans des zones industrielles à proximité de diverses sources de nuisances. Constatant l’absence de chiffres opposables aux pouvoirs publics sur l’isolement de ces zones et leur rôle dans les inégalités environnementales, William Acker a décidé de les recenser, département par département.


La première partie de cet ouvrage analyse le contexte historique, sociologique et politique de ces communautés et du rapport que l’État entretient avec elles. La seconde partie est l’inventaire exhaustif et cartographié des aires d’accueil. Cet inventaire s’appuie sur des critères précis et factuels comme la distance et la durée de trajet de la mairie à l’aire, la proximité immédiate de zones habitables ou de zones à risque sanitaire ou écologique (centrale nucléaire, déchèterie, usine, station d’épuration, etc.).
C’est un travail inédit qui permet de mettre en lumière, d’une part, l’antitsiganisme diffus dans toutes les strates de notre société et, d’autre part, l’encampement moderne de toute une partie de la population invisibilisée de l’espace et du débat publics. Les « gens du voyage » sont en première ligne d’un des grands enjeux de lutte du XXIe siècle : le racisme environnemental.
Pour préparer l’émission

L’inventaire et le travail de William Acker sont également disponibles intégralement et mis à jour grâce au travail de Philippe Rivière sur le site visioncarto.net.

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